- Advertisement -spot_img
AccueilA La UneDissolution de Universal Music Africa Cameroun/ Houajié Nkouonkam : «On se sert de...

Dissolution de Universal Music Africa Cameroun/ Houajié Nkouonkam : «On se sert de notre industrie musicale pour blanchir de l’argent»

- Advertisement -spot_img

Conseiller en ingénierie culturelle à Pyramidion Corporation et Administrateur-Délégué Général de l’association camerounaise The Music Club, Houajié Nkouonkam fait une analyse froide de l’acte de dissolution de Universal Music Africa Cameroun, par Universal Music France.

Dissolution de Universal Music Africa Cameroun/ Houajié Nkouonkam : «On se sert de notre industrie musicale pour blanchir de l'argent»
Houajié Nkouonkam

LVDK : Quelle analyse faîtes-vous de la dissolution de Universal Music Africa Cameroun ?

On a eu enfin la preuve que les intérêts d’Universal Music Group (UMG) en Afrique subsaharienne francophone sont totalement contrôlés par sa filiale française Universal Music France (UMF). Il y a plusieurs curiosités dans ce qui est dit dans l’annonce légale. D’un, le timing de cette annonce, parce que tout le monde sait que le personnel de Universal Music Africa Cameroun (UMAC) a été démobilisé depuis plus d’un an. De deux, le fait que la société anonyme UMAC ne soit pas une filiale de Universal Music Africa, basée à Abidjan, mais une société sœur de droit camerounais, créée comme UMA par Universal Music France. En clair, Patrick Ebongue (UMAC) ne prenait pas ses ordres d’Abidjan, mais de Paris, exactement comme Franck Kacou (UMA). Et pourtant, visiblement, ce sont les opérations sur le territoire camerounais générées par les contrats signés par UMA qui étaient gérées par UMAC.

𝐃𝐢𝐬𝐬𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐔𝐧𝐢𝐯𝐞𝐫𝐬𝐚𝐥 𝐌𝐮𝐬𝐢𝐜 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐜𝐚 𝐂𝐚𝐦𝐞𝐫𝐨𝐮𝐧/ 𝐇𝐨𝐮𝐚𝐣𝐢é 𝐍𝐤𝐨𝐮𝐨𝐧𝐤𝐚𝐦 : «𝐎𝐧 𝐬𝐞 𝐬𝐞𝐫𝐭 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐢𝐧𝐝𝐮𝐬𝐭𝐫𝐢𝐞 𝐦𝐮𝐬𝐢𝐜𝐚𝐥𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐛𝐥𝐚𝐧𝐜𝐡𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐥'𝐚𝐫𝐠𝐞𝐧𝐭»
Annonce légale dissolution UMAC.

LVDK : Cette procédure de dissolution unilatérale est-elle normale et légale ?

 

La légalité de la procédure en elle-même est anecdotique. C’est la légalité de la société qui pose problème. Elle communique dans l’annonce sur son capital social, un impressionnant quart de milliard de francs CFA (soit 250millions Fcfa). Mais elle ne communique pas sur son régime juridique, société anonyme unipersonnelle avec administrateur général. Comment se fait-il qu’une entreprise étrangère puisse être propriétaire à 100% d’une entreprise camerounaise ? Il est même précisé que UMF était l’actionnaire unique de UMAC ! C’est totalement illégal ! Or ce n’est pas permis au Cameroun de créer ce type d’entreprise commerciale avec des capitaux étrangers sans aucun partenaire national stratégique qui d’ailleurs est en général le président du conseil d’administration. On voit bien qu’il y a des relations incestueuses entre les milieux économiques et politiques de l’ancien pré-carré de la France en Afrique subsaharienne.

Lire aussi :Charlotte Dipanda : tel que je suis… 

LVDK : Depuis cette annonce, les internautes camerounais s’interrogent sur l’avenir de leurs artistes qui avaient signé chez UAC, Ben Decca, Charlotte Dipanda, Locko, Ténor…

Il ne faut pas dire « UAC » mais « UMAC ». Investir au Cameroun, qui est le premier journal à avoir relayé l’information, a tronqué les faits en les rapportant mal.

Aucun de ces artistes n’est une signature de UMAC. Ben Decca est un artiste interprète en autoproduction depuis quelques années. Il avait un contrat d’édition phonographique avec Universal Music Africa, la filiale ivoirienne de Universal Music France. C’est-à-dire qu’il a produit son album « Dévotion » et il leur a confié une licence d’exploitation commerciale de cet album. En clair, c’est UMA qui a sorti cet album en décembre dernier, pratiquement dans la confidentialité d’ailleurs. Puisque c’était juste pour lui faire plaisir. Car Ben Decca est aussi un auteur d’œuvres musicales (parolier et/ou compositeur) et il détient les droits d’auteur de l’écrasante majorité de ses œuvres musicales. UMA a pu obtenir via son département en charge des éditions musicales, le catalogue des œuvres de Ben Decca. C’était ça, le vrai intérêt de ce rapprochement entre UMA et Ben Decca qui n’a donc avec eux que des relations de producteur à éditeur phonographique et d’auteur à éditeur musical. L’artiste interprète, dans le domaine de la musique enregistrée, n’est pas du tout signé ni chez UMAC ni même chez UMA. Par contre, dans le domaine de la musique vivante, il y a eu un contrat entre eux via le département des spectacles vivants pour le faire tourner en Afrique. Ce qui n’est jamais arrivé. Il s’est donc désengagé de ce contrat vu qu’ils n’ont pas respecté leurs engagements.

Lire aussi :Olivier Tshimanga : «Trace est en train de déformer la musique africaine» 

Tenor c’est le premier artiste interprète signé chez UMA. UMAC n’existait même pas encore puisque la filiale camerounaise de UMF est née pratiquement 3 ans après sa sœur aînée ivoirienne UMA. Récemment, et après quelques remous, Tenor a obtenu une évolution dans sa situation contractuelle avec l’entreprise ivoirienne puisque c’est désormais sa société de production phonographique Ebanflang En Pire (EEP) qui a un label deal avec UMA. Un contrat de licence pour l’édition phonographique et la distribution de ses productions. C’est donc en tant que producteur qu’il est lié à UMA. Rien à voir avec UMAC.

Locko, qui avait un label deal avec UMA via sa société Yema Prod, n’est plus lié à cette entreprise ivoirienne depuis quelques mois. Il devait aussi avoir un contrat de gestion de sa carrière avec eux via leur département spécialisé puisque ses contrats publicitaires étaient directement gérés par eux.

Lire aussi :Alain Oyono : «Je rêve de jouer dans mon pays, je n’attends que l’invitation» 

Le cas de Charlotte Dipanda est assez complexe. Après son départ de PharEmpire, elle a créé sa propre société de production phonographique, Misima. Plus tard cette dernière a obtenu que la société, Empire Company de Pit Baccardi, l’édite et la distribue. Sauf qu’entre-temps, ce dernier a été nommé directeur de la production phonographique et de l’édition musicale chez UMA, c’est-à-dire l’homme fort de l’entreprise. Ce qui lui a permis d’y amener, grâce à un label deal entre Empire Company (dont il a confié les rênes au tandem Thierry Ndemba et Esther Naah) et UMA, des artistes comme : Pit Baccardi, Charlotte Dipanda, Mimie, Oken, etc. Par contre, Mimie et Empire Company, c’est fini. Bref, la dissolution de UMAC n’a aucune incidence juridique sur les contrats que UMA a avec les artistes interprètes camerounais y compris le dernier en date, Cysoul.

LVDK : Plusieurs artistes et opérateurs culturels ont souvent accusé Universal Music d’uniformiser les musiques Camerounaises et africaines…

Lire aussi :Kareyce Fotso «Il est hors de question que Trace essaie d’aliéner nos enfants» 

C’est un faux postulat. Sur le strict plan créatif, les artistes interprètes camerounais qui ont un contrat avec UMA ont le plus souvent une totale liberté de création. Le problème c’est qu’il y a beaucoup d’incompétents à UMA dès qu’il s’agit de commercialisation des produits musicaux. Ce sont les champions du réseautage «françafricain » pour gagner des marchés lucratifs à travers leurs têtes de gondole que sont les artistes. Mais quand il s’agit de vendre les musiques de ces artistes, ils sont aux abonnés absents. Ce qui crée souvent des tensions avec les artistes en face qui sont eux-mêmes majoritairement accompagnés de commerçants égocentriques.

Lire aussi :Difficultés de financement de spectacles : des pistes pour sortir de l’ornière 

LVDK : L’industrie de la musique est perdante ou gagnante dans cette décision?

Notre industrie musicale était déjà perdante quand UMF crée UMA à Abidjan, et que cette dernière vient signer nos artistes dans un contexte où nous n’avions pas suffisamment structuré notre marché pour avoir des relations bénéfiques avec cet major. Notre industrie musicale était encore plus perdante quand UMF crée UMAC au Cameroun pour visiblement gérer les intérêts commerciaux de UMA au Cameroun par exemple des contrats juteux via le département UMBA -Universal Music Brand Africa- avec les marques de sociétés françaises ici : SABC (contrat Ténor – Malta Tonic), SGC (contrat Cysoul -Yup, programme Yup Music), Orange (services Digster Africa), BVS (programme Ballantine’s True Music Tour), etc. Des contrats qui échappaient à la sagacité des labels indépendants ici. Notre industrie musicale est aussi perdante avec leur départ parce qu’en deux ans, la plupart des producteurs indépendants n’ont pas eu le temps de comprendre les méthodes de UMF au Cameroun.

Lire aussi :Spectacles vivants : ces chanteurs camerounais qui pourraient de devenir artistes 

Là où l’industrie musicale nationale peut être gagnante, c’est que les entreprises privées à capitaux français perdent un moyen de se servir d’elle pour rapatrier ces finances dans leur pays d’origine, en évitant certaines contraintes du fisc là-bas. Si on doit se servir de notre industrie musicale pour blanchir de l’argent, ça ne doit pas pouvoir se faire sans que notre filière y trouve son compte quand même !

Lire aussi :Musique : au pays de l’éclectisme, Bafang donne le ton

Entretien avec Valgadine TONGA

 

- Advertisement -spot_img
- Advertisement -spot_img
Restez Connectés
16,985FansJ'aime
2,458SuiveursSuivre
61,453AbonnésS'abonner
Coup De Cœur
- Advertisement -spot_img

LAISSEZ UNE REPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles Similaires
- Advertisement -spot_img