Déception suite à la décision unilatérale du bureau central du Mrc de ne prendre part à aucune élection, coalition avortée dans les rangs de l’opposition, inimitiés gratuites que lui vaut son récent engagement politique au sein du Rdpc ‘’nouvelle génération’’… Autant de sujets sur lesquels le journaliste et militant politique Sam Sévérin Ango a accepté de se livrer, dans cet entretien avec La Voix Du Koat.
LVDK : Comment se porte le nouveau membre du Rdpc ?
Je me sens plutôt apaisé mais davantage impatient d’aller à l’action. Depuis les événements du 24 mars dernier, il y a beaucoup de questionnements quant au rôle et aux missions qui devraient m’être confiés dans cette nouvelle aventure. Je reste moi-même en attente de connaître les détails de l’action à mener sur le terrain. Cependant, en tant que militant de base de la circonscription de Mvila Centre 2, je mettrai un point d’honneur à implémenter le contenu du cahier de charges arrêté par les patrons de la Section, en accord avec la représentation régionale. Nous allons vers de nouvelles échéances dans quelques mois et nous sommes tous en ordre de bataille.
LVDK : Comprenez-vous les critiques pour le moins sévères de ceux qui vous considèrent comme un pigeon voyageur ?
Les réprobations enregistrées en rapport avec mon adhésion au Rdpc sont compréhensibles d’une part, pour ceux des Camerounais qui auraient aimé me voir continuer la lutte dans les milieux de l’opposition. Aujourd’hui toutefois il n’est pas permis de légitimer les réactions insultantes, parce qu’on est tous, chacun en ce qui le concerne, libres de nos choix. J’invite les compatriotes qui s’expriment avec une telle violence dans les réseaux sociaux à prendre leurs responsabilités, chacun à son niveau, pour porter l’engagement politique au meilleur niveau dans leur localité. La politique n’est pas l’apanage de quelques personnes seulement. Nous devrions tous nous y engager pour faire entendre nos voix. La critique aisée derrière son clavier n’est pas la solution. Personnellement je n’ai pas à rougir de mon parcours qui est plutôt riche en enseignements. L’expression pigeon voyageur ne correspond pas vraiment à ma situation, je suis au contraire un personnage qui recherche le meilleur, dans le perfectionnisme, refusant les enfermements.
LVDK : Racontez-nous vos amours et déceptions avec les partis politiques que vous avez fréquentés…
En vérité je n’ai pas appartenu à beaucoup trop de partis politiques. Il y a eu le Mrc (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) et La Nationale, très exactement. Mes passages dans les équipes de campagne de Me Akere Muna et du prophète Frankline Ndifor Afanwi étaient circonstanciellement liés à l’élection présidentielle de 2018. Chez le bâtonnier, j’en ai gardé de beaux souvenirs, malgré de petites frustrations au passage. Cela a constitué une belle expérience dans mon entrée dans la connaissance des affaires d’Etat, vu la dimension de la personnalité pour qui nous travaillions. Au Mrc, tout était différent. J’étais arrivé juste avant la période des élections de 2020 dans la région du Sud, et la première difficulté a été justement de ne pas pouvoir réussir à faire rentrer le Mrc au Sud. Par la suite, notre déception était grande, à l’annonce de notre non-participation aux élections, parce que nos équipes étaient bien préparées sur le terrain. Par la suite, ce parti ne m’a pas donné l’opportunité de m’épanouir de l’intérieur, véritablement. Raison pour laquelle nous avons tenté, de réhabiliter La Nationale et là, nous avons été heurtés à l’administration. Une autre des choses que j’ai apprises de mes différentes fréquentations politiciennes, c’est aussi l’absence de sincérité parmi certaines personnes. Récemment même, à Douala, j’étais au centre d’un projet de coalition des forces politiques de l’opposition en vue des élections de 2025, et malheureusement encore j’ai pu voir à quel point certains sont dans la duplicité. Le monde politique au Cameroun est bien spécifique et différent de ce qu’on peut voir ailleurs.
LVDK : De l’opposition pour le parti au pouvoir, c’est deux extrêmes. Pourquoi ?
Dans un pays comme le nôtre où le modèle démocratique reste encore plus que difficile à concrétiser, il faut éviter de regarder le pouvoir et l’opposition comme deux réalités complètement antinomiques. Dans la plupart des cas les intérêts se rejoignent. L’opposition au Cameroun a fait preuve d’une absence d’inventivité dans sa quête de renverser le système. D’autre part, le pouvoir en place est très solidement implanté au point qu’il sera illusoire pour de longues années encore d’espérer voir la donne changer. J’ai donc, de ce fait opéré un choix de raison, afin de me rapprocher beaucoup plus du cercle de décision. Il faut contribuer à la gestion des affaires publiques en étant au cœur d’un dispositif qui permet l’accès au pouvoir. C’est ça le leitmotiv. On n’est pas obligés de rester indéfiniment dans les rangs de mouvements contestataires sans grande efficacité et sans impact sur la vie de nos compatriotes.
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LVDK : Vous rejoignez les rangs du Rdpc à un moment où beaucoup de Camerounais n’y croient plus du tout. Vous avez d’ailleurs déclaré que le Rdpc est un parti qui sait accueillir. Qu’est-ce qui vous séduit dans ce parti ?
Je suis étonné par votre constat. Tout au contraire, on devrait tous observer que ce parti est plutôt riche en expériences et constitue toujours une grosse machine de guerre. Vous vous dites que les gens n’y croient plus beaucoup, et pourtant, c’est toujours le Rdpc qui gagne, paradoxalement. Et puis, nous, les nouveaux arrivants n’avons pas à répondre du bilan de ce parti politique durant les dernières années. Nous arrivons dans le Rdpc nouveau, avec l’espoir de voir les choses s’améliorer dans la prise en compte des intérêts des populations. Oui, je l’ai affirmé, le RDPC m’a plutôt réservé le plus beau des accueils, à la maison du parti politique à Ebolowa, le 24 Mars dernier, et très sincèrement j’en profite pour dire encore merci au président de la Section Rdpc Mvila Centre 2, Éric Gervais Ndo et toute son équipe qui a œuvré efficacement à la réussite de cette manifestation.
LVDK : Pourquoi quitter le titre prestigieux de président du parti «La Nationale», pour devenir simple militant au sein du Rdpc ?
Le poste de président de la Nationale était prestigieux certes, cependant toutes les conditions n’étaient pas réunies pour que nous allions au bout de ce projet. J’adhère en politique pour servir mon pays et mes compatriotes d’abord et non pour rechercher principalement des postes. Je serais heureux de travailler sous les conseils avisés des responsables de mon parti, en tant que militant de base, sans exigences particulières.
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LVDK : Qu’est-ce qui justifie cette adhésion dans un parti que vous avez longtemps critiqué et tenu responsable des maux du Cameroun ?
Je l’ai indiqué, le Rdpc d’avant, ce n’est plus ma préoccupation. Je voudrais pouvoir répondre dans quelques années du bilan de ce parti depuis le temps de mon entrée au sein de celui-ci. Les paradigmes qui gouvernent ma conscience n’ont pas évolué. Je reste attaché aux principes d’égalité entre les classes sociales dans la répartition des avoirs du pays. Je serai du reste encore plus vigilant pour qu’on aille vers le respect des règles de la bonne gouvernance. Je le répète donc, j’arrive au Rdpc nouvelle génération.
LVDK : Avez-vous choisit aller militer dans votre Mvilla natale ?
Oui, la décision de militer dans la Mvila a été prise au dernier moment. Au départ, j’avais souhaité me faire enrôler par la région de l’Ouest, pour donner un signal d’intégration et de cohésion nationale entre les composantes du Cameroun. Les consignes dans le parti tendent plutôt à promouvoir l’ancrage de l’élite locale dans leur région respective.
LVDK : Qu’est-ce que vous comptez apporter à ce parti d’une part et d’autre part qu’attendez-vous en retour?
J’espère plutôt en apprendre beaucoup de ce parti politique qui a une très longue et riche histoire dans la marche de notre pays. Depuis le temps de L’Unc jusqu’à ce jour, il faudra davantage essayer d’en savoir un peu plus sur la marche des affaires publiques. Mon rôle pourra consister à aider le parti à maintenir ses acquis et à aller bien plus loin dans la défense des intérêts de notre nation. L’une de mes attentes est de voir le pays se situer parmi les nations qui sont émergentes, avec une diminution drastique des détournements de fonds publics, de la corruption et du respect du principe de séparation des pouvoirs avec une réelle indépendance du pouvoir judiciaire. Parmi mes attentes figurent aussi la réduction du taux de chômage chez les jeunes et le relèvement de notre tissu économique, une bonne insertion des talents et des compétences dans les cercles de prise de décision.
LVDK : Vous avez fait plusieurs médias et formations politiques également. Ce qui fait dire à vos détracteurs que vous avez un problème de stabilité. Que leur répondez-vous ? Est-ce de l’instabilité ou la recherche d’un mieux-être ?
Il n’y a aucune règle établie qui exige aux humains de rester cloîtrés à des situations particulières. Je l’ai déjà plusieurs fois signifié, il faut toujours rechercher le meilleur et aller à de nouvelles expériences. Albertine Bitjaga, jeune journaliste, a été en quelques petites années chez Camnews24, équinoxe tv, Vision4 tv, Bnews tv, et aujourd’hui Canal2 International, et personne n’en parle.
Entretien avec Valgadine TONGA
