Mendiant, vedette, coursier…, la place que se donnent des managers d’artistes en Afrique, a animé la première journée des débats du Salon de la musique d’Abidjan.
Un panel. Trois monuments de l’industrie musicale en Afrique de l’Ouest. De la musique du groupe Yakomin en entrée. En plat de résistance, le thème sur «la professionnalisation du management artistique africain». Tout se passe ce mercredi 2 novembre 2022 à l’Institut français de Côte d’Ivoire. Coordonnateur général du festival Nuits atypique de Kougougou au Burkina Faso, Alex Sawadogo ne va pas du dos de la cuillère : «Les managers africains doivent apprendre à leurs artistes la notion du social. Les artistes doivent savoir que tous les spectacles ne sont pas à but lucratif, il y a des évènements sociaux où l’artiste est appelé à participer. Les managers doivent également apprendre à travailler sur la carrière de leurs artistes afin de mieux les vendre dans les festivals, parce que nous avons des managers mendiants aujourd’hui.» Coordinateur du Masa, Coulibaly n’émettra pas un bémol aux propos de son co-panéliste. Que nenni ! Il va même plus loin. «Au Masa, -marché des arts du spectacle d’Abidjan- on s’est rendu compte que des artistes n’avaient pas de manager, mais plutôt des coursiers, des petits frères, des personnes qui ne peuvent même pas interdire à leurs artistes de passer à une émission, car celle-ci pourrait nuire à l’artiste.»
C’est aux côtés de Kone Dodo qu’Alpha Blondy a été hissé au firmament. Pourtant, Kone Dodo, par ailleurs Directeur général du Palais de la culture d’Abidjan, producteur et éditeur de musique, a toujours bien assumé la vie dans l’ombre. Comme il le dit : «Le manager n’est pas une star. Il n’est pas là pour travailler son profil de carrière, mais pour travailler sur l’image et le profil de carrière de son artiste. Aujourd’hui, vous avez des managers qui sont plus connus que leurs artistes. Les managers ont besoin de formation.» Et voilà le nœud du problème, la formation. C’est d’ailleurs après connaissance d’autant de manquements chez les managers et autres acteurs de l’industrie musicale, qu’est né le Salon de la musique d’Abidjan (Sama). Son acte 2 a été lancé ce mercredi à l’If Côte d’Ivoire, devant un parterre d’autorités administratives, médiatiques et du showbiz. Thème de l’édition : la musique, facteur d’inclusion économique et sociale.
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Comme a tenu à le rappeler le fondateur et commissaire général du Sama, Guy Pacôme Somian, «l’organisation et la professionnalisation nous aideront à vivre réellement des activités que nous menons dans l’industrie musicale. Les ateliers, les master-class, contribuent à professionnaliser les acteurs de l’industrie. Nous souhaitons aller plus loin en tendant la perche aux aspirants, à travers le Sama Academy tour, qui nous mènera dans plusieurs collectivités locales, afin de les aider à entrer dans la musique de façon professionnelle.»
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Malgré les festivités des 50 ans de l’Institut français de Côte d’Ivoire, son directeur Laurent Bonneau, n’a pas boudé le plaisir de soutenir le Sama. «C’est une évidence d’être à vos côtés pour l’ouverture de la deuxième édition du Sama. Ce salon a pour enjeu essentiel d’amener les acteurs du secteur à vivre dignement du métier de la musique. Entreprendre, vendre, professionnaliser, internationaliser ce sont les fondamentaux pour construire l’industrie de la musique. Nous devons travailler, partager les compétences complémentaires, et du coup, se trouver dans un écosystème qui soit favorable à l’ensemble des acteurs et cela n’est pas si simple.»
Pour sa deuxième édition qui va du 2 au 4 novembre, le Sama accueille également la délégation du Réseau des Managers et Agents africains d’artistes professionnels (Remaap), que préside le Sénégalais Mamadou Moustapha N’Diaye.
Valgadine TONGA