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Colonel Lavenir Mvom : «De 30.000, le Cameroun est aujourd’hui à près de 120.000 armes illicites en circulation»

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Titulaire d’un Phd en Sciences politiques, d’un doctorat de troisième cycle à l’Iric, du brevet militaire supérieur de l’école de guerre obtenu en Chine, le colonel à la retraite Jacques Didier Lavenir Mvom est l’un des pionniers de la question des armes légères et de petit calibre dans l’espace Ceeac (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale) où il a travaillé pendant plus de 7 ans. Il fait partie des rédacteurs de la convention de Kinshasa sur les armes, et est Consultant pour la Ceac et pour les Nations Unies. Personne ressource à l’atelier de renforcement de capacités, initié dans le cadre du projet Saving-Lives Entity, (Salient), du 12 au 16 juillet 2022 à Douala, le Colonel, Jacques Didier Lavenir Mvom a pu s’entretenir avec La Voix Du Koat. 

LVDK : Quand on parle d’armes légères et de petit calibre, il s’agit de quoi exactement ?

Il y a des armes de petit calibre. Ce sont par exemple des pistolets, tout ce qui est arme de poing. Et il y a des armes légères. Une arme légère est une arme qui peut être portée par deux ou trois personnes contrairement aux armes de petit calibre qui sont portées par une seule personne. Les armes légères peuvent aussi être portées par une seule personne. Les armes légères et de petit calibre sont les armes dont le calibre n’excède pas 100 mm. A plus de 100 mm, vous avez déjà une arme lourde. La différence se détermine au niveau du canon des armes.

LVDK : Quelle est la particularité des armes légères et de petit calibre par rapport aux armes lourdes ?

Les armes lourdes comme on le dit sont lourdes. Elles ont des  mécanismes beaucoup plus complexes et lourds. Par contre l’arme légère et de petit calibre est une arme qui se transporte facilement, elle se démonte facilement, on peut les dissimuler facilement. Il est facile de les démonter et de les reconstituer à partir des composantes simples. Et c’est la raison pour laquelle elles sont dangereuses. La convention de Kinshasa a, à cet effet, un titre très explicite. Elle (la Convention) s’intitule Convention de Kinshasa pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, leurs munitions et toutes ses composantes pouvant servir à leur fabrication, leur assemblage ou leur réparation. C’est avec ces armes qu’on fait ce qu’on appelle le commerce des fourmis. C’est-à-dire qu’on peut transférer les pièces chez plusieurs personnes et après, on reconstitue une arme. Ce sont des armes très maniables et très pratiques.

Ils ont pris part à un atelier de renforcement de capacités, initié dans le cadre du projet Saving-Lives Entity, (Salient) que met en œuvre le ministère des Relations extérieures avec l’appui du Pnud. C’était du 12 au 16 juillet 2022 à Douala.
Armes légères et de petits calibres

LVDK : Quel est l’état de lieu du trafic d’armes au Cameroun ?

Selon les dernières informations, le Cameroun est aujourd’hui à près de 120.000 armes illicites en circulation. Il n’y a pas longtemps, nous étions à près de 30.000 armes. C’est monté en puissance du fait des crises que vous connaissez notamment la crise socio-politique au Noso, Boko Haram à l’Extrême-Nord etc. Ces armes sont essentiellement des armes illicites. Ce ne sont pas les armes qui appartiennent à l’arsenal de l’armée. Ce ne sont pas des armes acquises normalement selon les normes du commerce international. Ce sont des armes qui passent par des circuits informels. C’est ce qui fait leur  particularité.

LVDK : Comment peut-on établir la provenance de ces armes ?

Comme je l’ai dit dans mon exposé, ces armes proviennent d’abord des arsenaux qui ont été démantelés dans les anciens pays socialistes c’est-à-dire l’ex Urss. Ces armes étaient stockées pour attendre une éventuelle troisième guerre mondiale. Du moment où cette troisième guerre mondiale n’a pas eu lieu et que l’Urss a été démantelé, les armes sont devenues ce qu’on appelle des armes en surplus. Il fallait donc s’en débarrasser. Et avec l’avancée des technologies, elles étaient devenues obsolètes, mais qui servent dans des conflits périphériques et dans les conflits dans nos Etats. Elles sont moins onéreuses  à l’acquisition aujourd’hui parce qu’elles n’ont plus une valeur marchande importante en tant que telle. C’est pour cela qu’elles ont afflué dans tous les théâtres des conflits internes beaucoup plus. Avant, c’était dans les théâtres des guerres périphériques entre les Etats qui luttaient pour leur indépendance, les guerres de libération nationale. Aujourd’hui, c’est dans le cadre des conflits politiques internes. Nous ne fabriquons pas des armes en Afrique, toutes ces armes viennent de l’occident, de l’Asie. La Chine est un grand producteur et vendeur d’armes.

Lire aussi :Prolifération des armes au Cameroun : Journalistes et leaders des Osc en ordre de bataille 

LVDK : Pensez-vous que le Cameroun ait les moyens d’éradiquer ce fléau?

On peut amoindrir l’impact. Dire qu’on va éradiquer le fléau, ça relève de l’impossible. Mais on peut amoindrir le fléau. Lorsqu’on prend tous les instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux, ce sont des dispositions qui sont prises. Dans un exposé, on a évoqué la commission nationale. C’est dans ce cadre qu’on peut faire ce travail de réduction et d’atténuation de ce trafic.  Le Cameroun fait partie des Etats membres de la Ceeac. La Ceeac a mis sur pied la Convention de Kinshasa. Pour mettre cette Convention de Kinshasa en œuvre avec tous les instruments juridiques internationaux et régionaux, le Cameroun a adopté sa loi nationale. La  loi de 2016 sur les armes est une émanation de tous les instruments juridiques internationaux, régionaux et sous régionaux, qui essayent d’aider les Etats à limiter l’impact de la circulation des armes dans leur territoire.

Lire aussi :Cameroun : un nouveau commandement pour exterminer le terrorisme 

LVDK : Cette loi répond-elle aux défis de l’heure ?

La loi en question est prise entre le traité du commerce sur les armes et la Convention de Kinshasa. Le problème, il faut avoir une commission nationale de lutte contre le trafic de ces armes. Comme c’est une commission interministérielle et intersectorielle, ça permettra que quand on fait un plan d’action de lutte, tous ces acteurs fédèrent les informations et les moyens avec l’appui des partenaires extérieurs pour organiser la lutte contre la prolifération des armes dans notre territoire.

Entretien avec Blanchard BIHEL

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