Les opérations monétiques de la zone Cemac sont généralement effectuées avec les cartes étrangères. Un préjudice énorme pour l’économie des pays membres.
Emergence économique, modernisation et dématérialisation des systèmes de paiement, sont quelques termes économiques débattus à Douala depuis mercredi 10 octobre 2018. Pendant trois jours, les experts du monde de la banque, des finances, de la téléphonie travailleront sur la mise en place de l’interopérabilité intégrale Carte-Mobile-Transferts dans la sous région Afrique Centrale. Une initiative du Groupement Interbancaire monétique de l’Afrique Centrale (Gimac).
Dans son allocution d’ouverture des travaux, ce mercredi, le Directeur général du Gimac, Valentin Mbozo’o a dénoncé l’impact du déficit du patriotisme bancaire sur l’économie des pays de la sous région. Aux bancs des accusés, les banques. «Nous avons eu l’impression au Gimac que les banques étaient beaucoup plus promptes à promouvoir les cartes internationales au détriment des cartes Gimac des produits financiers et instruments de paiement (carte, mobile money, transferts, Ndlr) de la sous région», a relevé Valentin Mbozo’o.
L’homme qui a servi une quinzaine d’années dans le domaine interbancaire de la Cemac avant d’être nommé à la tête du Gimac en 2012 sait très bien de quoi il parle. «Ces instruments ont été dimensionnés par la Banque Centrale pour profiter au plus grand nombre. Un retrait d’argent dans un guichet automatique est égal à un autre retrait dans un guichet automatique, que vous le fassiez avec la carte Gimac, la carte Visa ou Master Card, Union pay international, vous venez de faire un retrait d’argent. Si vous pouvez le faire avec la carte Gimac à 500Fcfa dans l’interopérabilité, pourquoi le faites-vous avec la carte Visa, à plusieurs milliers de Fcfa ?» S’interroge-t-il. Et de poursuivre à l’adresse des banques : «Comment quelqu’un qui ne voyage pas, a une carte Visa pour faire de l’interopérabilité dans le même pays ? Ça n’a pas de sens. Il faut un peu de patriotisme. Il ne faut pas seulement voir les choses en termes de gain. Il faut développer la région. Nous sommes en retard sur les paiements électroniques, sur la dématérialisation des moyens de paiement. Il va falloir faire quelque chose pour qu’on évolue.»
«Réduction des paiements en cash»
L’enjeu de l’interopérabilité et de la dématérialisation des instruments de paiement dans la sous région est considérable. La prise en compte du Mobile money comme moyen de paiement s’impose aujourd’hui aux banques. Le Gimac note d’ailleurs que Mobile money c’est aujourd’hui plus de 16 millions d’abonnés dans la zone Cemac (Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, Centrafrique, Congo Brazzaville, le Tchad). «Nous avons une société qui souffre d’un déficit d’infrastructures de communication, dixit Valentin Mbozo’o. Face à cette pénurie des moyens de mobilité, la monétisation est la solution. Où que vous soyez, avec la mondialisation, vous avez pour concurrents les plus grandes firmes mondiales qui utilisent les paiements dématérialisés, la robotisation, la standardisation des chaînes de traitement. Comment allez-vous survivre dans cette économie mondiale si vous ne vous mettez pas à niveau ? Il faut une réduction des paiements en cash qui handicapent terriblement nos économies en ce moment, parce que l’agilité n’y est pas, la transparence n’y est pas, la traçabilité non plus. Je ne veux pas parler de corruption.» Au terme de la rencontre de trois jours, les acteurs devraient arriver à la mise en œuvre de l’interopérabilité intégrale carte, mobile, transferts.
L’institution (Gimac) qui assure la gestion du système monétique interbancaire compte 56 membres, soit 52 banques et 4 Etablissements de micro-finance. Il a traité avec succès -sans aucune fraude- depuis 2015, 1.400.000 transactions pour un montant global de 75 milliards Fcfa.
Valgadine TONGA
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