Selon les acteurs de la filière, le bois légal est plus réservé à l’exportation, au détriment des artisans locaux.

Pour les menuisiers, charpentiers, ébénistes, marqueteurs…, le bois jugé légal est la matière première. C’est malheureusement ce bois qui leur manque le plus. Du coup, joindre les deux bouts c’est la croix et la bannière pour les artisans. Marcel Kemogne est un passionné de la menuiserie. En 15 ans de pratique, sa société survit. «Nous n’arrivons pas à acquérir la matière première qui est le bois légal, explique Marcel Kemogne. Les sociétés qui sont dans la première transformation du bois ne nous vendent pas le bois. Ils privilégient le marché de l’exportation.»
Pamphile Ntanga est le Secrétaire général de la Fecaprobois (Fédération camerounaise des associations et des professionnels de la seconde transformation du bois). «Au Cameroun, la grosse difficulté c’est le déficit d’accès à la ressource», reconnait-il. Pamphile Ntanga confie pourtant que : «La filière bois est le plus grand pourvoyeur d’emploi au Cameroun après la fonction publique mais les artisans peinent à se développer parce que le Camerounais n’a pas l’habitude de consommer local. Ce sont les meubles importés que l’on retrouve dans les bureaux des institutions forestières, des Ong qui travaillent dans la gouvernance forestière. La marge de marché est ainsi réduite pour les artisans.» Pour contourner le problème, la plupart des artisans se ruent vers le bois qui n’a pas été jugé conforme par l’administration forestière. Le fait est qu’en cas d’activité illégale, le mis en cause risque une saisie de ses bois, de ses équipements et l’emprisonnement suivi d’amende.
Coopérative d’appui
Pour la Fecaprobois, les artisans doivent se mettre à l’école de toute la réglementation en matière d’approvisionnement du bois légal. Elle a réuni les artisans ce jeudi 23 février 2017 à Douala pour «l’atelier de sensibilisation et de formation des opérateurs de la seconde transformation du bois, sur les exigences légales et réglementaires dans les circuits d’approvisionnement en bois», martèle le chef de projet Pamphile Ntanga. A l’heure actuelle, «moins de 10% des entreprises -du réseau de la Fecaprobois- sont en règle avec le ministère des Forêts et de la Faune. Beaucoup d’entreprises ont un registre de commerce, un numéro de contribuable, certaines mêmes sont affiliées à la Cnps (Caisse nationale de prévoyance sociale) mais ne sont pas encore enregistrées au ministère en qualité de transformateur de bois. Pour avoir la ressource, il faut être enregistré au ministère. Notre sensibilisation va permettre à certaines entreprises qui ambitionnent de développer leurs activités, de se conformer à la réglementation en vigueur.» Exit cette formation, «nous allons organiser les ateliers avec les détenteurs de la ressource pour identifier les pistes de collaboration afin qu’ils mettent à notre disposition la ressource légale. Nous envisageons créer une coopérative d’appui à la production et à l’achat du bois légal.»
Valgadine TONGA