Amina Fofana, membre du Conseil National de la Transition au Mali, était l’invitée spéciale de la conférence du 10 septembre dans la capitale économique camerounaise, sous le thème «Souveraineté économique et politique des Etats : le Mali parle à l’Afrique». Un évènement qui rentrait dans le cadre des Universités panafricaines organisées par le Mouvement African Revival.
Elle est effective, la rupture entre la France et le Mali. Persécuté de part et d’autres par l’ancien colon, l’Occident et les institutions sous régionales, notamment la Cedeao, ce pays ouest-africain a réussi à se défaire du joug colonial. Debout comme un seul homme et derrière son leader, le peuple Malien a chassé de ses frontières les forces d’occupations françaises et ses bases militaires dont le seul dessein «est la sauvegarde des intérêts français au Mali, les pillages des ressources naturelles du sol et du sous-sol et l’imposition des multinationales françaises», dénonce Amina Fofana, membre du gouvernement de transition au Mali. Elle s’exprimait ainsi à la faveur des Universités panafricaines organisées par le Mouvement African Revival qui se sont tenues samedi 10 septembre 2022 à Douala, sous le thème «Souveraineté économique et politique des Etats : le Mali parle à l’Afrique». A ces côtés, les panafricanistes Jonathan Batenguene et Edmond Kuate.
La liberté acquise de haute lutte par le peuple malien fait sa fierté. La voie de l’autodétermination et de la conquête de la souveraineté de l’Afrique a ainsi été tracée par le Mali. Qui est, à n’en point douter, un exemple dans cette lutte de libération. Selon Amina Fofana, «l’enjeu de l’Afrique aujourd’hui c’est l’accès à ses ressources naturelles».
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Saviez-vous que d’après les ‘‘accords’’ écrits par la France et imposés au Mali, le pays de Soundiata Keïta devait payer une dette coloniale à la France chaque année? Dans le même ordre d’idée, le ministre malien des Finances devait dresser chaque année, un rapport financier adressé au ministre des Finances de la France ; la France avait la primeur sur l’exploitation des ressources naturelles de ce pays et sur d’autres contrats, relève Amina Fofana. Ces accords ne sont plus qu’un lointain souvenir. Depuis sa prise de pouvoir, l’homme fort de Bamako, le Colonel Assimi Goïta, président du gouvernement de transition, a mis fin ces accords coloniaux. «C’est ce qui explique l’agitation de l’Occident et particulièrement de la France en ce moment», martèle Amina Fofana. «Depuis sa prise de pouvoir, le guide président patriote, Assimi Goïta n’a plus payé un seul sou de la dette coloniale. Notre ministre des Finances n’a plus de contact avec le ministre des Finances français. Il ne connaît même pas Bruno Le Maire. Aujourd’hui, le Mali est libre de nouer des partenariats avec qui il veut, et de les diversifier. D’ailleurs, un projet d’écriture d’une nouvelle constitution est en réflexion en vue d’instaurer une langue nationale notamment le Bambara comme langue officielle», se réjouit l’oratrice.
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Elle a aussi tenu à saluer le soutien indéfectible du peuple camerounais, de ses médias, des panafricains et surtout du président Paul Biya, «sans qui rien n’aurait été possible au Mali. C’est grâce à lui que le panafricanisme a abouti». Lequel a contribué à retourner le rapport de force. Selon elle, la peur se trouve désormais du côté de la France. Toutefois, elle a déploré l’absence de l’Ambassade du Cameroun à Bamako «𝐋𝐚 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐞𝐬𝐭 𝐭𝐫è𝐬 𝐞𝐱𝐩𝐨𝐬é𝐞 𝐞𝐧 𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐬𝐮𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐚𝐮 𝐌𝐚𝐥𝐢. 𝐒𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐥𝐞𝐳 𝐝é𝐭𝐫𝐮𝐢𝐫𝐞 𝐥𝐚 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞, 𝐚𝐭𝐭𝐚𝐪𝐮𝐞𝐳–𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐬𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐓𝐨𝐭𝐚𝐥, à 𝐎𝐫𝐚𝐧𝐠𝐞.»
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Pour le sociologue, Jonathan Batenguene, «le Royaume Uni avait pensé la révolution et la France l’a réalisée. De la même manière, le Cameroun a pensé la révolution de l’Afrique et le Mali l’a mise en œuvre». Reste maintenant la question de la monnaie. Selon Edmond Kuaté, l’on ne saurait parler de souveraineté sans une autonomie monétaire. «Instauré en 1945 par le général De Gaulle, le Fcfa est le plus grand mal que la France ait fait à l’Afrique», soutient-il.
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Organisées par le Mouvement African Revival que préside Paul Ella, «les universités Panafricaines visent à apporter notre modeste contribution à ce combat qui vise à rendre à l’Afrique ses lettres de noblesse. Parce que trop longtemps nous avons été historiquement falsifiés, économiquement spoliés, nous avons été dénigrés, vilipendés ; le continent dépositaire de toutes les sciences et connaissances originelles est présenté en mondovision depuis des décennies comme le continent le plus pauvre et misérable», s’offusque l’initiateur de cette plateforme de réflexion à laquelle prenaient part les autorités traditionnelles et autres hommes politiques.
Blanchard BIHEL