
La semaine qui s’est achevée dimanche 16 avril 2017 aura été très intense pour les chrétiens du monde entier, qui commémoraient la mort, la résurrection et la montée au ciel de Jésus Christ. En réalité cette semaine a été ce qu’on appelle en marketing la semaine haute pour les confessions religieuses chrétiennes. On aura connu la fête des Rameaux, le Jeudi saint, le Vendredi saint, les veillées pascales, le chemin de croix et la célébration même de la Pâques ponctuées par des baptêmes, sans compter que 40 jours avant c’était le mercredi des cendres qui marquait le début du carême. Si l’aspect spirituel est la motivation réelle de toutes ces célébrations, il faut dire que la réalité nous renvoie aujourd’hui toute une image, celle d’un marché autour de la religion. Et toutes les congrégations y vont chacun avec son génie.
Nous ne parlerons pas spécialement des églises dites réveillées qui sont en réalité des industries mises sur pieds pour extorquer le maximum d’argent aux esprits faibles en quête de réconfort, en vendant les bouteilles d’eau dites bénite jusqu’à 5000F ; le phénomène a tellement pris de l’ampleur que des pasteurs des églises réveillées sont aujourd’hui cité parmi les hommes les plus riches du continent ou de la planète. L’église serait désormais une entreprise, et l’argent au centre de tout. Sans citer une congrégation précise, dans presque toutes, on doit payer pour être ancien d’église, pour être membre du conseil de la paroisse, dames apostoliques, on doit payer pour une intention de messe, pour demander une messe à l’occasion d’un évènement heureux ou malheureux. C’est du marketing, m’a confiée une compatriote. L’église c’est une organisation, qui a désormais ses règles, et les techniques marketing sont aujourd’hui plus développées dans l’église que dans les entreprises les plus futées.

Sept collectes pour une messe
Au cours d’une célébration de nos jours il est fréquent que les responsables de l’église, ayant pour objectif de se faire le maximum d’argent possible, organisent jusqu’à 7 collectes au cours de la même messe. La collecte normale, la collecte des enfants, la collecte des femmes, la collecte des hommes, la collecte pour la construction de l’église, la collecte des amis du prêtre ou du pasteur, et pour couronner le tout parfois, la collecte pour la fête de la récolte. On en finit à 7 tours d’offrandes disais-je. Tout cela ponctuées des chansons les plus enlevées, au rythme desquelles les officiants offrent le meilleur spectacle de danse en ressortant tous les talents refoulées en eux, et sous les cris et les hou-hou des femmes, tout est mis en marche pour vider les poches de tous les fidèles jusqu’au dernier kopeck, en promettant en retour des bénédictions et de la multiplication de cette semence qu’ils viennent de faire par centaine et par millier de fois, car il y a plus de bénédiction à donner qu’à recevoir dit on là-bas.
Et la semaine pascale aura été, comme chaque année, la saison haute pour les églises. Outre ces différentes offrandes, il y avait surtout les baptêmes. Les montants payés pour avoir ce sacrement variaient entre 10 000 Fcfa et 40 000Fcfa selon la paroisse, sommes réparties selon les cas entre les deniers de culte, du père, de la mère, du parrain ou de la marraine, la dîme, la contribution pour les travaux, le ou les sacrements, le paquet de bougies, et je ne sais plus quoi d’autres. Dans une église de la ville de Douala prise au hasard, on a dénombré exactement 400 fidèles qui se baptisaient la nuit de samedi à dimanche, et en prenant 10 000Fcfa par fidèle, faite le calcul pour voir ce que cette paroisse aurait pointé pour cette nuit seulement.
Toutes ces pratiques étonnent aujourd’hui, d’autant plus que depuis l’aube des temps ceux qui accourent vers l’église sont en réalité des affligés, des faibles qui espèrent y retrouver du réconfort. Mais les fidèles ne sont plus considérés de nos jours comme des brebis qu’il faut paitre comme Jésus le demandait. Ils sont considérées plutôt comme des clients, qu’il faut plumer autant que possible et amasser les richesses là où même on est supposé avoir fait des vœux de chasteté et de pauvreté. L’opulence dans laquelle les hommes d’églises vivent aujourd’hui tranchent nettement avec le train de vie de celui qu’il prétend représenter, celui-là qui se promenait nu pied et allait de village en village prêcher, et qui avait dit à ses disciples et je cite la Bible, « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. » Matthieu chapitre 8 verset 20
Roland TSAPI, Journaliste