Le sujet était au menu de la deuxième journée de Mboti Week qui se déroule à Douala.
S’habiller comme des stars américaines ou Occidentales, chanter comme des Marseillais, des Parisiens, c’est le rêve que nourrissent beaucoup de jeunes artistes camerounais, au détriment de leur culture. Cette culture rejetée et ignorée est pourtant convoitée par les autres.
Les œuvres du célèbre saxophoniste Manu Dibango, André Marie Talla, du groupe Zangalewa, de Tim and Foti… ont été reprises par des stars américaines, à l’instar de Michael Jackson, Rihanna, James Bond, Shakira, Missy Eliott. Le ndop, tissu originaire du Nord-ouest, fait aujourd’hui le tour du monde. C’est une lapalissade de dire que le patrimoine culturel camerounais est un réservoir peu exploitée par les jeunes artistes. C’est le principal message qui ressort du Mboti Talk organisé le mardi 20 septembre 2022 à l’Institut français de Douala, à l’occasion de la deuxième journée du Mboti Week 2022. La place de notre patrimoine a été examinée dans les créations contemporaines de nos artistes.
Lire aussi :Mode : Comment faire décoller l’industrie de la mode au Cameroun?
Sur le panel, l’artiste plasticien Zack Ndam, concepteur de la spiri-culture ; Edith Mbella, experte en Art rituel ; et du producteur-manager, Jules Nya. Le talk s’est mué en une interpellation et une invite au retour de nos jeunes artistes aux sources. Pour Edith Mbella, «si l’Afrique réclame le retour de ses œuvres d’art, c’est parce qu’elle se rend compte qu’il y a quelque qui lui manque. L’histoire de l’Afrique a été emportée ailleurs et la jeune génération ne la connaît pas. Qui va protéger ce patrimoine ? Nous sommes un pays extrêmement riche, où il y a une diversité d’origines qui fait notre richesse. L’histoire de chacun de ces peuples doit être conservée, protégée et transmise, pour que les générations suivantes puissent en bénéficier. Nous dirons tout simplement que le patrimoine est un héritage. L’héritage de toute une communauté, de tout un peuple et même universel. Aujourd’hui le ndop est un patrimoine universel », indique-t-elle. Et de souligner que «nul ne peut être créatif à partir du moment où on n’est pas soi-même».
Lire aussi :Grand Prix Francophilie des Médias 2022 : pour le rayonnement du patrimoine culturel camerounais
Comme l’indique Jules Nya, la mondialisation exige que chacun vienne à la table des rencontres avec sa particularité. «Dans l’industrie de la musique, on s’inspire au quotidien de notre patrimoine pour s’imposer à l’échelle internationale. Nous avons une culture très riche. J’ai eu la chance de fréquenter au Nigéria. J’ai compris que la base développement d’un peuple, c’est héritage culturel. Les Nigérians arrivent à s’imposer partout parce qu’ils sont contents d’être Nigérians. Le hip hop camerounais ne décollait pas tout simplement parce qu’on faisait du copier-coller. On voulait être des Marseillais, des Parisiens, des Américains. Et on voyait le hip-hop comme la musique des voyous. Mais tout a changé avec les artistes comme Koppo, Krotal qui ont compris qu’on peut faire du hip-hop à la camerounaise en utilisant l’ewondo, le doula, et toucher son public. La musique c’est un transfert d’émotion. Pour réussir, il faut que nos artistes soient décomplexés», argue le producteur.
Lire aussi :7ème art au Cameroun : Ndinga, mon amour
Il est donc question que les films, les chansons, les sculptures, les tableaux de nos artistes soient inspirés de notre patrimoine, de nos histoires. Promu par le mannequin-acteur-top model-styliste, Fredy Manyongo, Mboti Week acte 3, court du 19 au 25 septembre 2022
Blanchard BIHEL
