La Cemac est convaincue de ce que la conclusion des programmes économiques et financiers de tous ses Etats membres avec l’institution financière internationale est indispensable au redressement économique de la Sous-région.
A l’occasion du sommet extraordinaire des chefs d’Etats et de Gouvernement de la Cemac tenu à N’Djamena le 25 octobre 2018 dernier, la question des accords avec le Fonds monétaire international (Fmi) a été soulevée. En effet, le sommet de N’Djamena a posé sur la table des discussions, la problématique de la relance économique de la Sous-région, à l’aune du double choc sécuritaire et de la chute des cours des matières premières qui fragilisent les pays membres. Dans les pistes de solutions débattues par les leaders de la sous-région, a figuré la mise en œuvre efficiente des accords conclus avec le Fmi, susceptibles d’inverser la courbe. En clair, les Etats membres ont réaffirmé l’urgence de mettre en œuvre toutes les mesures contenues dans les programmes économiques conclus avec le Fonds monétaire international (Fmi).
Sauf que, des six Etats qui composent la Cemac, seulement quatre (Cameroun, Gabon, Tchad, Rca) ont conclu des accords avec le Fonds, adossé sur diverses Facilités élargies de crédit. La Commission de la Cemac estime que dans une synergie d’actions qui concerne l’économie de la sous-région en général, il est impératif que les deux « réfractaires » (Congo et Guinée Equatoriale) s’y engagent. Ainsi, a martelé le président de la Commission de la Cemac à N’Djamena, pour ce qui est du rapport avec le Fmi, la conclusion urgente de programmes économiques et financiers avec le Fmi par le Congo et la Guinée Equatoriale « s’impose avec acuité afin d’éviter le risque de passager clandestin ».
En attendant, la Conférence des chefs d’Etat a instruit les ministres en charge des négociations ou de suivi du programme économique avec le Fmi de faire montre d’une détermination sans faille dans la mise en œuvre des reformes indispensables au redressement économique de la Sous-région. Car, comme le président de la Commission de la Cemac a pu le souligner pour le déplorer, « au terme des deux premières années de mise en œuvre desdits programmes, les résultats, il faut l’admettre, restent globalement en deçà des attentes ».
Revues semestrielles
Pour mémoire, le 26 juin 2017, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international a approuvé un accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (Fec) en faveur du Cameroun d’un montant d’environ 666,2 millions de dollars et 175 % de la quote-part du Cameroun) pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays. Outre l’approbation de l’accord, un décaissement équivalant d’environ 171,3 millions de dollars a été immédiatement mis à la disposition du Cameroun. Le montant restant sera étalé sur la durée du programme et son décaissement sera subordonné à des revues semestrielles. Le 19 juin 2017, le Fmi a approuvé un accord triennal élargi au titre du mécanisme élargi de crédit (Medc) en faveur du Gabon pour un montant de 642 millions de dollars et 215 % de la quote-part du pays) à l’appui du programme de relance à moyen terme défini par les autorités. La décision adoptée ouvrait la voie au décaissement immédiat d’environ 98,8 millions de dollars. Le montant restant sera étalé sur la durée du programme et son décaissement sera subordonné à des revues semestrielles.
Le 30 juin 2017, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international a approuvé un accord triennal au titre de la Fec en faveur du Tchad d’un montant d’environ 312,1 millions de dollars et 160 % de la quote-part du Tchad) pour accompagner la stratégie de stabilisation et de redressement du pays. Le 5 juillet 2017, le Conseil d’administration du Fmi a approuvé un nouvel accord de 312,1 millions de dollars en faveur du Tchad au titre de la Facilité élargie de crédit et a annulé le précédent accord. La décision du Conseil d’administration a ouvert la voie au décaissement immédiat de 48,8 millions de dollars en faveur du Tchad. L’accord Fec en faveur de la Rca a été approuvé par le Conseil d’administration le 20 juillet 2016 pour un montant d’environ 189 millions de dollars, ou 120 % de la quote-part de la Rca au Fmi).
Notons que la facilité élargie de crédit (Fec) fournit une aide financière aux pays qui connaissent des difficultés prolongées de balance des paiements. La Fec a été créée comme guichet du fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (fonds fiduciaire Rpc), dans le cadre d’une réforme plus large visant à assouplir le soutien financier du Fmi et à mieux l’adapter aux besoins divers des pays à faible revenu, notamment en période de crise. La Fec est le principal outil dont dispose le Fmi pour apporter un soutien à moyen terme aux pays à faible revenu.
Daniel NDING