Les élections présidentielles auront lieu au Cameroun sans aucun doute cette année 2018, au plus tard le 12 octobre. Paul Biya, le président en fonction a prêté serment pour la dernière fois le 1er novembre 2011. Et d’après les dispositions de la loi portant code électorale, en son article 116, le président de la République est élu pour un mandat de 7 ans au suffrage universel direct égal et secret. Il est rééligible. L’élection a lieu au scrutin uninominal majoritaire à un tour, 20 jours au moins et 50 jours au plus avant l’expiration des pouvoirs du président de la République en exercice.

A ce jour, près d’une vingtaine de candidats à cette élection sont annoncés, mais il ne faut pas confondre l’annonce à la déclaration même de la candidature, qui elle, est règlementée et exige un certain nombre de conditions à remplir. La première d’entre elles, c’est d’être investi par un parti politique. Dans ce cadre, on compte à ce jour trois candidats. Le président sortant Paul Biya qui est statutairement le candidat du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc) aux élections présidentielles -d’après l’article 27 des statuts du parti- ; Maurice Kamto désigné par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) lors de son congrès d’investiture le 14 avril dernier à Yaoundé ; Joshua Osih élu aux primaires du Social Democratic Front (Sdf) tenues à Bamenda le 24 février 2018. A côté il y a Cabral Libii Ngue initiateur du mouvement 11 millions et qui s’est rapproché du parti Univers pour être investi, et l’ex Bâtonnier Akeré Muna du Mouvement NOW ! Si ce dernier ne trouve pas de parti qui l’investirait, il lui restera la possibilité de se présenter comme candidat indépendant. D’ailleurs dans ce cas, Cabral Libii sera soumis aux mêmes dispositions que lui s’il est avéré que le parti Univers n’a aucun élu.
D’après l’article 121 du code électoral, en son alinéa 2, le candidat investi par un parti politique non représenté à l’Assemblée Nationale, au Sénat, dans un Conseil régional ou dans un Conseil Municipal doit également remplir les conditions applicables aux candidats indépendants. Lesquelles conditions exigent que le candidat indépendant, soit présenté à l’élection du Président de la République par au moins trois cents (300) personnalités originaires de toutes les Régions, à raison de trente (30) par Région et possédant la qualité soit de membre du Parlement ou d’une Chambre Consulaire, soit de Conseiller Régional ou de Conseiller Municipal, soit de Chef traditionnel de premier degré.

S’il parait évident que les membres du parlement et les chefs traditionnels sont à quelques exceptions près exclus des potentiels clients des indépendants, il est tout à fait possible dans le contexte actuel, qu’il puisse exister parmi les conseillers municipaux une trentaine au moins par région capable d’avoir le recul nécessaire pour offrir en don leurs signatures. Il restera alors pour les 5 candidats Paul Biya, Maurice Kamto, Osih Joshua, Cabral Libi’i, et Akeré Muna à franchir l’obstacle du cautionnement prévu à l’article 124 alinéa 1 du code électoral, d’après lequel le candidat doit verser au Trésor public un cautionnement fixé à trente millions (30 000 000) de francs. Pas de doute que cette barrière sera aisément franchie par les protagonistes suscités. Pour le reste de la vingtaine évoquée plus haut, il faut garder la tête froide pour constater que les enjeux sont aujourd’hui tels que les amuseurs de galerie ne doivent pas être pris en compte.
S’unir où rien
En définitive, il y aura le candidat du parti au pouvoir, et 4 candidats issus de l’opposition. Les analystes politiques pensent qu’avec le cadre légal actuel régissant les élections, notamment la gestion du processus par Elecam inféodé au Rdpc au pouvoir, le scrutin à un tour, les bulletins multiples, l’impossibilité pour les jeunes entre 18 et 20 ans de voter, en plus de la machine de l’Etat mise à disposition du Rdpc, la seule chance qui reste à l’opposition de gagner ces élections c’est de s’unir. Bien installé au pouvoir, Paul Biya qui continue d’être adoubé par des hypocrites appels à candidature uniquement mues par la conservation des prébendes de ceux qui lui veulent tout sauf du bien, conscients eux-mêmes qu’il n’a plus les ressources naturelles nécessaires à l’exercice d’une fonction aussi haute que celle de la présidence de la République du Cameroun, hélas transformée depuis longtemps en un poste de vacancier aux longs courts séjours privés à l’Etranger ou au Cameroun, selon la direction de l’avion.
Dans ce contexte, l’union de l’opposition n’est plus seulement une option, c’est une nécessité. Mais au regard du passé assez mitigé de l’opposition et des expériences foireuses des tentatives d’union connues par le passé, tout laisse à penser que cette union est impossible, ou plutôt qu’on va vers l’Impossible union, avec la nuance qu’il y a. Nous y reviendrons !
Roland TSAPI
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