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AccueilInstallations électriques : une véritable poudrière en attente

Installations électriques : une véritable poudrière en attente

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Les incendies dans les marchés, dont on compte quatre au total pour le seul mois de mars au Cameroun, sont désormais une preuve palpable qu’un danger plane en permanence sur la tête des Camerounais, du fait des installations électriques. Dans une interview accordée au journal La Nouvelle Expression, reprise par le site d’information en ligne Camer.be le 25 novembre 2015, Désiré  Nansi directeur général d’une entreprise camerounaise membre de la Fédération Internationale pour la Sécurité des Usagers de l’Electricité (Fisuel), affirmait que 85% des incendies enregistrés sur le territoire national sont d’origine électrique. A l’issue d’une descente dans quelques marchés, il disait au journaliste: « Dans la majorité des sites visités, le constat est alarmant : les installations électriques sont dans un état de vétusté avancé, les normes d’installation ne sont respectées nulle part, et surtout l’utilisation du matériel de mauvaise qualité est très présente. Sans rentrer dans beaucoup de considérations techniques, je voudrais simplement signaler que les marchés visités sont de véritables poudrières. »

La loi pour le loisir

Nous indiquions précédemment que l’arrêté conjoint ministre de l’Eau et énergie/ministre des Mines, Industries et développement technologiques, datant de juin 2012, rendant d’application obligatoire la norme des installations électriques à basse tension NC 244 C 15 100 : 2011-08, n’était pas observé par l’opérateur en charge de la distribution de l’électricité au Cameroun. Cette société s’en défend, expliquant qu’elle attend les textes d’application. L’arrêté conjoint parle pourtant d’application obligatoire. Mais avant cet arrêté conjoint en effet, la loi n° 2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun, en son article 75, stipule qu’ « il est institué un contrôle de conformité aux normes homologuées des installations électriques intérieures et des matériels électriques afin d’assurer la protection des usagers de l’électricité et de leurs biens contre les dangers qui peuvent en découler. »

L’article 76.- alinéa (1) Le contrôle de conformité des installations électriques intérieures et des matériels électriques est exercé par l’Administration chargée de l’électricité ou, sous son contrôle, par des sociétés de droit camerounais agréées à cet effet par lui, après avis de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité. (2) Les modalités et les frais de contrôle ainsi que les conditions d’agrément sont fixés par arrêté du Ministre chargé de l’électricité. Cette loi date de 2011, et l’on en est 7 ans après à attendre les textes d’application, si l’arrêté de 2012 n’en est pas un. Ce texte  fixerait non seulement les modalités, mais les frais de contrôle. Et il faut préciser que le contrôle en question concerne aussi le matériel électrique, y compris celui utilisé par le distributeur.

Lire aussi :Incendies dans les marchés : pourquoi la spirale n’est pas prête de s’arrêter

Dans le flou, le non-respect des règles prospère

Mais à ce jour, au mépris de cet article 76, l’administration en charge de l’électricité n’effectue aucun contrôle, et ne veut pas non plus agréer des sociétés locales pour le faire. Si donc aucune administration ne délivre encore le certificat de conformité, comment est-on sûr que même le matériel utilisé par le distributeur est conforme ? La question est d’autant plus pertinente que l’article 77 de cette loi dit : « Les fonctions de fabricants, d’importateurs, de vendeurs de matériels électriques, d’installateurs électriciens et de distributeurs d’énergie électrique sont incompatibles avec celles de contrôleurs des installations électriques intérieures et de matériels électriques.»

En clair, le distributeur national ne peut contrôler son propre matériel, la loi le lui interdit, il ne peut être juge et parti. Qui certifie donc le matériel que le distributeur lui-même utilise ? Les câbles, les disjoncteurs, les pinces d’ancrage, les raccords, les isolateurs, les compteurs ? Manifestement personne, puisque les textes d’application sont attendus. Et dans cette logique d’attente d’un contrôleur de normes qui aboutirait à un certificat de conformité, devrait-on cesser de distribuer l’électricité, qui est une denrée de première nécessité ? Impossible de l’envisager.

Le réseau catastrophique d’Eneo

Plus inquiétant, si le matériel incontrôlé expose le pays tout entier à des incendies permanents, la situation est aggravée au Cameroun par la qualité du réseau, caractérisé par des supports ou poteaux inclinées partout dans les villes, les câbles qui pendent même jusque sur des toits. Selon les conclusions de certaines études, le niveau kéraunique, c’est-à-dire le nombre de jours d’orages par an est de 120 pour le Cameroun, parmi les plus élevés du monde. Un expert en protection incendie explique pendant les orages, les poteaux mal fixés bougent et tirent les câbles. Il suffit que la traction casse les pinces d’ancrage ou les dominos, le contact se crée sur le courant qui devient un départ de feu. Et lorsque cela se passe de nuit, dans des installations non habitées comme les marchés, le feu se propage simplement.

Pareil pour la foudre. Les mêmes études montrent que le Cameroun est classé 8eme parmi les 10 endroits les plus foudroyés de la terre, avec la localité de Nguti qui cumule jusqu’à 129 éclairs par km2 et par an. Cette foudre, qui n’est autre que le feu, vient aussi trouver un terrain propice préparé par le mauvais matériel, et en plus mal installé. C’est l’ensemble de tout cela qui faisait dire au membre de la Fédération Internationale pour la Sécurité des Usagers de l’Electricité que les marchés sont une véritable poudrière.

Et ils vont rester ainsi, tant que des solutions de surface sont préconisées. La reconstruction des marchés, en matériaux provisoire ou en dur ne résoudra pas le problème tant que l’accent n’est pas mis sur le contrôle et la certification du matériel et des installations. A ce niveau ce n’est pas de l’expertise qui manque. Des entreprises sont installées au Cameroun, et ne demandent qu’à être agréées pour le contrôle comme le prévoit la loi. En attendant, il est désormais démontré que les  incendies dans les marchés ou autres structures n’ont rien à voir avec la  malchance, il s’agit juste des conséquences logiques d’une série de négligences  humaines.

Roland TSAPI

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