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AccueilDevoir de mémoire : Hommage à Ruben Um Nyobe

Devoir de mémoire : Hommage à Ruben Um Nyobe

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Le mois de septembre  au Cameroun ne rappelle pas seulement la rentrée scolaire. Il rappelle aussi et ce depuis 60 ans, la mort de l’un des nationalistes qui a tout sacrifié, jusqu’à sa vie, pour revendiquer une véritable indépendance pour le Cameroun. Ruben Um Nyobe il s’appelait. En 1958, le 11 septembre comme c’est le cas aujourd’hui, les dés étaient déjà presque pipés pour cet homme de 45 ans, puisque la conspiration pour l’assassiner avait déjà fait du chemin et l’étau se resserrait sur lui. Aujourd’hui il est qualifié par les historiens de « personnage-charnière », incontournable dans l’histoire du Cameroun, qui par-dessus tout, a ouvert une période politique et culturelle nouvelle au Cameroun : celle de l’invention d’une identité nationale. Il avait ordonné son activité intellectuelle autour d’un projet de rupture avec l’ordre colonial.

Le mois de septembre au Cameroun ne rappelle pas seulement la rentrée scolaire. Il rappelle aussi et ce depuis 60 ans, la mort de l’un des nationalistes qui a tout sacrifié, jusqu’à sa vie, pour revendiquer
Um Nyobe.

 Fibre contestataire

Um Nyobè est né en 1913 à Song Peck près de Boumnyébel à 180 kilomètres de Douala dans l´arrondissement d´Eséka, de deux  des paysans Basa’a Nyobé Nsounga et de Ngo Um Nônos. A 7 ans, il entre à l´école presbytérienne de Makaï où on lui donne le nom de baptême « Ruben » en 1921. Quatre ans après, il change d’école pour Ilanga près d´Eséka où il obtient son certificat d´études primaires en 1929, à l’âge de 16 ans.  A 18 ans, il intègre l´École normale de Foulassi en région Bulu, tenue également par les presbytériens. Il est renvoyé de cette école, l´année où il doit obtenir son diplôme de fin d´études, accusé d´être toujours prompt à prendre la tête des mouvements de revendication et de protestation. Il obtiendra néanmoins son diplôme de fin d´études, en tant que candidat libre.

Commence alors sa carrière d’enseignant  pendant quelques années dans les écoles presbytériennes, jusqu’en 1935, quand il est admis au concours des commis des services civils et financiers. Il poursuit ses études en travaillant et obtient par correspondance sa première partie du baccalauréat en 1939. La même année il est affecté au greffe du tribunal d´Édéa. Dans l´exercice de son métier, il se passionne pour le droit. Ce faisant, il découvre l´injustice à laquelle sont soumis les Camerounais, à travers le système de l´indigénat. En effet, la loi distingue les indigènes c’est-à-dire les Camerounais considérés comme des sujets et les français considérés comme des citoyens, et ne laisse aucune possibilité d´expression pour la lutte politique ou pour la défense des droits des travailleurs aux indigènes.

Réfractaire à l’injustice sociale

La participation de nombreux « indigènes » à la deuxième guerre mondiale de 1939 à 1945 va pousser le général De Gaulle alors héros de la France libérée de la colonisation allemande d´alléger quelque peu la rigueur des lois sur l´indigénat. En 1944, sous la pression des évènements, les autorités françaises reconnaissent aux travailleurs camerounais le droit de s’affilier à des syndicats. Um Nyobè rejoint alors l’Union des syndicats confédérés du Cameroun (USCC), Toutefois, dans les colonies, les revendications syndicales se mêlent inévitablement à la question du colonialisme ; les syndicats militent pour l’égalité salariale entre travailleurs blancs et indigènes, pour la fin des discriminations dans les promotions et finalement contre les relations d’autorité entre l’administration française et les populations camerounaises.

En mai 1945, le Cercle d’études marxistes (devenu « Cercles d’études sociales et syndicales ») s’oriente vers la création d’un « mouvement national camerounais avec comme objectif l’indépendance ». Rapidement, deux évènements accélèrent le développement d’un sentiment nationaliste et anticolonial. En septembre 1945, à Douala, des colons ouvrent le feu sur une manifestation de grévistes, la faisant dégénérer en émeute. Les affrontements s’étendent et un avion sera utilisé pour mitrailler les émeutiers. Officiellement, selon les autorités coloniales, le bilan serait de 8 morts et 20 blessés, mais selon l’historien Richard Joseph, ce bilan serait très inférieur à la réalité et les morts se compteraient en dizaines. L’une des principales préoccupations de la colonie est désormais d’anéantir le mouvement, qui devient une menace pour la conduite tranquille de sa politique d’asservissement des Camerounais.

 Du syndicat au parti

La répression qui s’ensuit contre l’USCC et ses dirigeants est impitoyable, mais conduit une nouvelle génération de militants à en assumer la direction. Ruben Um Nyobè, qui ne reculait devant rien tant la justice sociale était en jeu, qui avait déjà été chassé de l’Ecole de Foulassi parce qu’il revendiquait ses droits et ceux de ses camarades, devient secrétaire général du syndicat en 1947. Le second évènement majeur est la création du Rassemblement démocratique africain. Um Nyobè est présent à Bamako en septembre 1946 pour le premier congrès du parti en tant que représentant de l’USCC. De retour au Cameroun, il travaille à la création d’un parti camerounais suivant cette dynamique; qui aboutit à la fondation de l’Union des populations du Cameroun (UPC) par des syndicalistes de l’USCC, la nuit du 10 avril 1948 dans un café-bar de Douala.  Pour des raisons stratégiques, il n’est pas présent physiquement lors de la fondation, mais les bases idéologiques, il les a déjà fixées, et c’est tout naturellement qu’il est porté à la tête du parti au mois de novembre 1948. Il a 35 ans, et sait qu’en prenant la tête de ce qu’il appelait lui-même mouvement, le destin de tout un peuple qui aspire à la liberté reposait déjà sur ses épaules, il va à partir de ce moment-là donner une orientation particulière au combat, qu’il sait être rude.

A suivre…

Roland TSAPI

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