Ce lundi sera journée de deuil national. C’est l’une des décisions que plusieurs Camerounais attendaient, depuis le déraillement meurtrier du vendredi 21 octobre à Eseka.

La présidence de la République du Cameroun a publié sur son site la lettre scannée du chef de l’Etat qui date du 22 octobre. De l’Europe où il se trouve, Paul Biya a ordonné : « La journée du 24 octobre 2016 est déclarée journée de deuil national en la mémoire des victimes de l’accident ferroviaire survenu le 21 octobre 2016 à Eseka, département du Nyong et Kelle».
Cette journée de deuil national implique que : «Les drapeaux seront mis en berne toute la journée sur l’étendue du territoire national». Rappelons que le train Intercity N°152 de Camrail a déraillé vendredi 21 octobre 2016 au niveau d’Eseka. Il quittait Yaoundé à 11h15 pour se rendre à Douala. Le nombre de mort diverge. Certains parlent de 75 morts. Les survivants que nous avons rencontrés à l’Hôpital Laquintinie de Douala soutiennent qu’il y a eu des centaines de morts. «Quand on sortait les corps de notre wagon, on a compté deux cent morts. C’était effroyable. Il y a des gens qui étaient broyés, d’autres que le train avait estropiés. Plusieurs sont morts sous mes yeux par fautes de soins», narre un rescapé.
Si les chiffres officiels traînent, il est évident qu’il y a des raisons de craindre un bilan ô combien lourd parce que le matin de vendredi, les gares ferroviaires de Douala et Yaoundé étaient prises d’assaut. Suite à l’effondrement en matinée d’une partie de la chaussée de la route nationale numéro 3 entre Douala et Yaoundé, il était impossible de rallier les deux villes par voie routière. Conséquence, les voyageurs ont convergé vers Camrail. La direction de la compagnie ferroviaire avait ajouté huit locomotives au train pour satisfaire le maximum de personnes. «Le ticket de la dernière classe qui coûte en temps normal 3000 Fcfa se vendait à 4500 Fcfa. Nous étions comme dans une boite de sardine. Plusieurs étaient debout. Je dormais quand l’accident s’est produit. Quand j’ai ouvert les yeux, tous mes voisins étaient morts», raconte toute en larme une dame. Y aura-t-il une cérémonie officielle de mise en bière avec le chef de l’Etat, son gouvernement, les familles et le peuple camerounais ? Qu’est-ce qui explique le mutisme de Bolloré, propriétaire de Camrail ? Des questions qui restent en suspens. La direction a tout de même annoncé : «Une assistance psychologique mise en place à Douala est à pied d’œuvre avec le concours de l’hôpital général de Douala. Les cellules de crise sont actives dans les Gares de Douala et Yaoundé. Un numéro d’information à disposition des usagers est disponible au (+237) 699 10 18 10».
Valgadine TONGA