Et si novembre 1982 avait marqué le Renouveau Écologique au Cameroun ? Plusieurs actions ont été menées en faveur de l’environnement ces quarante dernières années, même si beaucoup reste à faire.
L’action politique réalisée sur le plan environnemental depuis ces quarante dernières années au Cameroun, livre un inventaire impressionnant de mesures et d’œuvres en faveur de l’environnement. Incontestablement, en novembre 1982, nous sommes entrés dans une ère de rigueur et de moralisation écologique, environnementale. Mais la rigueur intellectuelle exige de relever quelques insuffisances qui demandent à être comblées.
Sous le régime actuel, l’arsenal juridique s’est enrichi d’une batterie de lois avant-gardistes et ambitieuses sur le terrain de la protection de l’environnement. On pourrait citer juste deux lois parmi tant d’autres.
La première loi est la loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche ; Une loi innovante par son approche de gestion intégrée et durable, alliant la conservation et l’utilisation soutenues des ressources et des écosystèmes. Le patrimoine forestier en ressortait considérablement protégé et strictement encadré dans la perspective de son exploitation. Deux grandes catégories de forêt voyaient le jour: les forêts permanentes réputées classées définitivement à la forêt et/ou à l’habitat de la faune ; et les forêts non permanentes, ouvertes sous conditions à des utilisations autres que forestières.
Dans le cas des forêts non permanentes, la création de la catégorie des forêts communautaires était et continue d’être une source potentielle de développement des villages, puisque la loi précise que les produits de leur exploitation appartiennent exclusivement aux communautés villageoises concernées. Une loi qui était donc soucieuse des préoccupations de développement durable, respectueuse de l’environnement et dont les fruits ne sont pas confisqués exclusivement par les exploitants et leurs auxiliaires, mais également profitables aux populations locales.
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La deuxième loi, sans doute la plus emblématique est la loi n°96/12 portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement promulguée en 1996. Elle a introduit les principes fondamentaux de la gestion de l’environnement au Cameroun à savoir le principe de prévention, le principe de précaution, le principe pollueur-payeur, le principe de participation et le principe de subsidiarité des normes coutumières en absence d’une règle de droit écrit. Cette loi était et continue d’être intéressante puisqu’elle dote les défenseurs de l’environnement des moyens coercitifs pour faire sanctionner pénalement les responsables de la dégradation de l’environnement.
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Sous l’ère du Renouveau, le Cameroun a toujours été également à la croisée des batailles pour la préservation des équilibres écologiques. A chacun de ses rendez-vous sur la question sensible de l’environnement, le Président de la République n’a jamais fait mystère de sa volonté de contribuer à un enracinement de la gestion durable des ressources naturelles au profit des générations présentes et futures. En 2017, le Président Paul Biya a consacré son discours devant la 72e Assemblée Générale des Nations Unies à la question environnementale. Il affirmait : « Nous devons pour les générations actuelles et futures, préserver notre planète (…) C’est l’occasion pour nous de réitérer le souhait légitime et unanime des pays en développement. Ces pays qui polluent peu, méritent de bénéficier de la part des riches qui polluent beaucoup, des moyens multiformes…» Des paroles qui résonnent comme une profession de foi écologique dont la remise en question relèverait du crime de lèse-majesté.
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Cependant, il serait utile de faire remonter à l’Homme du 06 novembre, quelques doléances. Notamment la question de l’exploitation de la forêt d’Ebo revendiquée par la communauté Banen et dont la biodiversité riche en espèces rares, mérite qu’elle soit préservée et confiée aux communautés qui y ont vécu pendant des siècles. Il y a également le problème de la gestion des déchets en zone urbaine, pris déjà en charge par le Maire de la Ville de Douala avec l’opération Douala Clean City. Il y a enfin beaucoup d’autres problèmes environnementaux qui devront forcément et impérativement être la priorité de gouvernance au Cameroun, peu importe celui ou celle qui sera à la tête de l’Etat, pour les prochaines années.
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Leonel AKOSSO