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AccueilA La UneAffaire Malicka : la face visible de l’iceberg

Affaire Malicka : la face visible de l’iceberg

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Cette analyse peut être attaquée par tous les bouts. Prenons celui de Déviance, du nom de l’émission jadis présentée sur la chaîne national Crtv, du temps du Pr Gervais Mendo Ze. Les plus de 20 ans se rappellent que n’étaient pas diffusées sur la Crtv les productions libidineuses. Et l’émission Déviance servait de plateforme pour décrypter et comprendre l’impact des chansons déviantes sur la société. Aujourd’hui, fort est de constater que cette époque, hélas, date de mathusalem. La chaine nationale n’a plus de filtre aucun. Tout et n’importe quoi y passe. Sur son compte twitter, elle faisait récemment la publicité du titre, si ça en est un, de «Sans caleçon» d’un rappeur camerounais.

Les médias audiovisuels privés sont tout de même les chantres des chanteurs de sexe. Dans une pauvreté de texte qui frise le chiffon, aux arrières goûts d’irrespect envers le public, ces chanteurs décrivent à coups de gestes, de gémissements l’acte sexuel. N’allez pas croire qu’il est mal de chanter l’amour. Que non ! Mais si beau il est; qu’il mérite d’être sublimé quand on décide de s’y frotter. Si Georges Brassens est inégalable pour vous, essayez le lexique de Slai, de Jacky Rapon, de  Marthe Zambo, Sam Mbende, Dina Bell, Dynastie Le Tigre… Vous aurez compris que l’amour chanté n’est pas né sur votre époque. Encore heureux. Le drame c’est que pour faire un peu de chiffre, les médias audiovisuels acceptent de faire la promotion de vos ‘‘chansons’’ aux allures d’ébats sexuels. Et des fois, l’animateur n’hésite pas à ajouter son commentaire pour exalter votre titre pornographique. Difficile aujourd’hui pour un parent de trouver une chanson qu’il peut avec joie, reprendre en chœur avec ses enfants. Il y aura toujours un string, un soutien ou un borborygme quelque part pour t’en dissuader. Tout petit, il faut avouer que nous avions la grâce d’être protégés d’un certain type de contenus polluants par les médias, par la société et par la famille. L’ordre d’énumération n’a pas une valeur cardinale.

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Torchons et chiffons

Aujourd’hui, c’est à qui sera le plus pervers, le plus impudique dans sa «chanson». Plus tu es grossier, sauvage, sale, plus tu es intéressant pour les multinationales, pour les médias. Au grand dam de la jeunesse qui se voit livrée à son propre sort. N’a-t-on d’ailleurs pas vu les ‘‘artistes’’ inviter à chanter à l’ouverture du Chan 2020 ? Il avait été expliqué sur les antennes de la chaîne nationale que ces gens représentent la jeunesse artistique camerounaise. Eh beuh ! Le pays de Manu Dibango, de Kareyce Fotso, d’Annie Anzouer, d’Adango Salicia, de Stéphane Akam, de Papy Anza, de Charlotte Dipanda est tombé plus bas que terre. Les carottes sont donc cuites. Faisons donc avec nos torchons et chiffons.

Dans une de ses chansons, le Général Valsero portait «plainte contre nos sœurs artistes bikutsi qui manquent d’inspiration et nous servent la pornographie. Elles nous racontent leurs vies de dépravées ceci au mépris de l’impact de leur Mer…sur l’éducation des petits.» La raison est évidente : l’artiste est un modèle, un bâtisseur de sa société. L’artiste devrait se réjouir d’avoir construit sa société, et non d’avoir participé à sa déchéance.

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Viol de l’innocence

En venons-en au sujet qui défraie la chronique depuis quelques jours, au point de susciter l’ire des personnes les plus insoupçonnées : la sextape de Malicka Bayemi. Je ne dirai pas ma «petite» ou ma «fille» Malicka, comme l’écrivent plus d’un dans leurs sorties. Tout simplement parce que n’ayant aucune indication sur sa date de naissance. Malicka, grâce ou à cause de la sextape est sur les feux des projecteurs. Plusieurs s’indignent. «Même les artistes qui font la publicité du sexe dans leurs vies et leurs chansons sont montées au créneau. Des personnes qui montrent à nos enfants dans leurs clips tous les tréfonds de l’acte sexuel. On aura tout vu. On comprend juste avec cette affaire que les Camerounais aiment les choses sales», s’insurgeait une chef d’entreprise.

Malicka n’est pas un fait isolé. C’est la conséquence d’une société en perte de vitesse. Une société où les enfants sont dorénavant abandonnés à leur propre choix, à leur sort. Une société où les parents et la famille ont abandonné l’éducation des enfants à la télé et aux Tic. Une société où le voisin n’a plus le droit de réprimander l’enfant du voisin, sous les fallacieux prétextes que «tu es son père ?… Tu sais comment on accouche ?...» La nudité de l’enfant est violée et exposée tous les jours par des adultes sur les réseaux sociaux, sans qu’un avocat ou encore le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille s’en offusque. Parlant d’ailleurs de ce ministère, il y a quelques années, sur une chaine de télévision basée à Yaoundé, des journalistes en mondovision donnaient des astuces aux hommes pour battre sur la femme, l’étrangler sans laisser les traces. Visiblement pour le Minproff,  ce n’était rien de grave, de la pisse de chat pour ainsi dire. Tout comme les ‘‘chansons’’ pornographiques. «Quand une mère prend en vidéo son enfant de trois ans qui danse sur la chanson ‘‘le gars-là est fort aux fe… Elle publie elle-même cette vidéo sur Facebook et l’auteur de la chanson reprend la vidéo sur sa page officielle, c’est quoi le message? Non seulement la mère fait la publicité de cette chanson sale, mais pire. Elle utilise son enfant. Les droits de l’enfant sont violés même par leurs parents», observe une de nos interlocutrices.

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Les «pimentières»

Fort est de constater que la jeunesse féminine camerounaise, «ça ne lit pas, ça taille les bites dans les bureaux pour avoir le succès de nos prostitués de luxe», commente une féministe. Qui ajoute : «Et quand la petite fille revient le soir avec de l’argent à la maison, c’est sa mère qui s’en vante et raconte à ses copines que l’étoile de sa fille brille plus que celle des filles de ses voisines. C’est même la mère qui motive ses élans de prostitution.» Une autre dame rajoute : «Faites l’expérience d’infiltrer un groupe de lycéennes ou de collégiennes à la sortie des classes et écouter leurs conversations. Vous allez tomber des nus. Le mal est si poussé maintenant qu’on en est à légitimer le vagabondage et la prostitution. Vous entendez, telle ‘‘pimentière’’ est bien parce qu’elle a plus investi avec son piment. Telle autre n’est pas intelligente dans la vente de son piment…» Ainsi, des filles, mineures, servent des photos d’elles nues sur leurs comptes Facebook, Whatsapp, pour appâter les clients. Une prostitution high-tech quoi. Ces jeunes innocentes ont même des groupes où elles proposent des offres tarifaires.

Dans une pareille société où le vice est adulé, exposé en vitrine, comment comprendre le tolet et l’indignation des personnes qui sont pourtant tous à l’origine de la déliquescence des mœurs ? Peut-être ne savions nous pas que chacune de nos actions occasionnent des réactions ? L’anathème, s’il faut le jeter, serait sur chacun d’entre nous. Surtout à l’Etat à travers ses démembrements liés à la promotion et à la valorisation des bonnes mœurs (Minac, Minproff, Minas, Mincom, le Conseil national de la communication…). Aucun enfant ne nait pervers, dévergondé. Il est le résultat de sa société. Nous avons tous capitulé devant notre devoir de protection de l’innocence de nos enfants. Assumons-le et rectifions le tir. Sans honte.

Valgadine TONGA              

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2 COMMENTAIRES

  1. En dévorant les lignes de chaque paragraphes de cette analyse, le résultat est tout simplement effrayant mais réel.

    Au lieu de crier sur tous les toits dépravation ! Il serait temps que les parents prennent leur responsabilité pour protéger leurs progénitures en prônant par l’exemple les bonnes mœurs, en tout lieu.

    Le cas de la jeune dame qui l’oppose à ce célèbre journaliste de sport cité en exemple (responsabilité non établie de MCM) est de très loin la raison de ce tollé. Par contre il faut tirer des leçons de vie

  2. Excellente analyse. Je partage toutes les idées qui y sont émises.
    Nous assistons à une destruction des valeurs de notre société planifiée et mise en oeuvre par le gouvernement camerounais.
    La preuve: ce gouvernement avait ridiculisé et désavoué en 2016 le préfet de la Mifi qui avait interdit dans sa circonscription la chanson « Coller la petite » que venait de produire un jeune délinquant. Encourageant par ricochet la jeunesse à suivre cette musique perverse et les autres qui s’inscrivent dans le même registre. Ce sont les conséquences de cette promotion de la dépravation des moeurs et de cette corruption de la jeunesse que nous vivons.

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