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Paul Ella : «Il est question que les panafricains véritablement engagés pour la cause de notre peuple soient à des postes de décisions»

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Depuis 2021, les panafricanistes du monde entier se retrouvent au Cameroun pour les Panafrican Awards. Une initiative du Mouvement African Revival que préside Paul Ella. A quelques mois de l’acte trois qui aura lieu en décembre 2023, La Voix Du Koat a échangé avec Paul Ella.

LVDK : African Revival prépare déjà la troisième édition des Panafrican Awards. Mais revenons sur la dernière édition. Quels ont été les points positifs et négatifs ?

En effet, les préparatifs de la troisième édition qui se tiendra à Yaoundé du 11 au 16 décembre prochain sont déjà en cours. La précédente édition qui s’est tenue en décembre dernier à Douala était d’une envergure encore plus grande que la première. Nous y avons expérimenté la tenue d’une foire d’exposition de produits et services 100% africains pour marquer et valoriser le génie local et promouvoir la production et la consommation des œuvres de nos artisans et industriels. Avec une centaine d’exposants et des visiteurs satisfaits, nous avons assisté à un beau brassage créatif dans des domaines divers tels que la haute couture, l’agroalimentaire, l’édition, la technologie, la gastronomie et la médecine traditionnelle. Cette deuxième édition a également innové avec une quinzaine de conférences et ateliers sur des thématiques diverses avec des intervenants de haut vol venus des quatre coins de la planète. Là encore, les participants venus du Cameroun et de l’étranger ont apprécié de rencontrer les intervenants dont ils ne voyaient la plupart qu’à travers les médias. Les Panafrican Awards, c’est aussi ce grand moment de rencontres qui crée des synergies entre les différents acteurs du combat panafricain. Le bilan est donc positif. Aucune œuvre humaine n’étant parfaite, nous allons veiller dès la prochaine édition à résoudre les questions relatives à certaines contraintes logistiques, aux horaires et à la gestion des partenaires externes qui nous ont posé quelques soucis dans le respect des dispositions initiales.

LVDK : Plusieurs conférenciers avaient appelé les panafricanistes à convoiter la magistrature suprême et les postes électifs pour mieux implémenter les idéaux du panafricanisme. Qu’est-ce que cela vous inspire comme commentaire ? 

C’est une suite logique au combat que nous menons pour la dignité des peuples noirs de par le monde. Je dirai même que c’est la finalité. Ce combat ne peut se limiter à la dénonciation et à l’éveil des consciences. La masse critique des consciences africaines éveillées et au fait de la vérité historique est près d’être atteinte, et il est question dès à présent que les panafricains véritablement engagés pour la cause de notre peuple soient à des postes de décisions pour mieux implémenter toutes les prescriptions que nous portons afin de rendre à l’Afrique sa liberté économique et politique, et de contribuer à restaurer l’ordre humain mondial.

Lire aussi :Cameroun : les panafricanistes rendent hommage à Kalala Omotunde 

LVDK : Un hommage a été rendu à Kalala Omotunde, assassiné comme le martèlent les panafricanistes. Quel était la plus-value de cet hommage ?

Certains l’affirment, d’autres le soupçonnent, donc, ce n’est pas une position unanime et officielle des panafricains, même s’il est certain qu’il y a lieu de s’interroger et de redoubler de vigilance, car les méthodes de nos ennemis sont les mêmes depuis des siècles, à savoir, faire taire les voix dissidentes de la pensée unique impérialiste par tous les moyens. Dans les pas de Cheikh Anta Diop, son illustre modèle, Kalala Omotunde était une lumière pour son peuple, de par ses enseignements qui ont contribué et contribueront encore pendant de longues décennies à démonter le narratif officiel de l’Occident dans toutes les sphères des sciences et connaissances. Il a fait comprendre à des millions de Noirs qui ils étaient réellement, contrairement à la propagande mensongère des médias, aux ordres qui prônent l’hérésie d’une race inférieure et d’un suprématisme blanc. L’hommage à Omotunde lors de la précédente édition des Panafrican Awards était donc tout à fait incontournable. Il faut se souvenir et surtout travailler à ce que les Africains intègrent définitivement que les critères de valorisation des occidentaux ne sont pas les nôtres, et que leurs modèles ne sont pas nos modèles. Kalala Omotunde était et reste à jamais un modèle pour les communautés africaines. Sa veuve et son fils nous ont fait l’honneur de faire le déplacement de la Guadeloupe pour Douala à l’occasion de cet hommage qui a rassemblé un grand nombre de panafricains et kamites d’Afrique et d’ailleurs. C’était très émouvant de voir cette solidarité autour de notre regretté frère. Je rappelle qu’il était présent au Cameroun dans le cadre de la première édition des Panafrican Awards en décembre 2021, où il a d’ailleurs reçu son premier prix de reconnaissance internationale. Il devait être présent à la deuxième édition de l’année dernière, mais le Maître de l’Univers l’a rappelé auprès de nos valeureux ancêtres.

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LVDK : Organiser un évènement d’une telle envergure, la note a dû être corsée (billets d’avion, hébergement, restauration… ?

Oui, organiser un tel événement requiert d’importantes ressources humaines, financières et logistiques. C’est d’ailleurs ce qui livre certaines imaginations fertiles à toutes sortes d’élucubrations, les unes plus saugrenues que les autres. Tout le monde veut savoir d’où viennent les financements et certains versent dans des fantasmes de tous genres, dont certains ne peuvent m’empêcher d’éclater de rire. Nous avons une mobilisation interne des membres de l’association, nous avons des mécènes qui croient à la noblesse de la cause panafricaine, et des sponsors qui nous accompagnent. Mais le plus touchant, ce sont ces invités dont nous sommes supposés assurer les charges de billets d’avion ou d’hébergement, et qui, en guise de soutien, déclinent notre offre et décident de se prendre totalement en charge eux-mêmes, conscients de ce que les sources de revenus évoquées supra ne couvrent que partiellement le budget d’un tel événement. A la fin d’un tel événement donc, vous comprenez qu’il y a plus de raisons de se retrouver avec des soldes négatifs qu’avec des excédents de trésorerie.

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LVDK : Pour l’acte 3 qui se tient en décembre prochain, quelles seront les principales articulations ?

La première innovation de cette troisième édition c’est qu’elle se tient à Yaoundé, c’est-à-dire hors de Douala pour la première fois, avant que nous envisagions, tel que cela nous est de plus en plus demandé, d’opter pour un autre pays africain. Pour ce qui est des articulations, elles seront les mêmes que celles de la précédente édition, à savoir une semaine de foire d’exposition de produits et services 100% africains, une série de conférences et d’ateliers et la soirée de remise des prix. L’autre innovation de cette troisième édition est l’introduction de circuits touristiques à l’intérieur de la ville où les principaux sites historiques seront visités, et à l’extérieur de la ville, notamment à Kribi, sous forme d’excursion pour ceux qui opteront pour cette partie du programme qui s’étalera sur trois jours après l’événement.

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LVDK : Plusieurs participants avaient regretté l’année dernière que les travaux ne soient pas diffusés en direct sur les chaines de télévision africaine. Y aura-t-il un changement cette année ?

 Je ne sais pas si ces participants étaient bien informés, mais la précédente édition a été très largement couverte et diffusée, y compris en direct, aussi bien sur les réseaux sociaux que sur des chaînes de télévision et autres médias traditionnels. La Voix du Koat fait d’ailleurs partie des médias qui ont couvert l’événement de bout en bout. Cette année, la couverture médiatique de la 3e édition sera encore plus étendue, car l’événement est de plus en plus connu et couru, ce qui implique davantage de médias au fil des années. Les personnes non présentes physiquement pourront donc suivre la 3e édition des Panafrican Awards en direct sur divers médias qui seront communiqués en temps opportun.

LVDK : Côté panélistes, on prend les mêmes et on recommence, ou ce sera une toute autre coloration ?

Tout est fonction des thématiques. Cette année, la thématique globale a trait à la Renaissance Africaine et son impact sur le retour de l’ordre humain mondial, après tous les désordres que l’impérialisme capitaliste a engendré depuis des siècles, par les seules motivations de prédation. La thématique centrale se décline en plusieurs sous-thèmes qui feront l’objet de conférences et d’ateliers, dans des domaines divers tels que les sciences, l’histoire, la culture, la spiritualité ou l’économie. Cette brochette de thématiques appelle des intervenants de différents domaines de compétences. Et comme vous le savez, nous avons des panélistes de par le monde qui sont rompus aux subtilités de leurs spécialités. La liste des panélistes est ouverte, et vous aurez certainement de nouvelles figures au cours de la prochaine édition, mais vous retrouverez tout aussi certainement des visages connus ayant déjà participé aux précédentes éditions.

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LVDK : Avez-vous pensé à une stratégie pour faire salles combles et toucher davantage le milieu estudiantin ?

C’est un fait, les rendez-vous intellectuels suscitent beaucoup moins d’intérêt que les occasions de distractions auprès des jeunes. Certains évoquent la contrainte des coûts d’accès aux conférences qui coûtaient pourtant 5.000 Francs CFA à la précédente édition, mais trouvent le même soir dix fois plus pour prendre des liqueurs en boîtes de nuit. Vous voyez bien que la question des coûts d’accès aux conférences n’est qu’un fragile prétexte. Mais nous savons aussi qu’intéresser les jeunes aux questions importantes de société ne se fera pas du jour au lendemain, car depuis les contenus académiques, un conditionnement mental au désintéressement des priorités du continent a été savamment organisé et planifié. Donc oui, nous mettons actuellement en œuvre une démarche de sensibilisation du maximum de jeunes afin qu’ils comprennent où se trouvent réellement les enjeux de leur épanouissement en tant que peuple.

Entretien avec Valgadine TONGA

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