Limbe : la belle aux charmes envoûtants

Contemporain et confortable, Seme Beach est un hôtel de plage moderne situé à quelques minutes seulement du centre-ville du chef-lieu du département du Fako. Lové dans une anse préservée de cette région du Sud-Ouest que beaucoup s’affairent à saborder sur les réseaux sociaux au nom d’un conflit armé qui aurait pris en otage la zone anglophone du Cameroun, c’est l’un des plus beaux de cette cité balnéaire. Visite guidée !

Il pleut des trombes sur Limbe ce samedi 27 mars 2021. L’extrême fraîcheur nous retient sous la couette. De la fenêtre, quelques voix se font entendre. Qui peut bien sortir du lit douillet de l’hôtel Seme Beach en cette matinée pluvieuse ? Après un regard à travers la fenêtre, nous reconnaissons un groupe de personnes. C’est la grosse équipe du groupe de média Balafon. Elle revient du restaurant où elle prenait le petit déjeuner. Elle a débuté la journée par du sport, question de dégraisser un peu mais aussi de respirer l’air pur de la plage perçu comme un puissant antistress. Pas du tout inquiétée par les caprices de dame pluie, qui ont eu raison des chants d’oiseaux à l’aurore. Il est 9h. Les visiteurs se succèdent sur la plage de Seme Beach. Le temps devient un tantinet clément. Les résidents à l’hôtel sortent se restaurer.

Des enfants tournoient sur les chevaux qui broutent les plantes. Cette ambiance vivante est aux antipodes des croyances pour qui ne vit pas dans le Sud-Ouest. Pour vous faire la confidence, nous avons élevé des prières au ciel avant d’engager la route, dans l’après-midi du vendredi 26 mars. Le chauffeur était plutôt heureux, chantait tel sur une scène. « Excusez-moi si je vous dérange madame. J’adore chanter. C’est une passion», nous dit-il. Et d’expliquer qu’il travaille à Yaoundé mais vit à Limbe. « Vous êtes chanceuse parce que je vis non loin de Seme Beach. Je vais vous déposer à l’hôtel. Je rentre enfin chez moi profiter du doux silence de Limbe.»

Crise sécuritaire

Notre chauffeur de circonstance est un fils du canton Deido à Douala. Il y est né et y a grandi. Mais le côté tranquille de Limbe l’a séduit au point où il s’y est construit. Face à notre phobie de la ville, il rit à gorge déployé avant de se dire choqué : «Madame je viens à Limbe chaque vendredi, je fais les tours dans la ville. Il n’y a aucun problème à Limbe. Arrêtez cette psychose. La vie est simple et tranquille ici, comme ça l’a toujours été.» De la voiture, Limbe que nous retrouvons est pareille à celle d’il y a cinq ans, avant le début de la crise sécuritaire. Noix de coco, avocats, bananes mûres, tapioca…sont disposés sur les étals le long du trajet. Les débits de boissons accueillent les clients avec des baffles qui renvoient des décibels mesurés.

Machette à la main, houe accrochée à l’épaule, une dame et un petit garçon cheminent sur le trottoir. Par endroit, des personnes font l’autostop pour Bakingili. Sur la route, les automobilistes ont tendance à écraser le pied sur la pédale, malgré les contrôles routiers. Pour assouvir notre curiosité, nous engageons une virée au stade de Limbe, au Botanic Garden, à Down Beach et enfin au débarcadère avant de nous poser à l’hôtel. La vie suit son court. D’ailleurs, elle ne s’est «jamais arrêtée. Vous restez à Douala et vous inventez vos choses», lance une vendeuse de poisson frais.

«Limbe c’est calme. Les gens ont peur pourtant il n’y a rien. Limbe respire le calme, la paix, la propreté. Ce ne sont pas les brouhaha de Douala», nous déclare fièrement le gérant d’un restaurant populaire spécialisé dans le Eru, au lieu-dit Rue de La Joie au centre-ville. Ce sont ces charmes qui attirent. L’Hôtel Seme Beach partage ses mêmes atouts. «Nous avons l’habitude de tenir nos réunions à Seme Beach. C’est calme et idéal pour la relaxation. Ce week-end nous sommes venus en famille nous amuser. C’était génial comme toujours. Maintenant nous rentrons à Douala», dixit Mireille Ejangue, en chargeant les valises dans une Rav4.

Ville stratégique

A la tête d’une équipe de vingt-quatre personnes, Cyrille Bojiko, Pdg du groupe Balafon nous explique : «Nous sommes venus passé le week-end pour une formation avec Aimé Singeh, coach en motivation et leadership sur le coaching transformationnel. N’oubliez pas que nous avons lancé une chaîne de télévision et on a recruté de nouvelles personnes. La salle est constituée à 70% de nouvelles personnes qui n’ont pas encore maîtrisé la culture de l’entreprise, nos valeurs, nos missions. C’est aussi un moment de détente pour libérer les énergies positives. Ces temps difficiles que le monde traverse créent beaucoup de stress et coincent le personnel. Il fallait le sortir de son cocon habituel pour l’évader entre le Mont Cameroun et la mer ; surtout dans un décor naturel et un espace aussi prestigieux et exotique qu’est l’hôtel Seme Beach à Limbe.»

Pour Cyrille Bojiko, Seme Beach «est le porte bonheur du groupe Balafon. Radio Balafon est née ici. C’est ici qu’elle a été entièrement préparée et mûrie. Nous avons un lien très spirituel avec l’hôtel Seme Beach, depuis 13 ans. De plus, Limbe est hautement sécurisée, elle n’a pas de problème. Limbé n’est pas militarisée, c’est une ville sûre, la vie est normale. Je vais partout. On a fait croire des bêtises aux gens. D’ailleurs c’est une ville stratégique pour le Cameroun avec la Sonara.»

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«Un genou à terre»

L’hôtel Seme Beach est beaucoup sollicité ce week-end. Dans une autre salle de conférence, le Groupement des femmes d’affaires (Gfac) du Sud-Ouest tient sa réunion mensuelle. «C’est un bon endroit pour tenir nos réunions en toute sérénité, dans le calme et avec tous les services de l’hôtel», informe la présidente Noungon Elisabeth. Le Gfac Sud-Ouest compte actuellement 22 membres. Elles sont natives du Sud-Ouest, même si elles n’y résident pas toutes. «Aucune de nous n’a peur de venir ici. Avez-vous eu un problème susceptible de vous inquiéter quand vous veniez ? Je ne pense pas. On ne dit pas qu’il n’y a pas du tout de problème dans la région, sinon on n’aurait pas toute cette situation, mais on ne peut pas dire qu’il y a un problème pour venir à Limbe ou à Seme Beach.» 

La crise dite anglophone a plombé les activités de la ville, et la psychose qui s’en est suivie a été le coup fatal. «Le taux d’occupation est descendu à 1% et notre capacité brute a chuté de 30%, c’est-à-dire que nous avions auparavant 110 clés, aujourd’hui nous n’exploitons que 70 clés, donc 70 logements», se désole le Directeur général du complexe Seme Beach, Yann Anoko. Et d’ajouter : «Beaucoup d’entreprises ont fermé dans notre secteur d’activités. Seme Beach a peut-être mis un genou à terre mais n’a jamais fermé. J’ai eu beaucoup de collègues qui ont fermé.» Pour se réinventer, l’hôtel consent à s’adapter à une nouvelle sollicitation des clients : «Nous allons remodeler les bâtiments avec les partenaires pour leur donner un visage différent et des fonctionnalités différentes, argumente Yann Anoko. Et d’ajouter, aujourd’hui le client qui vient peut vouloir rester trois, quatre jours à une semaine et peut-être vouloir bénéficier d’un espace confortable pour une durée plus longue. Pourtant le cadre que nous avons se prête à des vacances. Donc nous devons permettre toutes formes d’exploitation et de par le monde vous avez des résidences qui se construisent, qui n’ont pas tous les atouts que nous avons.»

Dormez tranquille, nous veillons sur vous !

Victoria, de son ancienne appellation a un grand combat dorénavant, celui de dompter les «fake news de whatsapp et facebook qui engendrent la psychose. Vous l’avez constaté, Limbe n’a aucun problème», nous confie sous cape, une autorité administrative. Mieux, nous glisse une source sécuritaire, «des actions journalières et nocturnes ont été menées entre Idenau et Limbe (la distance Limbe ‘à Mile 2’ à Idenau est de 44km) pour se rassurer que la population peut marcher à toute heure, sans avoir peur. Les missions terrestres et maritimes y veillent. 90% des missions sont axées sur le plan maritime, parce qu’il y a plus de pirates que de terroristes. En fait, nous avons bloqué une piste qui mène de Idenau jusqu’à Mbongue. Ça a rassuré la population, qui peut quitter de Idenau pour Limbe de nuit comme de jour, sans aucune crainte. Les patrouilles sont faites de manière inopinée en journée et la nuit. La destination Limbe ne souffre d’aucun problème.»

En somme, l’atmosphère vacances est présente partout : sur la plage privée de l’hôtel, sur ses terrasses et dans les chambres au linge de lit clair et aux murs immaculés, esprit maison de bord de mer. Avec son design épuré et son ambiance infusée d’art, cet hôtel comble à coup sûr les esthètes à la recherche d’un pied-à-terre branché et animé. La bâtisse s’inspire des villas italiennes baroques, de l’architecture princière qui transpire des charmes insulaires. Sa déco chic est composée d’objets chinés, de bois clairs ou peints, de teintes pastel et de quelques touches de couleurs. Les couples ne loupent pas une balade en mer, sous le coucher de soleil. C’est un doux euphémisme de dire que Seme Beach est une des grosses attractions de Limbe, la belle.

Valgadine TONGA, de retour de Limbe