Plus apparu en match officiel depuis un an et même écarté du groupe professionnel depuis le mois de janvier, l’international gardien camerounais vit un véritable chemin de croix avec le club turc qui l’avait pourtant accueilli en grandes pompes.
C’est l’histoire d’un talentueux gardien de buts dont l’idylle avec la sélection nationale fanion n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Carlos Kameni, en froid avec Hugo Broos. Adulé par certains sélectionneurs et honni par d’autres, le séjour du dernier rempart révélé aux yeux du monde lors des Jeux olympiques de Sydney, est semblable à une aventure en dents de scie. Tant le bonhomme a rencontré sur son chemin moult écueils et péripéties qui n’ont pas vraiment contribué à lui bâtir une carrière et un palmarès aussi élogieux que celui de ses illustres devanciers à l’instar de Thomas Nkono ou encore Joseph Antoine Bell. Humilié, oublié à dessein, noirci au motif qu’il prenait de l’âge et que ses performances en prenaient fatalement le coup, le patron de la Ick Fondation n’a regagné la tanière qu’en septembre 2018 à la faveur de la première liste de Clarence Seedorf pour affronter la sélection comorienne dans le cadre de la deuxième journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2019.
Le cauchemar Broos
L’homme sortait ainsi d’une longue période sabbatique à laquelle Hugo Broos, l’ex sélectionneur des quintuples champions d’Afrique l’y avait presque contraint. Après le premier forfait à la veille du match amical France-Cameroun de mai 2016, le technicien belge et ses adjoints espéraient que le portier de Malaga à l’époque des faits, accepte regagner les cages des fauves quoique non convoqué pour la rencontre du 03 septembre de la même année (2-0) contre la Gambie. Mais la suite s’était muée en un pugilat verbal par médias interposés entre le coach et son poulain qui a finalement aboutit à une situation de blocage. Trois mois avant l’incident, le dernier rempart des Lions avait décidé, d’envoyer paître le sélectionneur. Une attitude qui sonnait la fin de l’idylle entre le portier numéro 1 du Cameroun d’alors et la sélection nationale. Lui qui avait joué son « dernier match » avec l’équipe le 17 novembre 2015, face au Niger (0-0) à Yaoundé. Même si certaines sources proches de l’équipe nationale justifiaient sa non convocation par le fait que qu’il sortait de blessure, il était difficile que cet argument tienne la route. Surtout que le 10 mars 2016, lors d’un point de presse pour annoncer la liste des joueurs convoqués pour la double confrontation contre l’Afrique du Sud, Hugo Broos arguait que l’ancien gardien de buts de l’Espanyol de Barcelone était son meilleur risque. La suite s’était passée de tout commentaire. Une retraite internationale presque forcée.

L’énigme Can 2019
En signant à Fenerbahce à l’été 2017, Kameni ne savait pas dans quelle galère il mettait les pieds. Vingt mois plus tard, le constat est sans appel : écarté pour d’obscures raisons, le gardien de 35 ans n’a disputé que 16 matchs avec le club stambouliote, toute la saison passée, et il n’a plus aucune perspective d’avenir avec le Fener. L’international camerounais a vidé son sac hier jeudi 21 février, dans une interview accordée à Marca. « Lorsque le nouvel entraîneur, le Turc Aykut Kocaman, est arrivé en novembre, il m’a exclu sans aucune raison. Avec Cocu – licencié en octobre – je n’ai pas joué, mais j’avais un casier au moins », explique l’ancien Havrais qui est même interdit d’accès aux installations de l’équipe première depuis le mois de janvier et obligé de s’entraîner avec les équipes de jeunes.
«Cela n’arrive qu’ici, le football turc est très étrange, incroyable, c’est un autre monde. Avant que je vienne, on m’en avait parlé mais jamais je n’imaginais que cela arriverait. Beaucoup de stars partent fâchés du championnat turc. C’est arrivé à Robin Van Persie, Pepe, Wesley Sneijder ou Lukas Podolski, mais rien n’a changé », a déploré le Lion indomptable, sous contrat jusqu’en juin 2020 mais évidemment très pressé de partir. « J’espère partir cet été, mais je le ferai sans aucun sentiment, c’est très désagréable. Dans quel monde vit-on ? », s’est demandé l’intéressé. Après avoir passé l’essentiel de sa carrière à l’Espanyol Barcelone et à Malaga, le natif de Douala se verrait bien relever un dernier défi en retournant en Espagne. En attendant, après avoir signé son grand retour en sélection il y a tout juste un an, Kameni peut déjà faire une croix sur une participation à la Can 2019 en cas de qualification du Cameroun. Triste fin de carrière !
Daniel NDING