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Sommet Usa-Afrique : entre défis et faiblesses du continent africain 

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Par Charly KENGNE

Expert en questions sécuritaires

I- Grandes annonces et promesses faites à l’endroit des 49 Etats africains invités à ce sommet par les Etats-Unis

Promotion de la bonne gouvernance et la démocratie, investissements, lutte contre l’insécurité… le sommet Etats-Unis/Afrique s’est achevé sur une série d’annonces. 2,5 milliards de dollars pour lutter contre l’insécurité alimentaire en Afrique, 75millions de dollars pour renforcer les institutions démocratiques, ainsi que 100 millions de dollars en assistance sécuritaire… Avec l’annonce de ces fonds destinés à l’Afrique, Washington entend apporter un appui solide au maintien de la paix et la sécurité, à la bonne gouvernance ou encore aux droits de l’homme sur un continent où de nombreux pays sont critiqués dans ces domaines.

Les États-Unis se disent prêts à soutenir une candidature de l’Afrique pour un siège au G20 comme au Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Soit, mais bon… On voudrait bien comprendre pourquoi seulement aujourd’hui et maintenant? Si même l’Afrique arrivait à obtenir un siège au sein de ces grandes instances internationales, quels sont les États qui devront y porter la voix de l’Afrique ? Une fois membre de ces instances internationales, comment l’Afrique fera pour sa contribution financière au bon fonctionnement de ces institutions quand on sait qu’elle-même (Union Africaine) est majoritairement financée par l’Union Européenne ? Autant de questions auxquelles il faudra répondre et qui pour ma part, l’annonce faite aux États Africains, participera beaucoup plus à nous diviser qu’à nous unir.

II- Sommets mal préparés ou mépris des Etats et peuples africains

Au cours de ce sommet, comme dans les précédents du genre avec le bloc occidental, de grandes promesses ont été faites à l’endroit des Chefs d’États Africains. Mais comme par le passé, la légèreté avec laquelle l’annonce s’est faite sans grands détails nous laisse penser que nous sommes là une fois de plus dans les « effets d’annonce » un peu comme l’a fait Emmanuel Macron récemment lors du sommet de Montpellier lorsqu’il annonçait une enveloppe de 30 millions d’euros pour soutenir les initiatives de la société civile en Afrique, sans véritablement nous donner l’origine des fonds ou même encore comment ces fonds seront répartis plus concrètement pour les 54 États Africains.

On se souvient encore de ce 6e sommet UE- AFRIQUE où Bruxelles annonçait une promesse d’investissement en Afrique d’une enveloppe de 150 milliards d’euros (dans les secteurs de l’énergie, le transport, les infrastructures numériques, la santé et l’éducation) parce que selon le FMI les besoins de l’Afrique sur les trois (03) prochaines années à venir se chiffraient à hauteur de 221 milliards d’euros. Et donc voilà l’UE soucieux pour l’avenir des pauvres Africains que nous sommes, nous promettait une enveloppe de 150 milliards d’euros d’investissements sans toutefois nous donner l’origine des fonds ou même encore comment cela serait réparti pour les 54 États Africains.

Lire aussi :Nathalie Yamb : «Nos médias hélas se contentent de répéter ce que les médias des autres ont dit,… au lieu de véhiculer un narratif qui soit à notre avantage»  

Dans la plupart des annonces faites par le bloc occidental aux Etats africains et ce, jusqu’à ce dernier sommet USA-AFRIQUE de façon concrète personne n’est en mesure de vous dire quels montants d’argent ont été débloqués, comment ils ont été répartis et qui en étaient les bénéficiaires. Pourtant de très belles annonces ont été faites.

Pour ma part, je pense qu’un tel sommet comme celui des USA-AFRIQUE en principe se prépare des mois voire des années à l’avance. Rien n’est fait ou dit au hasard. Les annonces doivent être suivies des détails techniques à même de rassurer sur la qualité des bonnes intentions et non juste de simples annonces un peu comme si l’on réagissait en réponse à une menace (Russie, Chine etc…) Ce qui voudrait simplement dire que ce sommet ne proviendrait pas d’une dynamique de construction bien pensée et préparée en vue d’apporter des solutions aux problèmes africains.

Cette façon d’agir qui devient coutumier des pays occidentaux envers les États africains à mon sens, traduit deux (02) choses :

1- le mépris qu’ils (Bloc occidental) ont pour l’Afrique et ses habitants.

2- l’impréparation des États Africains à ces grandes rencontres internationales (notre incapacité à parler d’une seule voix)

III- Développement des Etats africains vu par l’occident : pure distraction 

Contrairement aux annonces pompeuses vendues par l’occident aux États Africains à qui on promet toujours des milliards d’euros et de dollars pour se développer et dont l’impact n’est jamais perceptible ou visible sur le terrain ; on remarque quand même que le contexte Géopolitique mondial assez particulier avec la Crise Russo-Ukrainnienne nous renseigne à suffire sur l’hypocrisie de cette soi-disant « Communauté internationale » autoproclamée à l’endroit des États Africains. Si l’on peut saluer l’annonce faite par les États-Unis avec ce fond d’aide de 55 milliards de dollars sur trois (03) ans pour les 49 États Africains conviés à ce sommet, ce qui fait 18,33 milliards/an pour 49 États invités, le tout pour une enveloppe de presque 300 millions de dollars/an pour chaque État Africain invité à ce sommet Usa-Afrique ; Ce montant (300 millions de dollars) donné aux États Africains, comparé à ce que les États-Unis apportent comme soutien à un pays comme l’Ukraine (simplement pour entretenir une guerre pourtant des solutions de Paix sont possibles) depuis le début de l’opération spéciale militaire Russe nous laisse perplexe.

Lire aussi :Guerre en Ukraine : de qui se moque l’occident ? 

On est en droit de se poser des questions sur le sérieux de nos partenaires occidentaux vis à vis des États Africains. En à peine un (01) an les États-Unis sont à près de 100 milliards de dollars d’aide de tout genre à l’Ukraine. Si on est prêt à donner tant d’argent (100 milliards Usd) à un pays européen juste pour faire la guerre et que de l’autre côté, on est incapable ou alors on se félicite à sortir moins d’un demi-milliard (500 millions Usd)/an pour un État Africain pour après parler de développement, alors cela mérite bien des interrogations.

Aucun développement en Afrique ne viendra de ces pays, qu’ils soient Américains, Européens, Russes, Chinois ou Turcs. Le développement des pays africains se fera non pas avec les aides étrangères mais avec la valorisation de nos capacités internes. « On aide pas un pays à se développer, un pays se développe ». 

IV- La Cia (Central intelligence agency) au cœur de l’organisation de ce sommet Usa-Afrique

On pourrait se laisser flatter par la beauté de ce grand rendez-vous international au point d’en oublier les enjeux huit (08) ans après le premier du genre organisé par l’ex président américain Barack Hussein Obama en 2014. Ce sommet avait comme principal enjeu, le Redéploiement/ Repositionnement des États-Unis sur le sol africain face à la percée des États comme la Chine, la Russie ou même la Turquie dont ils accusent les Africains d’être sous l’influence de leur propagande. C’est à se demander si les Africains sont des êtres irréfléchis ne pouvant analyser le monde et comprendre où se situent véritablement leurs intérêts. Mais bon, nous leurs accordons cette insulte à notre intelligence. Ce n’est pas nouveau !

Lire aussi :Pr. Jean-Emmanuel Pondi : «Les Africains doivent créer un autre pôle de puissance qui répond d’une manière ou d’une autre au Conseil de sécurité de l’Onu» 

On se souvient encore il y a quelques années, le congrès américain adoptait la Résolution « HR 7311117 » intitulée : « Loi sur la lutte contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique ». En lisant toute la résolution, on comprend qu’il s’agira de préparer et d’employer une stratégie de « Soft Power » (aides financières, dons, pressions des institutions financières internationales Fmi et Banque Mondiale, médias et propagandes, Opérations de false flag, Révolutions de couleurs, d’opinions d’Ong telles que Human Right Watch, etc…) qui sera combiné à celui du « Hard Power » (Interventions militaires et possibilités d’élargissement de l’Otan à des pays Africains afin d’y implanter des bases militaires. Voilà pourquoi cette histoire de force anti-putsch en Afrique de l’Ouest devrait attirer notre attention, renforcement des troupes de l’Onu, etc…)

 

Par ces pratiques à savoir l’usage du Soft Power par les États-Unis, il ressort très vite le type de profil des hommes clés qui ont été à la manœuvre tant dans la préparation ou l’organisation de ce sommet que dans sa communication.

Quelques exemples :

1- l’homme au cœur de l’organisation de ce sommet s’appelle Judd Devermont (Directeur Nationale de la Sécurité américaine pour les affaires Africaines) est celui qui au côté de la sous-secrétaire d’État en charge des affaires africaines a organisé cette grande rencontre.

2- Jake Sullivan (conseiller à la Sécurité Nationale des États-Unis) est celui-là qui annonça au cours du sommet le fond d’aide de 55 milliards de dollars pour l’Afrique.

3- Lloyd Austin (Secrétaire d’État à la Défense) est celui-là également qui au cours du sommet n’a cessé de rappeler aux délégations africaines le danger que représente la Chine et la Russie pour l’Afrique au point de voir tout un Chef d’État (Ghana) se plaire à exposer et peindre en mal aux yeux du monde un État frère et voisin (Burkina Faso) comme quoi ils auraient signé des accords de Défense avec des mercenaires Russes (Wagner). Preuve que cette propagande yankee avait bien marché sur certains de nos Chefs d’État africains.

Alors simple question de bon sens, à quoi bon inviter des patrons d’agence de sécurité et de renseignement parler à des Chefs d’État étrangers en lieu et place des diplomates et hommes d’affaires, si véritablement l’intention c’était d’apporter des solutions de Paix et de développement aux États africains ?

 

Vous comprenez très bien qu’ils (États-Unis) sont restés fidèles à leur politique étrangère vis à vis des Etats africains qui s’inscrit principalement dans la pratique et l’usage du « Soft power ». Qui parle de « Soft Power » parle de la CIA.

Félix Houphouet Boigny de son vivant disait :  » Celui qui contrôlera l’Afrique, contrôlera le monde de deux façons : Soit qu’il bloque l’accès de ses matières premières à un bloc ou camp opposé, soit qu’il les utilisent pour son propre compte ». Dans l’un comme l’autre, il est question ici d’empêcher l’Afrique de pouvoir utiliser elle-même ses richesses ou de la transformer sur place pour le bien être des peuples africains. Donc aucun sommet États-Unis- Afrique, Union Européenne- Afrique, Russie-Afrique, Chine- Afrique, Inde-Afrique, Turquie-Afrique n’apportera le développement au continent. C’est à l’Afrique et aux Africains de s’affirmer et de créer les germes de leur propre développement qui sera endossé sur des valeurs internes et des constituants endogènes et non venant de quelque part que ce soit car l’enjeu de tout ce cirque ce sont les  » États-Unis d’Afrique ». C’est dans l’unité de l’Afrique que se trouve notre salut, et nul part ailleurs.

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