Réunies autour de l’association Afrise, des femmes d’Apouh ont outrepassé les recommandations du 13 août 2024 du Sous-préfet d’Edéa 1er et ont investi de force les plantations de la Socapalm pour y planter 6000 rejetons de bananiers plantains.
Dans un communiqué dont notre rédaction a pu avoir copie, le 17 janvier 2025 courant, « la Direction générale de la Socapalm tient à attirer l’attention des autorités administratives sur une intrusion illégale de l’association Afrise dans la concession de la plantation d’Edéa » peut-on lire. D’après nos informations recoupées sur place au village Apouh, les femmes sont ont décidé de défier les consignes de l’autorité administrative et sont entrées de force le vendredi, 17 janvier dans les plantations de la Socapalm. Précisément dans la zone 81B, un espace qui ne leur appartient pas et dont le titre foncier appartient à la concession de la Socapalm, pour y planter 6000 rejetons de bananier plantain.
Ladite surface était précédemment occupée par le palmier à huile, en prévision de replanting palmier par la Société Socapalm. Malgré la présence des FMO sur le terrain ce jour, rien n’a empêché leur détermination. Les populations sont revenues le samedi, 18 janvier pour mettre impérativement leur plan à exécution. Et la Direction générale d’informer que : « Nous avons été informés de l’intrusion d’une vingtaine de femmes riveraines, se revendiquant de l’association AFRISE, dans la zone 81B de notre plantation d’Édéa. Ces femmes, équipées d’environ 6 000 rejetons de bananiers plantains, ont entrepris des activités non autorisées sur cette parcelle », souligne le communiqué. Lequel rappelle par ailleurs que « La zone 81B, incluse dans le titre foncier N° 195/SM et appartenant à la Socapalm, avait été abattue en 2024 dans le cadre d’un programme de replantation. Cette initiative avait cependant été entravée par l’opposition des populations d’Apouh. Aujourd’hui, malgré des conditions climatiques peu propices, ces riverains persistent dans leur volonté d’occuper cette parcelle de manière illégale. »
L’éternel problème de l’espace vital
Au moment où règne une accalmie entre la Socapalm et son grand voisin, l’action de l’association Afrise dont le but est essentiellement tourné vers la lutte pour les droits des Femmes du village Apouh, suscite cependant des curiosités. Car, depuis les événements de revendications successivement survenus les 13 août et 30 septembre 2024 derniers, les riverains avaient empêché la Socapalm de mener des activités de replanting dans ces espaces. Ces tensions qui sont nées depuis mars 2023 sont à l’origine des revendications de l’espace vital par les riverains.
« La situation d’aujourd’hui est la même que celle depuis l’année dernière. Nous sommes là pour une revendication de l’espace vital. La réalité est que le 14 août dernier, les engins ici présents ont été mis en arrêt de travaux par une injonction du Sous-préfet d’Edéa 1er qui a demandé que la Socapalm arrête les travaux. Nous demandons activement l’arbitrage de l’Etat dans cette querelle pour situer chaque partie », affirmait Gustave Olkane Etame, riverain d’Apouh le 30 septembre 2024 lors de la dernière paralysie des travaux de la Socapalm par les riverains. La sortie de Dr Hector Fame, Sous-préfet d’Edéa 1er, avait calmé les tensions et ramené les riverains dans leurs maisons. Comment donc comprendre cette résurgence de violence et cette immersion belliqueuse des femmes de cette association au moment où aucune action n’est entreprise par la Socapalm ? « Nous avions demandé des terres pour y pratiquer de l’agriculture afin de nourrir nos familles. Malheureusement, les autorités nous ont opposées un silence méprisant et nous sommes fatiguées d’attendre. Comme la saison de culture est arrivée, nous avons décidé d’entrer dans les plantations et de cultiver », explique Félicité Ngon Bissou, présidente de l’association Afrise. Il convient de rappeler de ce qui ressort de nos enquêtes que, l’espace que réclame avec véhémence le village Apouh est inclus dans le titre foncier N° 184 du 10 août 1960 détenu en son temps par la SProA. Or, il est connu que la SProA est devenue alors Société des palmeraies de la Ferme suisse (Spfs). Avec la fusion et absorption de la Socapalm, cette dernière en est devenue propriétaire. Ce qui établit de droit, la propriété de ce titre foncier à la Socapalm. Et au cours d’une descente à la Préfecture d’Edéa pour avis, il en était ressorti que « Les titres fonciers de la Socapalm sont originaux et ne souffrent d’aucune contestation. Les mouvements de contestation relèvent du chantage et de la manipulation des populations qui elles-mêmes connaissent la vérité », avait affirmé le 2ème Adjoint préfectoral. Malheureusement, la situation n’a pas évolué sur le terrain et des actions violentes sont toujours menées par les villageois qui revendiquent la rétrocession de ce qu’ils considèrent comme leurs terres. La situation entre la Socapalm et la communauté de Apouh requiert véritablement une attention de l’Etat. Car, lorsqu’il ne s’agit pas de la paralysie de leurs travaux par l’action de la communauté villageoise, c’est l’austérité des femmes à travers l’association Afrise qui peut s’apparenter à ce qu’on pourrait nommer le Bras armé de cette communauté qui prend le relais, tant ses actions sont spartiates et ciblées. Face à cette situation qui dure depuis deux ans et dont l’administration n’arrive pas à s’engager vers une véritable solution de sortie de crise, le communiqué souligne la préoccupation de la Socapalm qui reste tourné vers la voie du droit « Face à cette situation préoccupante, la Direction Générale a saisi les autorités administratives compétentes, pour établir un constat officiel des faits. La Socapalm appelle à une intervention rapide et efficace afin de trouver des solutions durables à ce conflit récurrent, en même temps qu’elle réaffirme son engagement à défendre les intérêts de la Socapalm et à protéger son patrimoine foncier contre toute tentative d’intrusion », lit-on dans le communiqué. La Socapalm sera-t-elle entendue après plusieurs communiqués du genre sans suite ? Ou alors, l’administration attend des risques de débordements pour agir de manière efficace ?
Nous y reviendrons certainement.
Malcolm RADYKHAL EPANDA