C’est ce dimanche, 13 mai 2018 que la randonnée des écrivains nationaux et internationaux a fait tomber les rideaux sur le site de l’esplanade du musée national à Yaoundé. A cette occasion, le ministre des Arts et de la Culture (Minac), Narcisse Mouelle Kombi, a exprimé sa gratitude aux auteurs pour avoir honoré de leur présence à ce salon. Cependant, durant ces six jours de déroulement dudit salon, bien d’universitaires et intellectuels ont dénoncé le déficit de la culture de la lecture des jeunesses scolaire et universitaire.

Face à la presse nationale et internationale le 11mai 2018 sur le site de l’esplanade du musée national, Calixthe Beyala est l’auteure engagée ayant posé le problème de la faiblesse du niveau scolaire des masses sociales. Pour cette romancière iconoclaste, les Africains en général et, singulièrement, les Camerounais, ont la phobie de la lecture au regard du désintérêt pour les écrits de toutes natures. C. Beyala délie sa langue et bat en brèche cette paresse des Camerounais: «Des Camerounais ne lisent pas. Et il n’y a pas que des Camerounais. Il paraît que pour cacher quelque chose à un Noir, il faut le mettre dans un livre. C’est, d’ailleurs, une plaie que nous portons partout dans le monde. Ce n’est pas parce que les télé novelas sont nées que ce phénomène s’est accru».
En dépit de ce dédain pour la lecture, d’autres écrivains moins austères que C. Beyala, Jean Emmanuel Pondi, Gaston Kelman, Eugène Ebodé et Gaston Paul Effa dégagent, en substance, le bien-fondé de la lecture de manière singulière, et du livre en général. Jeanne Louise Ndjanga, essayiste camerounaise domiciliée en France, évoque quelques acquis de l’engagement dans la lecture: «La lecture permet de combattre l’illettrisme, de se cultiver en permanence et de nourrir les activités de l’esprit, socle de l’acquisition d’un capital de connaissances». A cette crise de la lecture, se juxtapose le phénomène de l’ancrage des techno-médias, dont les réseaux sociaux sont le déterminant majeur auquel les jeunesses scolaire et académique vouent un culte. A la question de savoir si le livre sera mis sous le boisseau en raison de la démocratisation de l’internet dans le village planétaire, C. Beyala répond, sans ambages, par la négative: «Quelque soit l’essor des Tic (Technologies de l’information et de la communication) et des réseaux sociaux, le livre existera toujours. Malgré l’enracinement des télés novelas dans la société mondiale, le livre va demeurer».

Bien que des universitaires et intellectuels fustigent l’attitude oisive des apprenants face à la lecture, certains relèvent une lacune quant à l’organisation du salon international du livre de Yaoundé. Ces critiques littéraires auraient aimé, par exemple, voir la délocalisation du Silya dans les lycées et collèges. Question de susciter un taux de participation fort élevé des jeunes aux activités de ce rendez-vous des auteurs. Gaston Kelman, écrivain franco-camerounais, n’hésite pas de relever ce manquement à la fin de ce salon. La 3ème édition du Silya, dont les rideaux sont tombés le 13 mai 2018 à Yaoundé, a inscrit comme thématique générique: «Le livre, outil de consolidation de la paix et de l’unité». Occasion opportune, pour le président de l’association nationale des poètes et écrivains camerounais, de magnifier l’un des temps fort des joutes sur la typologie de l’état du livre exalté à Yaoundé. Pascal Bekolo Bekolo, plus connu sous le pseudonyme de Pabe Mongo, décline l’état festif et l’état réflexif du livre.
Serge Aimé BIKOI