Autour d’une table-ronde avec les forces vives de l’opposition, près de 80 jeunes ont cuisiné les candidats au fauteuil présidentiel, sur leurs projets de société.

«Comment obtenir une participation massive des jeunes aux élections ?» La problématique a réuni à Douala près de 80 jeunes d’associations venant des régions du Grand Nord, du Nord-ouest, du Sud-ouest, de l’Ouest, du Centre et du Littoral. Autour de la table ce jeudi 9 août 2018, candidat et représentants de candidats à la présidentielle du 7 octobre, candidats aux municipales, acteurs de la société civile. Vice-président national de l’Udc et représentant du candidat Ndam Njoya, Sam Mbaka se sert de son histoire pour convaincre les jeunes à s’impliquer massivement dans le jeu démocratique. «En 1990 j’étais jeune comme vous aujourd’hui. La politique c’est l’endurance, c’est une course de fond avec des pointes de vitesse quand il y a les élections. L’avenir c’est la jeunesse. Nous avons eu des jeunes qui ont été utilisés comme du bétail électoral pour bourrer les urnes. Il y a eu des jeunes qui sont rentrés des grandes études de l’Europe et qui sont restés dans les multinationales sans jamais penser à leur pays, comme si les multinationales étaient leur pays.»
«Ce n’est pas de Jésus dont on a besoin»
Il a beau être d’un autre bord politique, Sam Mbaka soutient les jeunes loups en course pour le fauteuil présidentiel. «Aujourd’hui on rencontre des jeunes qui prennent conscience que l’avenir c’est eux demain. C’est déjà quelque chose de très positif. A nous les ainés maintenant de leur expliquer d’où on sort, les objectifs que nous pouvons atteindre parce que nous avons des problèmes sécuritaires, les problèmes institutionnels qu’il va falloir résoudre.» Très attendu par l’assistance, le speech de Cabral Libii Li Ngue Ngue a suscité un salve d’applaudissements. Pour le candidat du parti Univers, le jeune Camerounais a toutes les raisons du monde d’aller voter. «Un jeune est préoccupé par son avenir, l’avenir c’est l’emploi. Les jeunes doivent être attentifs aux programmes des différents candidats, pour déterminer qui est le bon candidat pour lui.»

Que les leaders politiques soient cuisinés sur leurs projets de société n’a pas enchanté tout le monde. Le rappeur engagé Valséro a plutôt invité les jeunes à soutenir les candidats. «Le jeune n’arrive pas à voir le profil du bon candidat parce qu’il se trompe sur ce qu’il cherche. Il ne cherche pas un président, il cherche un sauveur. Ce n’est pas de Jésus dont on a besoin pour sauver le Cameroun, ce n’est pas d’un Saint dont on a besoin. Aujourd’hui les jeunes continuent de voir les gens sur ce qu’ils ont fait de mal avant, et non sur ce qu’ils comptent faire demain», dixit l’artiste.
«Un candidat consensuel»
Pour motiver l’électorat jeune à voter utile, tous les leaders du Mouvement Now de Akere Muna, de l’Udc, du parti Univers parlent de la mutualisation des forces en présence. Sauf que ça traîne, et le doute s’installe. Cabral Libii n’en dit pas moins : «Je l’ai toujours dit, pour se donner plus de chances de victoire, il faut mutualiser les efforts. Je le dis depuis plus d’un an, et je suis heureux que ceux qui ne le disaient pas aient commencé à le dire. Comment on mutualise ? J’ai proposé les primaires de l’opposition qui n’a malheureusement pas prospéré auprès des autres. Je viens encore de formuler une proposition à l’issue de la proclamation des candidatures retenues. Je suggère que les huit candidats de l’opposition se retrouvent, tombent d’accord sur une stratégie pour la surveillance du vote. Parce que c’est absolument important. Il nous faut des représentants dans les bureaux de vote. La mutualisation doit aussi tendre à dégager un candidat consensuel. Comme les égaux des uns et des autres sont parfois difficiles à surmonter, je suggère que nous nous confions à Dieu et au sort.»
Première initiative du genre, ce forum jeune organisé par l’Ong Un Monde Avenir a fait des heureux. Carole Fopa de l’Ong Women network à Bafoussam dans l’Ouest Cameroun indique : «Ma participation à ce forum était très importante parce que j’avais de nombreuses attentes, notamment savoir les programmes politiques des différents candidats qui pourraient susciter que nous les jeunes votions. On a des programmes politiques bien enrichis. Les candidats sont désormais conscients que les jeunes sont une masse importante pour impulser le changement. Le seul souci que j’ai personnellement, c’est qu’aucun candidat ne m’a encore véritablement convaincu sur le processus qu’il compte mettre sur pied pour réaliser les projets qu’ils nous proposent.» Souhaitons que cette attente soit comblée sous peu. La campagne proprement dite débute dans un mois. Pour l’heure, les jeunes attendent vivement la coalition.
Valgadine TONGA