A 30 ans, ce créateur du concept «Tu dors, ta vie dort» par ailleurs député junior de la nation entend impulser l’esprit d’entreprenariat et inculquer certaines valeurs positives chez la jeunesse.
Son optimisme et sa verve surprennent. Loin des discours plaintifs des jeunes de sa tranche d’âge, Paul Henry ou artistiquement Pol’Anrhy, -de son patronyme Ndoumbè Moukouri-, habillé de ses propres créations (tee-shirt, casquette, blouson), exprime plutôt de la fierté. Un peu trop fier de lui en tout cas. Ce petit fils de l’ancien chef de Bonadouma (un des multiples clans et village du Canton Bell à Douala), qui se réclame de la lignée royale, est un entrepreneur aux multiples dimensionnalités. Artiste musicien rappeur, dont le quotidien est la recherche des mots et des rimes bien agencés, il est également un designer assez connu de la place à travers sa ligne de vêtements et accessoires, estampillés «Tu dors, ta vie dort». Un slogan doublé d’un concept créé en 2004 pour inciter, dit-il, les jeunes à se vouer au culte de l’effort. Surtout, en cette période où le découragement dû au manque d’emploi est assez perceptible dans les esprits. « On devient quelqu’un par soi-même et non en comptant sur les autres ».
D’après Paul Henry, les jeunes se plaignent plus qu’ils ne se battent. En tant que privilégié de cette société qu’il juge injuste, il aurait pu croiser les bras et jouir de ses avantages que lui procure son statut. Loin de là ! Bien qu’assez turbulent dans son adolescence, Paul Henry s’est vite ressaisi et a pris conscience de la mission qui est sienne. Celle de leader, appelé à montrer le chemin aux autres. « En dehors de la musique que je faisais, je m’amusais aussi à dessiner, à apprendre un peu de la sérigraphie, estampiller et créer les vêtements qui me convenaient ». C’est ainsi qu’à la longue, à force de fabriquer les vêtements pour lui-même, l’idée lui est venue de mettre sur pied une ligne de vêtements susceptible de satisfaire un grand nombre. Une initiative accueillie avec succès et transformée aujourd’hui en petite structure dont l’auteur peut s’en orgueillir d’employer une quinzaine de personnes. « Il faut savoir transformer les difficultés en opportunités », déclare-il. Un des principes que notre jeune entrepreneur a su appliquer dans ce cas précis. Mais qu’apporte-t-il de particulier dans cette floraison de concepts qui naissent tous les jours ? « Le rapport qualité prix », se défend mordicus notre jeune passionné. « Je ne fais pas seulement les vêtements pour les vendre. Je me donne plus qu’il en faut pour que mon travail soit irréprochable », renchérit-il.
Ce député jeune sélectionné suite à un appel à la candidature et ambassadeur de bonne volonté auprès du ministère des postes et télécommunication avec pour rôle de défendre l’économie numérique et des enjeux des réseaux sociaux, se sert également de sa tribune pour faire passer les messages en soutien à tous les problèmes que rencontre la jeunesse. Une solidarité régulièrement constaté lors des évènements initiés par cette catégorie d’âge et pour lesquels il a été souvent contacté. Un soutien cependant qui n’est pas sans visée. « Il faut édifier les jeunes et je ne peux pas le faire seul. J’ai besoin des alliés ».Paul Henry compte continuer ce travail, dans le cadre d’une tournée académique de sensibilisation qui aura lieu dans les lycées, collèges et les universités, avec la sortie de son album au courant de l’été 2019.
Le licencié en marketing et management dont les parents s’imaginaient plutôt un destin d’avocat se plait bien dans ce qu’il fait. « Plaidoyer n’est pas différent de défendre un produit ». Mais comment ce jeune entrepreneur déjà père d’une petite fille, se voit-il dans 10 ans ? « Je suis encore aux charbons. Ma feuille de route est calée à 50 ans. J’en ai déjà 30. Je ne serai plus au niveau de la fondation. J’aurai déjà bâti deux ou trois niveaux. Dans 20 ans, j’aurai déjà fini le gratte-ciel. Je serai en train de me reposer », conclut-il d’un ton plein d’assurance.
Félix EPEE