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AccueilOpposition camerounaise : les leçons de la coalition (3ème partie)

Opposition camerounaise : les leçons de la coalition (3ème partie)

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Après la tentative ratée de 1992 pour ce qui est de la coalition, les partis politiques au Cameroun traversèrent l’élection présidentielle de 1997 presque sous un air de boycott. John Fru Ndi le challenger principal de Paul Biya, ne se présenta pas cette année-là, contre toute logique politique. Ayant été crédité de 36% en 92 contre 39% pour le président déclaré vainqueur, toutes les analyses le donnait en effet vainqueur cette année-là. Surtout qu’un an plutôt, en 1996 lors des élections municipales auxquelles le Sdf avaient participé pour la première fois, le ras de marré avait été impressionnant dans les grandes villes, pour ce qui est de la gestion des mairies. Après une pareille victoire à la base, la victoire au sommet se profilait en effet, sauf que John Fru Ndi y renonça.

27 ans après la construction de plusieurs formes d'alliances politiques, aucune coalition d'organisations politiques n'a pu conquérir le pouvoir
John Fru Ndi.

Rendez-vous en 2004. Après le passage à vide de 97, les partis semblent remobilisés pour reconquérir le pouvoir. Mais là ils sont conscients que le parti au pouvoir est davantage préparé et les attend. Le regroupement se fait cette fois autour de la Coalition nationale pour la réconciliation et la reconstruction du Cameroun, la Cn2r. Le consensus part d’un projet alternatif qui devait durer 3 ans, un programme de transition. Il s’agissait de mettre de côtés les détails des différents programmes et se concentrer pendant cette période sur l’essentiel, à savoir un bon code électoral, une organisation indépendante pour contrôler ces élections. Ce qui devait permettre d’avoir au bout tout le monde sur le starting block, avec des chances égales.

La recherche de l’onction du peuple

Pour conduire cette équipe de transition, des critères furent définis, présentés et acceptés de tous au départ. Il s’agissait de mettre les garde-fous pour empêcher celui qui devra conduire cette transition de prendre goût au pouvoir et de se laisser tenter. Il fut par exemple décidé que le meneur de la transition jouera un peu le rôle du président du Sénat en cas de vacance au pouvoir, c’est à dire qu’au terme de la transition consacrée au nettoyage des textes, il devait s’abstenir d’être candidat.  Une fois tout le monde d’accord sur les critères et le profil du candidat unique, une tournée d’explication fût entamée sur le plan national. La Cn2r semble bien partie à ce moment. L’un des  meetings historiques est organisé  à Bafoussam le 15 mai 2004, on est à 5 mois de l’élection présidentielle. Les archives de l’époque estiment à 30 000 les militants venus des régions du Nord-Ouest et de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Centre notamment pour écouter le message des leaders de l’opposition, et surtout savoir dans quelle mesure ils pouvaient espérer qu’en octobre le pouvoir changerait de main.

C’était surtout le parfait amour entre John Fru Ndi et Adamou Ndam Njoya notamment. Le meeting avait été préparé par les cadres du Sdf, au premier rang desquels Etienne Sonkeng le président provincial du Sdf et maire de Dschang, Pierre Kwemo député du Haut Nkam et vice-président de l’Assemblée nationale, et Maître Joseph Lavoisier Tsapy, conseiller juridique du Sdf entre autres. Le principal orateur du jour était Adamou Ndam Njoya de l’Udc. Pour la première fois, il dévoila le contenu du programme de la plate-forme mise sur pied. Un énoncé en 110 points dont l’essentiel tournait autour de la lutte contre l’injustice, la pauvreté, la corruption et les détournements massifs des deniers publics entre autres.

Le dilemme : trouver un candidat

Adamou Ndam Njoya.

Après les meetings très courus dans l’ensemble du pays, arriva alors le moment fatidique où il fallait habiller le profil retenu avec un nom et un visage. Tous les critères convergèrent vers Adamou Ndam Njoya, comme aiment encore à le répéter aujourd’hui les fidèles de l’homme de Foumban. Il bénéficiait surtout d’un confort intellectuel, d’une expérience au gouvernement où son passage au ministère de l’Education restait gravé dans les mémoires avec la fameuse colle aux examens. Il avait des attaches à l’international et pas dessus tout, parfaitement bilingue. Le choix porté sur Ndam Njoya, Fru Ndi claque la porte, à la grande surprise populaire. Le démocrate n’a pas pu supporter la démocratie, et l’on se rend compte que l’égo personnel primait encore sur l’intérêt collectif. La Cn2r vole en éclat. Même les cadres du Sdf sont désorientés, parce que la transition profitait non seulement au peuple, mais à tout le monde individuellement. C’est avec beaucoup de déception que les populations regardèrent les leaders des partis déposer leurs candidatures individuellement, et ils ne manquèrent pas de traduire ce mécontentement dans les urnes, où se retrouvèrent 16 candidats au total. En rang dispersés, le parti au pouvoir ne fit qu’une bouchée d’eux, et son candidat fut crédité de 70% de vote. John Fru Ndi se retrouva avec 17%, parti des 36 % qu’il avait eus en 1992.

En 1992 justement, c’est l’Undp qui avait quitté la Coalition, en 2004 ce fut le Sdf. Et à chaque fois, cela a conduit à l’échec. Quand vous perdez, ne perdez pas la leçon, dit un adage. Peut ont dire qu’à ce jour la leçon a été apprise? Peut-on dire qu’à ce jour les Camerounais ont compris que seul on va plus vite mais qu’ensemble on va plus loin ? Qu’est ce qui dans le contexte actuel peut garantir qu’une coalition de l’opposition ne soit pas  juste qu’une coalition de plus ?

A suivre…

Roland TSAPI

Lire aussi : Opposition camerounaise : les leçons des coalitions (1)

Opposition camerounaise : Les leçons des coalitions (…Suite)

 

 

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