Sa Majesté Nkola Begne Théodore Anatole est Chef supérieur deuxième degré du canton Bikelé-Nord dans l’arrondissement de Messaména, département du Haut-Nyong, région de l’Est. Il explique dans cette interview les problèmes auxquels est confrontée sa population du fait de certains exploitants forestiers.
Quelle est la principale activité de la population de votre localité ?
En tant que zone forestière, les communautés sont essentiellement orientées vers les activités agricoles et comme elles vivent de leurs forêts, des ressources naturelles, elles ont été confrontées à un problème sérieux. En fait, nous avons une Unité forestière d’aménagement (UFA) que l’Etat a créé –les UFA ont été créées par l’Etat pour permettre aux populations de se développer, en même temps que cette UFA contribue à aider l’Etat à se développer, et les UFA elles-mêmes s’arrangent à tirer profit de leurs actions, donc un aspect à trois dimensions-. Il se trouve que ces UFA, ayant des accointances avec les autorités administratives locales ne veulent plus se conformer à la loi de 1994, qui leur fait obligation de réaliser les œuvres sociales. Parce qu’elles sont couvertes par l’administration, elles ne veulent plus associer les populations locales. Il y a donc les conflits entre les populations locales et ces forestiers qui sont généralement des exploitants véreux. D’où le problème de la nécessité de former les leaders locaux pour leur apprendre à dénoncer ces illégalités. Ces formations sont à mettre à l’actif des associations comme Foder, avec ses partenaires.
Et comment ça se passe avec les Redevances forestières annuelles, RFA ?
Les RFA transitent par les communes et malheureusement, la quote-part dévolue aux communautés locales ne leur parvienne pas. En réalité, au niveau local, beaucoup ne savent pas ce que c’est que la RFA. Il y avait une gestion opaque au niveau des communes. Les maires n’utilisaient pas convenablement cet argent puisqu’il ne parvenait pas aux communautés locales qui étaient en réalité destinataires, parce qu’il y a une quote-part qui leur revenait. Il y avait donc un problème. Alors, comme ces communautés ne savaient pas déjà ce que c’est que la RFA, il fallait déjà que les gens sachent les avantages de la RFA, qu’ils sachent les mécanismes par lesquels ils pouvaient accéder à ces avantages et même gérer ces avantages. Il y a eu plusieurs formations de Foder en 2016 sur le sujet. J’ai participé à cette formation.
Quel a été l’impact de ces formations ?
Déjà il y a eu une prise de conscience de la part de la mairie qui, ayant vu ce nouvel élan de la part des riverains, a organisé une formation dans le même sens. Ça n’existait pas au par avant. Il a fallu que Foder et ses partenaires commencent pour inquiéter la mairie et la mairie a lancé une série de formations pour sensibiliser les gens.
Est-ce que le citoyen lambda ressent les effets de cette Redevance forestière annuelle ?
Disons que pour le moment ce n’est pas encore palpable. Le gouvernement avait décidé que la RFA devait être de l’ordre de 10%. A la suite de la bataille qu’on a menée, le gouvernement nous a rétrocédé 6,75%. Et là encore ce n’est pas toujours applicable sur le terrain. Mais nous voulons continuer la bataille pour les 3,25% qui sont restés, afin de revenir à 10%. Pour le moment, nous attendons que les 6,75% qui nous ont déjà été rétrocédés soient applicables. Maintenant pour revenir à votre question, le citoyen lambda ressent l’impact des RFA à travers les plans de développement local. Tant qu’il ne les a pas encore vus, il ne peut pas dire que ça existe. Ça va exister dès lors qu’on aura mis sur pied des plans et qu’on va commencer à les appliquer.
Entretien avec Valgadine TONGA