La préoccupation a nourri les échanges de la première journée de la Semaine internationale du management artistique et culturel, qui se tient du 30 mai au 3 juin 2022 au Sénégal.
«La problématique du modèle économique nous interroge tous. Quel modèle économique faut-il pour notre secteur afin d’intéresser nos entreprises et surtout nos Etats? C’est lorsqu’on aura défini le modèle économique qu’on va tirer toute la tranche de métiers et d’opportunités d’emplois de notre secteur», dixit Balima Issouf, Directeur de l’Institut Kôrè des Arts et Métiers du Burkina Faso. Ce programmateur de plusieurs festivals en Afrique s’exprimait devant un parterre de journalistes, de managers, d’opérateurs culturels. Ils sont venus de plusieurs pays à travers le monde et principalement d’Afrique pour répondre au rendez-vous de la Semaine internationale du management artistique et culturel. Un évènement qui a cours du 30 mai au 3 juin 2022 au Grand Théâtre national de Dakar au Sénégal.
Ce rendez-vous initié par l’Association des managers et agents d’artistes du Sénégal (Amaa) permet aux managers et autres acteurs du spectacle de se remettre en question pour passer de l’émotif au concret. Comme l’a souligné Balima Issouf dans son exposé, «la problématique du modèle économique nous interroge tous. Quel modèle économique faut-il pour notre secteur afin d’intéresser nos entreprises et surtout nos Etats? C’est lorsqu’on aura défini le modèle économique qu’on va tirer toute la tranche de métiers et d’opportunités d’emplois de notre secteur. Nous managers devrions commencer à réfléchir non plus avec émotion comme nos artistes, parce que c’est la passion qui nous amène à faire un concert où, à la fin, on éteint les téléphones parce qu’on doit de l’argent à tout le monde. Pendant que l’artiste est dans les airs, les managers doivent garder l’esprit sur terre pour parler avec les partenaires.»
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Président de Amaa, Moustapha Ndiaye poursuit dans la même lancée et ajoute à propos que «l’aspect que le manager doit le plus travailler pour son artiste, c’est l’économie. L’artistique compte, certes, mais il faut surtout réfléchir économie, rentabilité de nos efforts. C’est l’administratif qui rapporte de l’argent.» La rentabilité passe aussi en amont par la connaissance de son artiste, la maîtrise de l’industrie et de ses attentes. «Malheureusement, les Africains jouent pour eux-mêmes, et ils se demandent pourquoi leur musique n’est pas exportable. Leur objectif c’est de jouer uniquement du bikutsi, du mbalax tout le temps. Ça ne va pas sortir. Il faut chercher à cadrer avec d’autres intérêts si on veut gagner de l’argent ailleurs. Il faut garder son originalité, y ajouter des influences d’ailleurs, et éviter de faire une course précipitée vers l’argent en faisant des musiques qui vont mourir aussitôt que sorties», conseille Bouna Ndiaye, producteur et présentateur d’un programme des musiques africaines pour plusieurs radios aux Etats-Unis.
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A côté des exposés, cette première édition de la Semaine internationale du Management est une grande opportunité de réseautage. Raison pour laquelle le Directeur du Grand Théâtre national de Dakar, Ansoumane Sanè, a rappelé dans son discours d’ouverture que la rencontre vise «à mettre ensemble un réseau de professionnels pour des activités artistiques, mais aussi pour un meilleur accompagnement des autorités compétentes en charge de la culture. Aujourd’hui, vous rejoignez un peu l’initiative d’espaces de diffusion parce que comme vous le savez, les espaces de diffusion de l’Afrique de l’Ouest se sont ligués pour créer un grand espace permettant aux managers et aux artistes de faire le circuit de l’Afrique de l’Ouest. Cette synergie entre l’Afrique de l’Ouest et l’association des managers va véritablement nous donner satisfaction.»
Valgadine TONGA, à Dakar