Ce film qui présente le mirage de la France comme eldorado a été projeté en avant-première à Douala ce dimanche 14 mai 2017. « Le Gang des Antillais » est un film de Jean-Claude Barny.
France. 1978. Entre querelles raciales, luttes indépendantistes des colonies, un gang dicte sa loi en plein Paris. Quatre Noirs, tous des Antillais, braquent de petites banques françaises. L’oseille n’est pas le motif premier des braquages. Il est question pour le gang de prouver aux Blancs que les Noirs existent, qu’il faut compter avec eux où les craindre. La bande à Érik Ebouaney, dans le rôle de « Politik » opère d’ailleurs à visage découvert. Les choses se compliquent pour Djédjé Apali (dans le rôle de Jimmy qui incarne le personnage central) qui abandonne sa fillette pour la protégée. « Le Gang des Antillais » est un film où se chevauchent amour, haine, rage, vengeance… Les cinéphiles de Douala ont apprécie le film projeté en avant-première ce dimanche 14 mai 2017 dans la salle de cinéma de Canal Olympia. «Je le trouve très engageant, très intéressant pour la jeunesse. Les costumes, les maquillages étaient vraiment superbes», juge le journaliste Frank William Batchou.
Inspiré d’une histoire vraie, «Le Gang des Antillais » est une adaptation cinématographique du roman de Loïc Léry. Pendant 1h30, le réalisateur Jean-Claude Barny plonge le spectateur dans une époque bien lointaine avec des jeux de costumes, de lumières, des scènes bien adaptés à l’année 1978. Si le décor de l’époque a évolué, les clichés raciaux persistent. «Les choses dont on souffre aujourd’hui sont les mêmes d’il y a des années, donc malheureusement les choses n’ont pas trop évolué», regrette l’un des producteurs (une coproduction avec Serge Lalou), le Camerounais Sébastien Onomo.
«Génération de fils d’immigrés»
«A travers ce film, poursuit Sébastien Onomo, l’idée était de faire comprendre aux Noirs qu’ils ont une histoire. Ils ne sont pas arrivés en France parce qu’ils le voulaient. On les y a fait venir à une époque où on avait besoin de main d’œuvre. Ce qui m’a très vite interpellé dans cette histoire –le roman– c’est qu’elle est un peu celle des Africains. Par rapport à ce qu’on promet aux jeunes ici, ce qu’ils découvrent en France est tout le contraire. C’est ce que mes parents ont connu quand ils sont arrivés en France. Ils ont connu la galère.» C’est pour attirer l’attention des Africains que cette «génération de fils d’immigrés» a jeté son dévolu sur le roman de Loïc Léry.
L’équipe a travaillé pendant cinq ans. «L’auteur du livre a travaillé avec nous, on est resté fidèle a l’esprit du livre mais on sait permis quelques libertés, indique Jean-Claude Barny. C’est un film d’engagement où on a voulu offrir des personnages où des Noirs ne jouent pas les rôles qu’on voit souvent, mais où ils portent des messages forts, des combats.» On trouve dans le film des célébrités comme Jocelyne Beroard, Lucien Jean-Baptiste, Romane Bohringer, Mathieu Kassovitz. Sorti officiellement en France le 30 novembre 2016, «Le Gang des Antillais» côtoie déjà les salles et festival internationaux. La sortie dans cinq autres pays africains est prévue pour la fin de ce mois.
Valgadine TONGA