L’année 2021 a vu un changement fondamental dans la politique de défense et de sécurité d’un grand nombre de pays à l’échelle mondiale. Le budget consacré à la technologie numérique, à l’intelligence artificielle et à la cybernétique a augmenté. Les budgets consacrés au matériel et aux effectifs militaires plus traditionnels sont réduits.
La guerre conventionnelle, voire même traditionnelle telle que nous l’avons connu par le passé semble dépassé. Celle-ci ne repose plus forcément sur les référents d’il y a 20, 30, 40 voire 50 ans aujourd’hui. Où c’est le camp de celui qui détiendrait le plus grand effectif militaire ou encore le plus grand arsenal ou matériel militaire qui aurait un avantage certain en cas de conflit armé ou de guerre ouverte.
La plupart des théoriciens, analystes et stratèges de guerre sont unanimes sur un fait : « La guerre du futur est à nos portes ». C’est quoi la « guerre du futur » ?
C’est ce conflit armé qui va opposer si ce n’est déjà le cas, les grandes puissances du bloc de l’Est (Chine, Russie…) à celui du bloc de l’Ouest (États-Unis et alliés) par l’usage des moyens de technologie avancées. On parle ici d’armes « stratégiques » qui peuvent être :
1- Hypersoniques
2- Spatiales
3- Électroniques
De nombreux aspects d’un conflit majeur entre l’occident et disons la Russie ou la Chine ont déjà été développés, répétés et déployés. Le 16 novembre 2021, la Russie a procédé à un essai de missile dans l’espace, détruisant l’un de ses propres satellites. Au cours de l’été, la Chine a testé ses missiles hypersoniques avancés, capables de se déplacer à plusieurs fois la vitesse du son. Les cyberattaques offensives, qu’elles soient perturbatrices ou prédatrices sont devenues un phénomène quotidien, connu sous le nom de « guerre sans seuil ». Rappelons ici que selon « l’Integrated Review » du gouvernement Britannique, la Chine et la Russie y sont décrites respectivement comme la « Menace aiguë » et le « Rival stratégique » à long terme de l’occident. De quelles armes parle-t-on ?
I- Armes stratégiques : nouveaux outils de la guerre intelligente
A- Les armes hypersoniques et spatiales
L’actualité récente avec la crise Russo-Ukrainienne nous a renseignés sur la dangerosité mais surtout l’efficacité et la précision de ces nouvelles armes stratégiques dont l’une d’elle a été utilisée pour la première fois dans le théâtre ukrainien précisément dans la ville de Lviv à l’ouest de l’Ukraine par les forces aérospatiales Russes. L’arme en question porte le nom de « KINZHAL ».
Alors c’est quoi le « KINZHAL » ?
Le Kinzhal est un missile aéroporté dérivé du missile semi-balistique sol-sol à courte portée « Iskander », en service dans les forces russes depuis 2006. Capable d’emporter une charge conventionnelle de 500 kg ou une charge thermonucléaire, le Kinzhal peut atteindre 2000 km à une vitesse de Mach 10 (sensiblement 12 000 km/h) selon une trajectoire semi-balistique, avec une précision évaluée à quelques mètres en faisant une arme de frappe très préoccupante pour l’Otan. Ceci c’est sans compter l’annonce de l’entrée en service par la fédération de Russie, du planeur hypersonique Yu-74 Avangard, emportant une tête nucléaire et capable de manœuvrer tout en conservant une vitesse de Mach 20. Son équivalent Chinois parlant du planeur hypersonique Russe Yu-74 est le planeur hypersonique Wu-14 dont les caractéristiques restent inconnues mais probablement inférieures à l’Avangard russe avec une vitesse de l’ordre de Mach 10.
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L’occident dans cette course effrénée est en retard dans ces domaines. Les États-Unis ont lancé avec une fébrilité perceptible plusieurs programmes de missiles et planeurs hypersoniques depuis 2018. Mais dans ce domaine d’armes hypersoniques, le plus célèbre et plus avancé des armes américaines reste le missile « PATRIOT » qui combine radar et système de missile d’interception avec une portée annoncée de de près de 2000 km et une vitesse de l’ordre de Mach 05 très loin derrière ses concurrents russes et chinois.
La particularité de ces armes hypersoniques est qu’elles sont capables de neutraliser tous les systèmes de défense aérienne de l’ennemi au cours d’une guerre ou bataille. Ce qui donnerait un grand avantage tactique et opérationnel à l’aviation de frapper les positions ennemies au sol sans véritablement être inquiétée mais mieux encore sans même qu’il y ait de déploiement militaire terrestre sauf bien sûr après capitulation de l’ennemi.
B- Armes spatiales
La Russie et la Chine créent une arme spatiale pour détruire les satellites américains
Selon le « Washington Times » voilà ce qu’a déclaré le commandant des Forces Spatiales, Bradley Chance Saltzman (occupant actuellement le poste de chef adjoint des opérations spatiales, de l’énergie nucléaire et de la cybernétique). Lors d’une audience au Sénat, Saltzman a déclaré que la Russie testait et déployait des armes antisatellites terrestres et orbitales et des cybercapacités, tandis que la Chine se concentrait sur les lasers capables de détruire les capteurs satellites, ainsi que sur les brouilleurs électroniques qui pourraient perturber les communications et la transmission GPS. Par là le commandant des Forces Spatiales américaines attirait déjà l’attention du sénat sur l’urgence de « Repenser la politique de défense et de sécurité » américaine qu’il faut le rappeler est fortement dépendante de ses satellites en orbite terrestre sans lesquels l’armée américaine deviendrait simplement des « punching-balls ».
II- Armes électroniques
La Russie déjoue de plus en plus fréquemment les attaques des systèmes de lance-roquettes multiples M142 Himars de production américaine sur le champ de bataille en Ukraine, indique Cnn. L’engin devient de moins en moins efficace en raison du brouillage radio intense généré par les militaires russes, ont déclaré à la chaîne de télévision cinq (05) sources américaines, britanniques et Ukrainiennes. Selon ces dernières, l’armée Russe utilise des brouilleurs électroniques pour désactiver le système de ciblage guidé par GPS des systèmes Himars (High Mobility Artillery Rocket System). Par conséquent les Projectiles manquent leurs cibles.
III- Conclusion
La guerre telle que nous l’avons connu par le passé est en pleine mutation voir même transformation avec l’émergence de technologies militaires nouvelles de plus en plus sophistiquées mettant en scène la fabrication, comme la production d’armes de plus en plus intelligentes. D’où ce nouveau concept de la « Guerre du futur » qui, loin d’être un mythe ou une fiction, se veut aujourd’hui être une réalité. D’ailleurs elle est là !
Alors face à ces réalités qui sur le plan géopolitique va causer si ce n’est déjà le cas, d’énormes chamboulements à l’échelle mondiale, nous Africains semblons n’avoir pas encore pris la mesure ou l’ampleur de la chose afin de l’intégrer parmi nos urgences. Et comme je ne cesse de le répéter encore et encore, en Afrique l’urgence des urgences reste et demeure la « Restructuration de nos armées ».
Par Charly KENGNE
Géostratège
Expert en questions sécuritaires