En dénonçant via une note les affectations «disciplinaires» des leaders du Syndicat des médecins du Cameroun, le Symec campe sur l’exécution de la grève.
Depuis le mois d’avril 2017, des médecins des hôpitaux publics observent un mot d’ordre de grève -périodique- lancé par le Syndicat des médecins du Cameroun, Symec. Le ministre de la Santé publique a décidé via un arrêté pris jeudi 11 mai courant, d’affecter des médecins. Parmi eux, tous les responsables du Symec. Une affectation que certains qualifient de disciplinaire. Président du Symec, le neurologue Dr Bassong Pierre Yves, en service à l’hôpital régional de Bamenda a été affecté au centre médical d’arrondissement de Somalomo à l’Est du pays. Le Vice-président, Dr Kamta, neurochirurgien en service à l’hôpital général de Douala a été affecté au centre médical d’arrondissement de Ngaoui dans l’Adamaoua. Le Secrétaire général du Symec, Dr Ndoudoumou, précédemment en service au centre médical d’arrondissement d’Akono a été affecté au centre médical d’arrondissement de Mayo Baleo dans l’Adamaoua. Dr Laah, radiologue et responsable de la communication du Symec devra quitter l’hôpital général de Bamenda pour rejoindre le centre médical d’arrondissement de Mozogo dans la région de l’Extrême-Nord.
Ces affectations interviennent à la veille d’une nouvelle phase de grève. Elle aura tout de même lieu, persiste et signe le président du Symec. «La décision N°1388/Minsanté du 11 Mai 2017 du ministre de la Santé publique montre à suffisance que nous ne sommes pas en sécurité en grevant dans les hôpitaux. Ainsi, du 15 au 17 mai 2017, nous vous demandons de rester à la maison pour observer la grève», écrit le bureau du Symec dans un communiqué de presse du 12 mai 2017. Le président du syndicat poursuit : «Nous nous adressons à tous les médecins spécialistes ou généralistes, aux enseignants universitaires, aux résidants : Chers maîtres et chers collègues, participez tous à la grève pour assurer le succès de nos revendications et pour des besoins de sécurité, faites une grève à domicile. Seuls les médecins de garde ou en service aux urgences devront aller à l’hôpital, avec un brassard noir au bras. Dès le 18 mai, nous reprendrons le travail avec chacun un brassard noir au bras pour marquer notre protestation.»
Un salaire de 60.000 Fcfa
Le Symec réclame à l’Etat : la mise en place dans un délai court d’une assurance maladie de base à couverture universelle (sans catégorie et sans rabais) pour améliorer l’offre en soins et permettre l’accès aux soins à tous les Camerounais de toutes les couches sociales ; la revalorisation salariale des médecins du sous-secteur privé sous forme de primes mensuelles ; l’urgence d’une suspension pure et simple des affectations des médecins sans salaire ainsi que la mise en place d’une procédure de traitement accélérée des dossiers d’intégration des médecins ; la révision à la hausse de l’âge du départ à la retraite des médecins en le passant de 55 à 65 ans.
«Nous croyons que nos revendications sont salutaires pour un meilleur capital humain en vue de l’émergence de notre pays à l’horizon 2035 », martelait le président national du Symec, Dr Bassong Pierre Yves dans son communiqué de presse du samedi 15 avril 2017. Pour le médecin neurologue, «rester sans agir c’est être complice des milliers de morts chaque jour dans nos hôpitaux du fait d’un manque de financement des soins de santé ; Rester sans agir c’est aussi continué à supporter l’insulte faite aux médecins qui gagnent 105.000 Fcfa par mois au bout de 13 années universitaires ; Rester sans agir c’est enfin être complice de la misère de ces nombreux médecins du privé en sous-emploi qui gagnent 60.000 Fcfa par mois.»
Valgadine TONGA