Les forces de maintien de l’ordre et les autorités administratives sont mises en contribution pour menacer les enseignants en grève.
Au Cameroun, les enseignants des lycées sont en grève depuis lundi le 21 février 2022. Une grève lancée par le mouvement ‘‘OTS’’ «On a Trop Supporté». «Actuellement on est encore au niveau de la grève passive, c’est-à-dire que les enseignants arrivent normalement à l’école. Ils ont la liberté soit d’entrer dans les salles de classe échanger avec les élèves sur tout sauf de ce qui est en rapport avec l’enseignement. Soit ils restent dans la cour de récréation et discutent de leurs propres affaires. La règle étant qu’aucun enseignement ne soit dispensé», nous expliquait dans une récente interview, le Secrétaire d’arrondissement Douala III du Syndicat national autonome de l’enseignement secondaire (Snaes), Pleg de philosophie au lycée bilingue de Nylon Brazzaville, Raoul Lemopi Tsasse.
Ce jeudi 3 mars 2022, trois éléments de la gendarmerie ont fait irruption dans l’enceinte du Lycée de Biyem-Assi à Yaoundé, pour menacer les enseignants, assis dans la cour. Dans une vidéo prise discrètement par un enseignant, le gendarme invite les enseignants à faire grève à l’extérieur. Et poursuit «soit vous allez en classe parce qu’en restant ici c’est une faute professionnelle. Je ne suis pas venu tenir un débat, je suis venu transmettre un message.» Aux enseignants de rétorquer : «Vous nous envoyez dans la rue pour nous tomber dessus. Nous travaillons dans le lycée et non hors du lycée. Nous resterons ici.»
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Toujours ce jeudi, le sous-préfet de l’arrondissement de Ngambe, Igor Francis Bamock accompagné d’un commissaire spécial de police ont violé l’enceinte du Lycée de Ngambe dans la région du Littoral. Après avoir menacé et intimidé l’administration scolaire ainsi que tous les enseignants du lycée, le sous-préfet a demandé au «proviseur du lycée de lui fournir la liste de tous les enseignants grévistes. Monsieur le proviseur lui a remis la liste de tout son personnel y compris lui-même», raconte un enseignant.
Les leaders du mouvement ‘‘On a Trop Supporté’’ martèlent : «L’enceinte scolaire est un lieu infranchissable et inviolable. Donc aucune autorité, n’a le droit de vous violenter dans l’enceinte scolaire. Les Fmo le savent très bien. Si un enseignant se retrouve hors de son établissement, il n’est plus dans notre mot d’ordre de grève. Respectez le mot d’ordre de grève en restant dans vos établissements. N’ayez aucune crainte lorsque vous êtes dans l’établissement. Ils ne pourront et ne peuvent rien vous faire, à moins que le Cameroun ne devienne un pays de vandales.»
Pour rappel, les enseignants ont produit à l’intention du Président de la République, une liste de 16 réclamations, bien connues des pouvoirs publics. Aucune tentative de dialogue n’a jusqu’ici été entreprise par les pouvoirs publics pour résoudre les problèmes des seigneurs de la craie. C’est dire que les ministères concernés n’en n’ont cure ni des enseignants ni des élèves, encore moins des parents. «Les enseignants sont devenus les essuie-pieds de la République. Les enseignants ne revendiquent même pas l’augmentation des salaires, mais voudraient simplement qu’on leur restitue leurs droits», soutient Raoul Lemopi Tsasse. Parmi ces droits, il y a les frais de participations aux examens 2020-2021, le paiement de la solde, puisque «lorsqu’un enseignant sort de l’Ecole Normale Supérieure, il peut passer jusqu’à 10 ans sans être pris en solde. Une fois qu’il est pris en solde, il est payé aux 2/3. Il y a donc les 1/3 restants.»
D.N.
