L’université de Yaoundé II-Soa a acquis, il y a deux mois, un logiciel “anti-plagiat”. Question de réduire le taux d’élévation de ce phénomène dans les établissements d’enseignement supérieur.

A la faveur de l’acquisition d’un logiciel “anti-plagiat” à l’université de Yaoundé II-Soa, 17 Thèses de Doctorat Ph.d. en Sciences économiques et de Gestion ont été débusquées et recalées par le Recteur Adolphe Minkoa She. Désormais, informe le Recteur dans le magazine de cette institution, les travaux des étudiants de Master et de Doctorat seront soumis à un contrôle anti-plagiat avant la délivrance d’une autorisation de soutenance. Singulièrement, l’enjeu des autorités académiques est de publier en ligne toutes les Thèses de Doctorat et tous les mémoires de Master II soutenus dans cette arène universitaire. Bien de doctorants des différentes disciplines scientifiques ont gardé mutisme quant à l’explication du phénomène du plagiat qui étend ses tentacules dans les arcanes académiques, mais certains, plus téméraires, n’ont pas hésité à lier le plagiat, en général, à une causalité structurelle.
Abel Fehou, Doctorant en Sociologie à l’université de Yaoundé I et enseignant de Vie sociale et de Relations sociales, estime que la première explication est liée à la perception du plagiat comme une modalité systémique caractérisée par la crise des valeurs, des normes de l’institution. Au-delà de ce déterminant générique, il y a l’organisation interne des universités d’État du Cameroun. Selon certaines sources, il n’y a pas un tableau synoptique des Thèses de Doctorat soutenues. C’est du moins ce qu’explique Raymond Ébalé, maître de conférences des universités, enseignant de rang magistral au département d’histoire à l’université de Yaoundé I. «Pour nous qui sommes à l’université, il y a un manque de fichier de recensement des anciens travaux de mémoires et de Thèses, ce qui complique la tâche des directeurs de Thèses qui ne savent si le thème de tel ou tel autre candidat a été abordé antérieurement ou pas», relève l’historien traitant des questions économiques et sociales.
Aussi est-il question de corréler le phénomène du plagiat avec la conjoncture économique contemporaine imputable à la récession qui prévaut depuis la moitié des années 80. D’où l’évocation d’une raison systémique. Pour A. Fehou, «on ne peut pas faire la recherche quand on a faim, quand on est pauvre, quand on n’a pas des moyens de la subsistance quotidienne et aussi quand on n’a pas des moyens financiers pour s’offrir des livres». Quelques étudiants en Master aux départements d’Histoire et de Sociologie et une poignée d’enseignants avaient été sanctionnés pour plagiat des travaux scientifiques de leurs collègues et de leurs pairs. Occasion opportune, pour R.Ebale de fustiger l’oisiveté de ces derniers : «Une cause du plagiat est la paresse. Beaucoup ne lisent pas ne se cultivent pas, ne se documentent pas. A force de ne pas travailler, on devient paresseux et on est enclin à tricher».
Au demeurant, vu l’effectif pléthorique des étudiants encadrés en cycle de recherches, il est impératif que les chefs de département des diverses disciplines réduisent le nombre d’étudiants à encadrer dès le niveau Master. La tâche des enseignants-encadreurs serait amoindrie pour éviter les cas de copiage et recopiage des études scientifiques de leurs prédécesseurs. Il y aurait alors plus visibilité, plus de lisibilité et plus de traçabilité dans le contrôle des actants du circuit d’encadrement des jeunes chercheurs.
Serge Aimé BIKOI
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