L’Ong Servitas Cameroon a rendu sa note en rapport à la participation des femmes au scrutin présidentiel du 7 octobre 2018 ce mardi.
Exit la présidentielle du 7 octobre dernier, les rapports des Ong se succèdent. Ce mardi 15 janvier 2019, Servitas Cameroon, engagée dans le combat pour l’implication de la femme en politique, a rendu son rapport partiel. Il en ressort que les femmes étaient un tantinet plus présentes sur le terrain, par rapport aux précédentes échéances. Mais le bémol est considérable. Les constats effectués sur le terrain par les observatrices de Servitas mettent en exergue la non prise en compte du genre et de la spécificité «femme et politique» dans le fonctionnement des formations politiques ; l’insuffisance de formation politique spécifique à la femme dans les partis politiques ; l’insuffisance des femmes désignées par leur parti politique comme représentantes ou comme responsable au sein des différentes commissions ; la sous représentativité des femmes au sein des délégués d’Election’s Cameroon, dans les commissions électorales.
De manière concrète, note l’Ong, sur un échantillon de 1773 commissions locales observées dans la région du Littoral, 19.503 membres de bureau de vote (un représentant d’Elecam, un représentant de l’administration et un représentant de chaque parti politique) étaient comptés. Mais sur ces 19.503 membres, on a noté juste 1438 femmes, contre 18.065 d’hommes, soit 13,90% de femmes et 86,10% d’hommes. Au sein de l’instance chargée de l’organisation des élections au Cameroun, 18,21% de femmes étaient représentées ; 25,24% représentaient le ministère en charge de l’Administration territoriale (Minat) ; 56,55% représentaient les parties politiques.
Violences physiques

Ces statistiques montrent à suffire le dur combat pour la présence massive de la femme en politique et dans les instances de décisions. Selon la Directrice exécutive de Servitas, les différents acteurs gagneraient à impliquer l’agente féminine dans le processus électoral. «Les femmes constituent la grande majorité de la population camerounaise. Elle ne doit pas être confinée dans les activités annexes. Quand une femme est présidente de bureau de vote, ça rassure les mamans qui viennent voter et qui ne savent pas lire. Nous avons constaté sur le terrain que certaines femmes rebroussaient chemin sans voter parce que très mal reçues par certains membres de bureau de vote, qui n’avaient pas la patience de leur expliquer comment voter. Il y a eu des violences physiques et verbales, ce qui est démotivant», martèle la Directrice Chantal Kambiwa. Qui recommande à Elecam, d’«intégrer le genre dans la formation et l’attribution du poste de président à leurs différents représentants ; mettre un accent particulier sur l’explication des informations contenues sur la carte d’électeur ; intégrer dans son fonctionnement le programme Femmes et Elections ; mieux former ses représentants des commissions locales de vote à l’accueil des observateurs et des électeurs.» Lire aussi :Présidentielle 2018 : Elecam, le bouc émissaire des errements du gouvernement
Au Minat, Servitas recommande entre autres l’amélioration de l’aspect sécuritaire ; la prise en considération du nombre d’observateurs sollicités par les Ong. Pour son cas, Servitas avait sollicité 250 observateurs, mais le Minat n’a accepté que 31, pour la couverture du scrutin dans tout le pays. Aux partis politiques et à la société civile, il est recommandé de d’intégrer dans leur fonctionnement un programme Femmes et Elections. Comme l’a souligné Chantal Kambiwa devant les partis politiques, les représentants de la société civile, le délégué régional d’Elecam, «le Cameroun a pris beaucoup de dispositions pour l’épanouissement de la femme. C’est la mise en application qui fait problème.»
Valgadine TONGA
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