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Cyrille Bojiko : « Ekambi Brillant avait arrêté de s’alimenter»

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Promoteur du groupe de médias Balafon, sa proximité avec Ekambi Brillant et les dernières volontés de l’artiste ont fait automatiquement de Cyrille Bojiko, coordinateur des obsèques dans le Littoral. Entre ses multiples allées et venues au stade municipal de Dibombari où se déroulent les obsèques d’Ekambi Brillant ce 25 février, Bojiko a pu nous accorder quelques minutes dans lesquelles il revient sur sa vie avec l’artiste, son « papa ».

Comment se passe votre rencontre avec Ekambi Brillant ?

J’étais en contact régulièrement avec JM Débalois qui est biographe des artistes. Il a produit beaucoup de travaux de recherches sur les artistes. Ekambi n’était pas dans mon cercle de relation en fait. Ekambi et moi ça fait 12 ans seulement qu’on se côtoie régulièrement. Avant ça, je le voyais comme tout artiste lointain. Un jour il m’a appelé par mon nom, et m’a dit comment il aimait mes émissions et qu’il m’écoutait beaucoup. C’est de là qu’est née la proximité avec Ekambi Brillant.

Cette proximité est à l’origine de tout un pavillon que vous lui avez dédié au sein du groupe Balafon ?

Je lui demande un jour s’il y’a quelque chose dans ce pays (une rue, un monument) quelque chose en son honneur? Il me dit non, il n’y a que les photos. Je lui demande donc si ça le dérangerait que je puisse faire quelque chose pour lui? Il me dit «mais toi qui»? Je lui dis, «moi juste un enfant,  un fan, quelqu’un qui ne voudrait pas que tu disparaisses des mémoires». Il me demande ce que je vais faire. J’explique que je vais construire le siège du groupe Balafon et je voudrais qu’un pavillon porte son nom. Tout un compartiment, un studio. Il me dit, «laisse-moi dormir et je te réponds demain». Le lendemain il m’appelle à cinq heures et il me dit : «Tu sais mon fils, hier tu m’as beaucoup surpris. Il fallait que je reprenne mes esprits, mais c’est une grande joie, je serai très heureux». C’est ainsi que le studio Ekambi Brillant a été construit. Il est venu visiter et m’a dit qu’il va s’occuper personnellement de la décoration. Il a mis ce qu’il voulait là-dedans, il a pris ses choses les plus précieuses, ses premiers 33 tours-45 tours, ses premières images, les premières photos de ses premiers albums, les toiles qu’il avait tissées, il est venu les mettre au studio. Et il nous a dit : «Je vous lègue tout ça». C’est nous qui les avons. Tous les mois il venait voir si le studio marchait bien. Un jour il a organisé un repas pour ce studio. Il avait demandé qu’il y ait une inauguration, en présence du Premier ministre. On a engagé les démarches qui tardaient malheureusement à se concrétiser. Mais c’est le studio le plus photographié de Balafon.

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Ce studio est tout un site touristique au sein du siège de Balafon groupe…

Ce studio a reçu la visite des ambassadeurs américains, des hauts commissaires de Grande Bretagne. Pour nous c’est une fierté. Quand Ekambi Brillant avait des invités de marque, il les recevait dans son studio à Balafon.  Ça nous faisait de la joie de le voir ainsi  heureux à son âge. Et n’oubliez pas qu’il est le premier parrain de Balafon Music Awards. Parce qu’on avait les Balafons d’honneurs mais, c’est avec lui qu’on a institué le parrainage. On avait dit à Ekambi qu’il devrait parrainer les prochaines éditions pour que ces jeunes artistes lui ressemblent. Il a été le parrain des Balafons Music Awards jusqu’à présent. Voilà ce qu’on a pu faire pour lui de son vivant, afin qu’il soit immortel.

Avant d’être enterré ce samedi 25 février 2023 à Dibomari, Ekambi Ekambi Louis Brillant a été élevé au rang de Grand Officier de l’Ordre national de la valeur à titre posthume.
Ekambi Brillant à jamais

Racontez-nous la dernière phase de sa maladie…

Il ne voulait pas que je sache qu’il est malade. Il l’a caché pendant trois mois. Même quand il m’appelait, il ne me disait pas qu’il est alité à l’hôpital. Il demandait de mes nouvelles, mais chaque fois que je voulais le rencontrer, c’était impossible, jusqu’au jour où ça fuite qu’il est à la garnison militaire. J’y arrive tout énervé et je lui demande ce qu’il fait là avec tout ce que je vois ? Il me répond que «je ne voulais pas que tu saches que je suis malade. Je ne veux pas que tu aies mal, je vais sortir d’ici et ça ira.» J’ai donc commencé à m’intéresser à cette maladie. On avait initié les demandes auprès du Chef de l’Etat. Mais ça tardait. J’ai également actionné certains de mes contacts au ministère de la culture, de la santé publique, ainsi de suite. Le jour qu’il devait aller en Turquie il a insisté que la condition c’est que je l’accompagne. Il ne voulait pas monter dans l’avion, sans moi. Il me dit que «tu as un visa américain, tu peux entrer en Turquie». Effectivement j’avais un visa américain en cours au États-Unis qui pouvait m’emmener en Turquie sauf qu’il oubliait que le mercredi avant qu’on l’évacue, le système avait changé. Maintenant avec un visa américain, surtout quand on était Camerounais, il fallait d’abord repasser au consulat pour avoir un nouveau visa. Je ne sais pas ce que le Cameroun avait fait mais c’était ça. Donc, j’étais obligé de le supplier, lui dire d’aller, et que je vais le retrouver. Et finalement on l’a mis dans l’avion mais il me dit avant, «tu arrives » ? Je dis, ‘‘oui j’arrive’’. Je dois le retrouver en Turquie mais j’ai la finale de la Coupe du Cameroun (Bamboutos de Mbouda-Coton sport). Je suis un des responsables de Bamboutos de Mbouda. Je ne peux donc pas quitter le pays avant cette finale. Malheureusement après la finale je veux aller en Turquie, Ekambi m’appelle et me dit plutôt qu’il veut rentrer, qu’il ne veut plus rester là-bas, que je l’ai trompé, je ne suis pas venu. Il a arrêté de s’alimenter, il ne prend plus les médicaments. Son épouse m’appelle en disant «pardon parle à ton père. Il boude. Tu lui as dit que tu venais mais tu n’es pas venu». Je lui dis : «Maman ce n’est pas si facile, ce n’est pas comme si je partais de Douala pour Yaoundé. Mets le téléphone je vais lui parler.» Elle me dit qu’il ne parle même plus. J’insiste. J’étais obligé de le supplier : «Papa  vraiment comprends ton fils. Ce n’est pas de ma faute. Je suis bloqué au pays.» Heureusement que j’avais acheté mon billet d’avion. Je l’ai scanné et envoyé à son épouse. Elle l’a fait voir à Ekambi. C’est ainsi qu’il a cessé de me bouder, et a recommencé à manger.

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Et après son retour au Cameroun ?

Quand il arrive au Cameroun, je vais le chercher à l’aéroport. Ce jour, il me parle d’un concert qu’on va faire, pourtant je vois un malade en face de moi. Il me dit exactement ce qu’il veut pour son concert et il me demande si je serai à la hauteur ? Je lui réponds que oui, je serai à la hauteur papa. Il me dit qu’on fera «un concert avec vingt danseuses, toutes vêtues de blanc. Elles sortiront de l’eau. Ça sera au bord de l’eau, avec deux cent invités, des lumières partout. Ce sera le concert lumière, le grand retour de Mot’a Muenya ».» Lui il sera assis, et on chantera ses chansons, il regardera. Ce sera un honneur pour lui. Il viendra seulement faire une chanson pour le président Paul Biya, afin de le remercier de l’avoir évacué en Turquie. Voilà donc ce qu’il m’avait dit. Il répétait  aussi à son épouse que je vais organiser son concert avec vingt danseuses en blanc, et il sera assis pour voir qui chante bien ses chansons. C’est de cette volonté qu’est venu le concept de la veillée que vous avez vue. On n’a interprété que ses chansons. C’était sa volonté.

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Voilà comment je mets le plein pied dans ses obsèques pour l’accompagner, pour mettre en réalité ses dernières volontés. Veiller à ce que tout ce qu’il m’avait suggéré, même sans parler de sa mort parce qu’il ne parlait pas de la mort, quand on était ensemble il ne parlait que de son concert. Il n’avait jamais su qu’il était malade, il n’acceptait même pas la maladie, pour lui ce n’était pas ça. Il allait recouvrir la santé, il allait faire des concerts, il allait faire un album gospel pour remercier Dieu, ainsi qu’une chanson à l’endroit du président Paul Biya et madame Chantal Biya qui l’a beaucoup aidé. Voilà les projets qu’il avait. Il y a aussi sa fondation qui devait avoir un siège ici (à Dibombari où il a été inhumé) et un autre à Jébalè. Il m’a montré le terrain où on allait ériger la fondation, c’est d’ailleurs où on va l’inhumer. Il m’a dit toutes ces choses-là. Pourquoi moi? Je ne sais pas mais ce que j’ai à faire c’est d’appliquer, c’est de veiller à ce que sa volonté soit réalisée.

Réalisé par Valgadine TONGA

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