Le monde de l’art est émaillé de sensations fortes en tout genre, qu’elles se situent dans l’émotion suscitée par des œuvres exceptionnelles que par des faits plus qu’anecdotiques, qui battent l’actualité. Dans certains cas, on franchit facilement les limites du scandale et des parcours en deviennent marqués pour longtemps. Parmi ces faits difficilement rangeables dans les faits divers, on peut citer le plagiat ou encore des accusations d’exploitation indue d’œuvre d’autrui par leur interprétation. Pour ne pas complétement être largué là-dessus, commençons par évoquer quelques situations qui ont défrayé la chronique ces derniers temps.
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Je me suis déjà longuement étendu sur le cas buzzique de « Tchapeu Tchapeu », dont se disputent les anciens bata cops, HAPPY et les Kankan Boys, même si on peut y refaire un tour. On n’en a pas fini avec que s’amène un autre : mon jeune ami et collègue TAGNE NJEPE William aka T. William est accusé de plagiat d’une œuvre de l’artiste Américain du mouvement popart dans les années 1960-70, Keith Haring ; notamment l’œuvre « Puzzle d’art 1000 pièces », collage. La charge plus interrogative qu’accusatrice a été lancée par le très excellent Landry MBASSI (Artiste visuel, commissaire d’exposition, critique d’art émérite), dans un post publié sur son compte Facebook, dans lequel, il esquisse ceci : « Voir le travail d’un tel artiste être repris par un autre ne peut que susciter le questionnement. Est-ce une manière de le célébrer? S’agit-il d’un « Tribute to… » comme on l’aurait dit sous le ciel new-yorkais? Auquel cas, cela devrait être précisé de manière claire dans le discours de l’artiste. Et dans le pire des cas, je veux dire, s’il s’agit d’un plagiat, la structure promotrice doit être consciente de ce qu’elle encourt comme risque(s). L’œuvre devra(it) être retirée de la circulation, après des excuses dûment formulées aux ayants-droit de l’artiste. Et l’artiste devra(it) tout simplement détruire la pièce problématique. Tous les supports de promotion utilisés pour communiquer autour de ladite exposition / œuvre suivront le même principe (destruction) ». En clair, pour l’auteur de ce pamphlet, si T. William n’apporte pas de précisions sur les origines de l’œuvre utilisée et sur ses intentions motivant pareille usage, il passe pour un plagiaire, avec toutes les conséquences induites par cet acte délictueux.
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Autre situation ayant suscité quelques débats dans les chaumières culturelles, c’est l’interprétation faite par les 2Maleya (ex X Maleya), d’un énorme classique du très regretté EBOA LOTIN, « Martine ». Dans leur album consacré aux reprises des grands classiques de la musique camerounaise, « Racines ». Il se trouve que cette reprise magistrale ne soit pas du goût des ayants droit de la légende, qui reprochent un manque de civilité de la part des interprètes, du fait qu’ils n’ont pas obtenu un arrangement préalable avec les premiers. Derrière, se pose la problématique d’une autorisation requise avant une interprétation d’une œuvre originale, ainsi que les arrangements financiers en rapport avec la clé de répartition des droits générés. D’où la question de savoir : faut-il nécessairement une autorisation des titulaires de droit d’auteur sur une œuvre qui fait l’objet d’une interprétation enregistrée ?
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Une fois que le décor est ainsi sommairement planté, on peut aller à la conquête des données juridiques applicables dans chacun des cas. Ce qui fera l’objet des parties suivantes de cette chronique.
NGAMBI Élie Walter aka NEW