Incapable de concéder l’avance acquise en première période, le Cameroun s’est laissé dévorer par des Super Eagles plus réalistes et plus entreprenants lors des huitièmes de finale de ce samedi 6 juillet 2019 (2-3). Après quatre matchs sans avoir été explosifs ou convaincants, les tenants du titre sont éliminés de la compétition.
Par ici la sortie ! Les champions en titre prennent la porte. Le séjour des Lions en terre égyptienne s’est achevé ce samedi. Le rêve d’une qualification du Cameroun pour les quarts de finale n’était qu’une vue de l’esprit. Les félins sont tombés sur la pelouse du stade d’Alexandrie, poignardés par trois violents coups de griffes contre deux maigres coups de crocs, insuffisants pour abattre les Aigles nigérians dont on ne vendait pourtant pas cher la peau. L’aventure au pays des Pharaons continuera donc sans les « héros de Libreville 2017 » qui sortent de la Can deux années plus tard, par la petite porte. En terminant contre toute attente deuxième du Groupe F, on parlait déjà de déception. Cette fois, c’est l’humiliation.
La faute aux joueurs d’abord qui ont manqué de tonicité dans la construction au milieu de terrain, de ruse pour remporter ce duel 8 étoiles mais aussi de réalisme devant des buts. Virevoltants pendant les 15 dernières minutes de la première période, Eric-Maxim Choupo Moting et ses camarades dont on saluait la remontada, ont été méconnaissables du retour des vestiaires. Mais le tort est également reversé sur Clarence Seedorf qui a encore chamboulé son effectif comme il a l’habitude depuis le début de la compétition. Clinton Njié et Kundé Malong ont débuté la rencontre positionné au milieu de terrain au contraire de Zambo Anguissa, meilleur joueur Total Caf des deux premières rencontres. Georges Mandjeck aussi a retrouvé sa place à la pointe basse du triangle défensif.
Reprise à bout portant
Sous les yeux de la légende nigériane Nwankwo Kanu, son compatriote Odion Ighalo ouvre le score à la 19e minute. Buteur face au Burundi lors de la première rencontre de la phase de poules, le meilleur buteur des qualifications récompense alors son équipe, plus entreprenante en début de rencontre. Il remet le couvert à la 63e minute pour permettre au Nigéria d’égaliser (2-2). Entretemps, il s’est passé bien des choses. La première réplique camerounaise est venue à la 41e minute par Stéphane Bahoken, qui avait surgi dans le dos de Kenneth Omeruo pour battre le gardien des Super Eagles d’une reprise à bout portant. Juste avant la pause, le Marseillais Clinton Njie doublait la mise en remportant son duel, (44e).

Mais le Cameroun est incapable de tuer le match et conserver l’avantage au score. Entre un Bassogog qui perd un nombre incalculables de ballons sur son flanc sans jamais réussir à conclure une action de jeu et un Choupo Moting, friand des pichenettes qui se plaît à échouer chaque fois devant un mur des Super Eagles qui joue haut ; en passant par un Bahoken devenu transparent, les Lions se font bouffer l’autorité sur la rencontre. L’adversaire ayant désormais la maîtrise sur le jeu grâce à un coaching payant de Gernot Rohr.
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L’histoire se répète
Finalement, Alex Iwobi permet au Nigeria de reprendre confiance et l’avantage au tableau d’affichage avec un troisième but (66e). Odion Ighalo, qui hérite d’un ballon, le transmet dans l’intervalle au joueur d’Arsenal, alors que la défense est absente. Alex Iwobi surgit dans la surface et bat André Onana. Les Nigérians mènent alors 3-2. Le Nigeria, qui avait été battu par Madagascar lors de son troisième match (2-0), continue la course au titre après le sacre de 2013 en Afrique du Sud et une longue absence (éditions 2015 et 2017). La dernière fois que les deux voisins avaient eu à croiser le fer, c’était en 2004. Les Super Eagles avaient éliminé les Lions de Samuel Eto’o, présent ce soir, en quarts de finale en Tunisie.
Seedorf, coach maudit
Nos confrères de Jeune Afrique avaient donc raison lorsqu’ils soutenaient que ce Cameroun version Seedorf n’est pas la sélection la plus enthousiasmante à regarder jouer en Égypte actuellement. La tendance serait même à l’ennui. Lors du premier tour, ils ont battu la coriace Guinée-Bissau (2-0), avant deux matchs nuls – dans tous les sens du terme – face au Ghana (0-0) et au Bénin (0-0), deux adversaires qui, à la décharge des Camerounais, n’avaient rien fait pour rendre le spectacle moins sinistre. Le technicien Néerlandais donc, a été nommé l’été dernier, avec son compatriote et ami Patrick Kluivert alors que le Cameroun était qualifié d’office en tant que pays organisateur de la Can.
La décision de la Confédération africaine de football (Caf) de lui retirer la compétition a obligé les Lions à battre les Comores (3-0) en mars dernier pour assurer leur qualification. En douze matches sous la direction de l’ancien milieu de terrain de l’Ajax Amsterdam, le pays de Roger Milla n’est parvenu à inscrire plus d’un but qu’à quatre reprises : face aux Comores, à la Zambie en amical le 9 juin (2-1), à la Guinée-Bissau (2-0) et contre l’inoxydable Nigeria ce jour (2-3). C’est dire que le coach du désormais ex tenant du titre, est maudit !
Daniel NDING