Dans une brève du site internet deplacementspros.com dédié aux voyages d’affaires et aux mobilités professionnelles, on lit cette petite note d’information : « Précédemment prévu à partir du 23 juin 2019, Ethiopian Airlines annonce que le service Addis-Abeba-Lomé-Houston ne sera finalement lancé qu’à partir du 14 décembre prochain. La ligne sera exploitée 3 fois par semaine par un Boeing 787 8 Dreamliner. »
Ethiopian Airlines, c’est la compagnie aérienne éthiopienne détenue à 100% par l’Etat fondée en 1945. Son principal centre d’activités et son siège se trouvent à l’aéroport international de Bole à Addis-Abeba. Elle dessert actuellement 125 destinations pour le transport de passagers, dont 20 en Éthiopie et 44 pour le transport de fret. Disposant d’une flotte de 100 avions avec 68 en commande, Ethiopian Airlines est la compagnie aérienne desservant le plus grand nombre de destinations en Afrique. Son personnel employé était estimé à 13.942 en 2017, la société est dirigée par Tewoldé Gebre Mariam, qui fait son entrée dans l’entreprise en 1985, il y a 34 ans. Après avoir servi dans divers départements il a été promu au poste de directeur général le 1er janvier 2011. Depuis 8 ans, il a placé la compagnie au niveau le plus élevé, et fait d’elle l’une des compagnies aériennes mondiales dont l’activité a connu la croissance la plus rapide au XXIe siècle. Le slogan aujourd’hui adopté est en anglais « the new spirit of Arica », ou le nouvel esprit africain.
Ethiopie, un pays jadis la risée de tous…
Si l’Afrique se vante aujourd’hui de tutoyer les grandes compagnies aériennes mondiale, c’est grâce à l’expansion d’Ethiopian Airlines. L’Ethiopie, c’est pourtant le pays qui, à une certaine époque faisait la honte de l’Afrique, celui qui incarnait la misère africaine. Du début jusqu’au milieu des année 80 en effet, deux famines ont touché le pays dans deux régions distinctes, bien que l’on ait tendance à parler d’une seule et même famille.
La première a affecté le sud-est de l’Ethiopie et était liée à l’offensive menée par le Derg contre le Front de libération Oromo. La seconde, qui est celle à laquelle les médias font généralement référence en parlant de la famine de 1984-1985, était centrée sur les anciennes provinces du Tigré et du nord Wollo, qui se sont ensuite étendues aux province de l’Érythrée, de Bégemder et du nord Shewa. Après plusieurs périodes de sècheresse à la fin des années 1970, en 1980 et 1981 qui avaient été qualifiées de « normale, celle de 1982 fut sans doute la pire que le pays n’ait jamais connu. En février et mars 1983, les premiers signes de la famine sont apparus lorsque des agriculteurs dans la misère ont commencé à se présenter dans des centres alimentaires, Au milieu de l’année 1984, une nouvelle sècheresse et une famine importante avaient commencé à toucher de grandes parties du nord du pays. Il était également clair que le gouvernement était incapable de fournir une réponse à cette crise. Au mois d’octobre, le pays manque d’environ 535 000 tonnes de céréales pour nourrir la population, et ce chiffre dépasse 1,2 million de tonnes le mois suivant. Cette pénurie dans le nord du pays est accentuée par les combats qui se déroulent dans la province de l’Érythrée et aux alentours, empêchant le passage d’approvisionnements.
Bien que des organisations internationales aient fait des efforts considérables pour fournir de la nourriture dans les zones affectées, la persistance de la sécheresse et des mauvaises conditions de sécurité dans le nord ont eu pour conséquence d’aggraver la famine. En outre, l’Ethiopie connut une nouvelle sécheresse en 1985 de telle sorte qu’au début de l’année 1986 la famine s’était répandue vers le sud, d’autant que la même année, le pays fut frappé par une invasion de criquets pèlerins.
…et sous perfusion
A cette époque l’Ethiopie était devenu le mendiant de la planète, et attirait la pitié de tout le monde. Le mot Ethiopien était devenu une raillerie pour se moquer de celui qui était amaigri par la misère. De part le monde, il fallait se mobiliser pour venir au secours de ce pays, et les artistes ne furent pas en reste. En décembre 1984, Manu Dibango lance l’opération Tam Tam pour l’Éthiopie, un titre enregistré à Paris par une trentaine d’artistes africains tels que Mory Kante, Ray Lema, Salif Keita, Sunny Ade, Youssou N’Dour et bien d’autres. Le 28 janvier 1985, aux États-Unis, 45 chanteurs américains se réunissent pour enregistrer la chanson We are the world, produite par Quincy Jones sur des paroles et musique écrites par Michael Jackson et Lionel Richie. Mis en vente au début du mois de mars 1985, l’album fut vendu à plus de 7 millions d’exemplaires et permit de récolter 60 millions de dollars qui seront reversés à l’Éthiopie.

Camair, la défunte 11eme province
A cette époque, le Cameroun était un pays prospère, et l’ancien président Ahmadou Ahidjo qui venait de céder le pouvoir en 1982, se vantait d’avoir laissé un pays suffisamment liquide pour ne pas tendre la main aux institutions internationales. Le pays avait surtout une compagnie aérienne florissante, la Cameroon Airlines faisait la fierté de tous les fils du pays qui l’avaient baptisée la 11eme province. Mais c’était sans compter avec le renouveau, la rigueur et la moralisation qui venait de s’installer aux commandes du pays.
L’Ethiopie n’est pas le seul Etat africain à s’être relevé de ses souffrances. Le Zimbabwé, le Burundi, l’Ouganda sont ces quelques pays qui sont partis de l’abime, ont atteint le point zéro, amorcé leur développement et se retrouvent aujourd’hui sur une voie de développement avec une économie florissante. Le Cameroun lui, sous le renouveau, est parti de pays en voie de développement, est retourné au stade de pays sous-développé, et a continué sa chute pour devenir un pays pauvre très endetté, qui sans honte déclare aujourd’hui que sa dette est encore soutenable, sous-entendu qu’il peut continuer à s’endetter.
Quand ailleurs on crée des richesses et cherche à marcher sur le toit du monde, au Cameroun, la compagnie aérienne qui faisait la fierté a piqué du nez. Elle est devenue un fantôme budgétivore dont la principale activité se résume au remplacement des directeurs généraux. Louis Georges Njipendi Kouotou est le nouveau désigné depuis le 27 mai 2019, le 6eme en 8 ans.
Roland TSAPI