Aucun Préfet du Wouri n’a encore réussi à reculer les maux sévères qui minent la capitale économique du Cameroun. Comment qualifier cette incapacité pour les administrateurs de la ville de Douala à trouver les solutions à ces maux ?
Depuis Bernard Atébédé, le département du Wouri, l’un des plus subversif du Cameroun, a connu 4 Préfets à sa tête : Bernard Atébédé ; Bernard Okalia Bilaï ; Naseri Paul Bea ; aujourd’hui, Joseph Bertrand Maché Njouonwet, avec à la clef, les mêmes recommandations prescrites, à la virgule prêt. En juillet 2008, Faï Yengo Francis, alors Gouverneur de la Région du Littoral, installant dans ses fonctions de Préfet du Wouri Bernard Okalia Bilaï, lui recommande entre autres, la lutte féroce contre le grand banditisme, l’intensification du combat contre le désordre urbain, la fermeture des églises non autorisées, mettre fin aux gestions opaques des marchés de la ville de Douala.
Le 9 novembre 2012, Joseph Beti Assomo à son tour, patron de la Région, installant à la tête du Wouri Naseri Paul Bea en provenance de la Menoua, lui donne les mêmes recommandations : la lutte contre l’insécurité, l’intensification du combat contre le désordre urbain, la gestion du problème des églises de réveil dont certaines venaient d’être fermées par l’autorité administrative, mettre fin à la gestion à l’emporte pièce des marchés où l’Etat est le plus perdant. Le 6 avril 2017 à la Besseké, Samuel Dieudonné Ivaha Duboua, N°1 de la Région du Littoral, prescrit à Joseph Bertrand Maché Njouonwet : la lutte contre le grand banditisme et le désordre urbain, le respect de l’application de la loi sur les débits de boissons, mettre fin à la gestion mafieuse des marchés.
Justice populaire
Qu’observe-t-on sur le terrain ? Des atermoiements sans résultats, toujours avec l’espoir de mieux faire demain. Tout donne l’impression d’assister à un jeu de chaises musicales où le chien aboie, la caravane passe. Sur l’insécurité par exemple, Douala semble aujourd’hui débordée. Des cas d’agressions se multiplient sur le regard indulgent de tous, y compris de ses autorités administratives. En plein soleil de midi, des braquages s’opèrent en plein centre-ville par des auteurs qui parfois interpellés, reviennent le lendemain dire « bonjour » à leurs victimes. Les présumés auteurs de ces actes sont relaxés par les forces de l’ordre où la population a fini par inventer sa propre justice, « La Justice Populaire ».
L’insécurité chronique
Le phénomène de cargos, ces cercueils ambulants du transport urbain, Naseri Paul Bea a presque réussi à le règlementer. Tout comme il a failli réussir à règlementer le secteur le plus accidentogêne des transports, le transport par mototaxis, resté jusqu’ici hors de contrôle. Si le premier combat a été une victoire quasi totale, le second semble être un serpent de mer. Les différentes autorités qui se sont succédées à la tête du Wouri depuis 10 ans, ne savent trop par quel bout le prendre pour le maitriser. Dans la poursuite de la lutte contre le désordre urbain dont le Préfet du Wouri est le président de la plate-forme, c’est surement à coup sûr, le secteur N°1 des défis que devra relever Joseph Bertrand Maché Njouonwet. Si cela a réussi ailleurs, Douala, la ville aux millions de mototaxis, le respect des lieux d’embarquement des passagers vers les Régions de l’Ouest, du Nord-ouest, le Sud-ouest et le Centre restent aussi un combat qui bat de l’aile dans la lutte contre le désordre urbain. Tout comme celui des lieux de commerces où des débits de boissons côtoient les écoles et les centres hospitaliers. Le respect scrupuleux d’ouverture et de fermeture des lieux de détentes et plaisirs malheureusement sources de beaucoup de nuisances sonores et autres déviances devraient être à poursuivre.
L’opacité de la gestion des marchés reste sûrement la plus chaude patate que trouve Joseph Bertrand Maché Njouonwet sur sa table. Les principaux marchés de Douala sont dans un état de chaos généralisé, le désordre et l’insalubrité sont endémiques, l’insécurité chronique. Diverses formules de gestion, de la cogestion à la régie en passant par la concession et l’administration provisoire mises au point, se sont révélés calamiteuses, alors que des sommes faramineuses, plus ou moins justifiées sont prélevées auprès des commerçants. L’une des conséquences de cette gestion à l’emporte pièce est la récurrence des incendies dans les marchés. La sécurité des citoyens étant du ressort de l’autorité administrative, Douala attend du nouveau Préfet avec la confiance d’intensifier la lutte contre le trafic de drogues. Patates chaudes susceptibles d’être relevées quand on connait les moyens coercitifs d’un Préfet.
Emmanuel Yimga