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Biodiversité marine : une lueur d’espoir dans les eaux troubles du Cameroun

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Le projet  Aire marine protégée (Amp) et de pêche industrielle au Cameroun initié par l’Ong Cameroon Wildlife Conservation Society (Cwcs), a été lancé ce mardi 13 décembre 2022 à Mouanko.

Mouanko, commune de la Sanaga-Maritime, dans la région du Littoral au Cameroun. Ici, les activités des populations sont toujours cantonnées autour de la pêche. La nature paie le prix fort aujourd’hui. Il est 13h ce mardi 13 décembre 2022, sur les berges du village Yoyo 1. Quelques piroguiers se préparent à gagner le large. Sous le chaud soleil qui frappe ce village de Mouanko, certains viennent s’affaisser au bord de la mer pour recevoir sur leurs jambes, la gifle des vagues. Maman Patience aurait bien aimé trouver refuge sous un palétuvier. Mais la plage est à sec.

Biodiversité marine : une lueur d’espoir dans les eaux troubles du Cameroun
Des maisons englouties par le sable à Yoyo 1.

La mer avale tout dans ses moments de fureur. «Quand les vagues montent jusque dans les maisons, nous fuyons dans les pirogues», raconte Patience, en pidgin. «Il y a trois ans, quand je suis venu m’installer ici, il y avait des maisons, des bars. Aujourd’hui il n’y a plus que des morceaux de planches. Plusieurs ont été surpris dans leur sommeil par la colère des eaux, en train de déporter tout dans la maison», se souvient John. Quand ce n’est pas la mer qui inonde les cases, ce sont les tonnes de sable qu’elle transporte, qui ensevelissent les habitations. Des maisons de 2,5m de hauteur ont été complètement englouties par le sable du fait de la sédimentation. Et ce n’est pas fini.

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Pêche industrielle

La mer rejoint un peu plus la terre, chaque année. «C’est le changement climatique, dû aux coupes abusives de la mangrove. La mangrove absorbe l’excès de pluie et le rejette en saison sèche. Elle limite l’avancée de la mer. De plus, une importante biodiversité vit dans les mangroves. La mangrove est très vitale dans la lutte contre le changement climatique. Elle absorbe plus de CO2 que les forêts. Sauf que la mangrove est la seule ressource ici pour fumer les poissons», explique Esther Louanga, de l’Ong Cameroon Wildlife Conservation Society (Cwcs).

Biodiversité marine : une lueur d’espoir dans les eaux troubles du Cameroun
Bois de mangrove.

Derrière chaque case du village Yoyo 1, sont entreposés des bois issus de la déforestation des mangroves. C’est pour protéger l’écosystème des mangroves que Cwcs a initié le projet Aire marine protégée (Amp) et de pêche industrielle au Cameroun. Ce projet qui ira de septembre 2022 à août 2024 a été lancé le 13 décembre à la mairie de Mouanko.

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La localité a été choisie du fait de son parc national de Douala-Edea. «Il s’agit d’un parc qui a une composante terrestre et une composante marine. Avant c’était une réserve de faune créée en 1932, et qui a été mutée en parc. Il est passé de 260.000 ha environ, à 280.000 ha environ. La partie marine occupe un peu plus de 100.000 ha. Ce projet vise essentiellement à organiser les activités de pêche dans la partie de l’aire protégée qui est marine», explique le conservateur du parc, Elie Pandonj.  Le parc se vide non seulement de sa mangrove, avec toutes les conséquences, mais la pêche illicite se fait ressentir, comme l’indique Elie Pandonj : «La pêche artisanale et industrielle se côtoient dans cette zone. Et il y a parfois des conflits d’usage liés aux activités des uns et des autres. Les populations vivent ici depuis des millénaires. Elles exercent la pêche artisanale sans que ça n’impacte sur les ressources, mais elles décrient que ces écosystèmes s’appauvrissent de plus en plus à cause de la pêche industrielle

Les Camerounais qui pêchent dans des pirogues de fortune pour la consommation directe et le petit commerce, sont confrontés au lourd arsenal des bateaux de Chinois et pirogues des Nigérians et Ghanéens. Ces communautés développent une pêche abusive et vendent l’essentiel de la moisson dans leur pays. «Ils n’investissent même pas au Cameroun, ils vivent dans des cabanes ici pourtant chez eux, c’est le luxeAvec la pêche industrielle, les poissons se raréfient. Il faut aller jusqu’en haute mer pour jeter les filets. Ce qui n’est pas évident pour les pauvres pêcheurs camerounais», se lamente un pêcheur. Pour tirer leur épingle du jeu, «ils font la pêche illégale en utilisant des remèdes pour saisir les poissons. Ces remèdes tuent tout l’écosystème marin, y compris les petits poissons»,  explique le Coordonnateur de Cwcs, Dr Gordon Ajonina.

Les acteurs de la pêche industrielle ne respectent pas leurs zones de pêche, comme le regrette Gordon Ajonina : «Les bateaux de la pêche industrielle ne devraient pas dépasser 2km de l’espace continentale. Les  bateaux chinois, ghanéens, russes, nigérians font des pêches illicites et illégales au Cameroun parce que l’autorité ne contrôle pas. Ils vident la mer au point de rentrer sur le continent ramasser les poissons et les alevins. Ce qui tue toute possibilité de reproduction des espèces. Au ministère de l’Elevage, des Pêches et des industries animales (Minepia), c’est l’aquaculture qui bénéficie d’un regard, quand il s’agit de la pêche.» L’Union Européenne a déjà adressé des avertissements au Cameroun pour la pêche illicite, non déclarée et non réglementée  (INN) qu’il laisse prospérer sur ses côtes. Et si rien n’est fait pour rectifier le tir, le pays écopera à coup sûr d’un carton rouge, ce qui lui interdira toute sortie de ses produits de pêche dans l’espace européen. C’est ce que veut éviter le Cwcs et ses partenaires avec le projet Amp.

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Avec le projet Amp et de pêche industrielle au Cameroun, il est question «d’accompagner les acteurs qui interagissent dans cette zone, pour une meilleure surveillance communautaire et apporter des éléments pour mettre un terme à la pêche industrielle qui se déroule au large de cette aire protégée dans sa composante marine», dixit Dr Gordon Ajonina. Les représentants des ministères des Forêts et de la Faune, de l’Environnement, de la Défense…sont d’ailleurs associés aux travaux.

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L’une des résolutions attendue à l’issue du projet, est la création d’un plan d’aménagement du Parc national de Douala-Edéa et la mise en œuvre du projet Aire marine protégée. Mouanko a été choisie pour le lancement, mais le projet concerne également le parc national de Kribi (110,3 ha), le parc national de Ndongoré (121.591,2ha) dans le Sud-Ouest. Aucun de ces parcs ne dispose d’un plan d’aménagement, de suivi et surveillance des activités de pêche.

Valgadine TONGA

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