Comment relancer les économies de la sous-région Afrique Centrale en cette période particulièrement difficile due au covid-19? La problématique était au centre du Conseil des ministres de l’Union économique d’Afrique Centrale, ce 10 août 2021 au siège de la Beac à Douala. Dans cet entretien exclusif accordé à La Voix Du Koat, le ministre Tchadien de l’Economie, de la Planification, du Développement et de la Coopération internationale, Dr Issa Doubragne, revient sur les solutions de la Cemac pour une sortie de crise.
LVDK : Le covid était le menu principal de ce Conseil extraordinaire des ministres de l’Ueac. A travers le monde, des Etats ont profité de cette pandémie pour faire valoir une fois de plus leur suprématie en créant notamment des vaccins pour leurs populations. La Cemac compte développer ses propres solutions ou croiser les bras et subir les solutions occidentales ?
Parlant des mesures à prendre entre autres pour lutter contre la pandémie qui se transforme avec les variantes, la sous-région a constaté qu’au moment de la fermeture de nos frontières, nous avons dû acheter des intrants venant de l’extérieur à des coûts faramineux. C’était notamment les intrants pharmaceutiques et les sous-produits. Dans les recommandations faites, il va s’agir de promouvoir toutes les solutions possibles en vue d’investir aussi dans la fabrication dans notre communauté, d’un certain nombre d’intrants notamment pharmaceutiques. Il a été recommandé fortement dans les mesures envisagées, que la sous-région pense aussi à ce que prochainement, elle ne soit plus obligée d’acheter un certain nombre d’intrants à l’extérieur quand elle sera exposée à d’autres pandémies.
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Nous nous inscrivons dans la politique de valorisation au niveau local d’un certain nombre de produits, notamment le vaccin, comme le fait l’Afrique du Sud. Mais il est encore très tôt de dire qu’un pays pourrait déjà l’endosser. Mais il a été évoqué dans nos recommandations que de telles options soient envisagées pour parer à toute éventualité en cas de retour d’une certaine façon de cette maladie. Dans ce cas, nous devrions non seulement avoir accès au vaccin avec le Covax au niveau panafricain ou de la solidarité mondiale, mais aussi, développer des stratégies propres à la communauté, soit dans les investissements, dans la diversification de l’économie mais aussi des investissements dans le développement des firmes pharmaceutiques. Il s’agira à terme d’avoir notre stratégie propre.
LVDK : Pourquoi la question de la pharmacopée africaine est éludée ?
Pour la pharmacopée africaine, il faut d’abord des investissements dans les recherches et l’innovation des savoirs locaux, dans la confirmation aussi de tout ce qui est produit et qui doit être efficace et certifié par les autorités sanitaires mondiales comme l’Oms. C’est encore un autre processus. Au fort de la pandémie, un grand nombre de solutions locales ont été développées mais ne font pas encore l’unanimité du point de vue scientifique. Il reste aussi qu’elles doivent être des solutions développées durablement, permettant aux autorités mondiales de donner leur avis. Pour l’instant nous ne pouvons pas encore parler de pharmacopée qui lutte efficacement contre la pandémie.
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LVDK : Vous savez pertinemment que ça ne se fera jamais. Ce n’est pas demain la veille que l’Oms validera une solution africaine. La pharmacopée africaine a fait ses preuves dans différents pays. Madagascar a essayé de certifier ses produits, il a été buté devant la muraille de l’Oms…
Ça s’est un autre débat. Vous m’avez demandé si nous avons pensé aux solutions propres à la communauté pour répondre au covid. Nous avons répondu que les stratégies sont envisagées à moyen et long terme. A moyen terme en s’inscrivant dans les financements des vaccins qui permettent d’augmenter le taux de vaccination. Et à long terme, il n’est pas exclu que nous puissions investir dans la fabrication des vaccins, si les moyens techniques et financiers le permettent dans la sous-région.
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Entretien avec Valgadine TONGA