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AccueilBépanda Tonnerre : la bouillante

Bépanda Tonnerre : la bouillante

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Entre préjugés et débrouillardise, les populations de ce quartier populaire  de la ville de Douala profitent pleinement de la vie et s’en  donnent à cœur joie.

Il y a des gens qui ne mettront jamais les pieds à Bépanda, encore moins au lieu dit Tonnerre, persuadés qu’ils sortiront détroussés de leurs biens les plus précieux. Sur la route reliant l’entrée Baho à ce faubourg ou le tronçon pavé du côté du carrefour Fontaine, respectivement voies de sortie et d’entrée de Bonamoussadi, Kotto et Makepè et autres quartiers périphériques de Douala, les vitres de nombreux usagers saisis par la peur, sont hermétiquement fermées. Opinion toute faite et une représentation infidèle de la réalité. Car, dans ce quartier populaire qui fourmille de monde et d’activités de jour comme de nuit,  la vie se croque à belles  dents et semble plus paisible qu’on y croit.

Carrefour et gare routière

Tonnerre -délimité au Nord par Bépanda Chao, à l’Ouest par le carrefour Fontaine, à l’Est par Double Balle et au Sud par Safari, point central de tout Bepanda-, est certainement le coin du quartier Bépanda le plus populaire déjà dans le temps par sa forte densité en population. La forte concentration d’habitations et de quelques immeubles défraichis sous le poids de l’âge, collés à certains endroits au centimètre près, sont là pour le témoigner. Point d’espace libre pour servir de parking ni d’un terrain de jeux pour enfants. Le moindre mètre carré est occupé. On se sent presque étouffé. Une tendance qui va en s’accentuant, avec la présence sur ce carrefour,  aujourd’hui, d’une  gare routière, point de départ et d’arrivée pour tous les voyageurs en direction de la région de l’Ouest. La chaussée et les trottoirs sont constamment pris d’assaut  par les cars de transports, les motos taxis, des poussepousses de vendeurs ambulants de papayes et d’ananas découpés, étalages de petits commerçants et les piétons qui vont et viennent d’un sens comme de l’autre. C’est le reflet de la concentration du désordre urbain de toute la ville de Douala réunie.

Mireille vend de l’eau fraiche transvasée dans les bouteilles d’un litre et demi. Installée contre  la station service faisant office de gare, le regard fixé vers la route perpendiculaire à celle qui mène au carrefour Fontaine, elle apparaît plutôt à l’aise dans ce bouillon humain. Elle semble y faire de bonnes affaires en cette période de grande canicule. « Je n’ai pas de soucis tant que je parviens à rentrer chez moi tous les soirs, avec de quoi nourrir mes enfants».

Sur le même côté de la route, à proximité d’une colonne de cars stationnés, Gaby et ses  collègues «chargeur» de bus hèlent les potentiels clients à tue-tête cris. Un rituel bien risqué puisqu’il où il n’est pas exclu de se tromper de cible, surtout qu’un marché se trouve à un jet de pierre. « Notre travail nécessite un minimum d’expérience pour pouvoir identifier de loin un voyageur d’un passant ».

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Tonnerre, une histoire…

Nom qui suscite presque l’hilarité à la simple évocation, Bépanda Tonnerre est né en 1975 à la suite d’une histoire invraisemblable qui coûta la vie à un homme, frappé, dit-on par un tonnerre. Une histoire cependant à plusieurs versions. La première fait part d’un habitant du lieu qui possédait une chèvre que le chien de son voisin avait mortellement mordu. Rendu chez ce dernier pour demander réparation, le propriétaire de la chèvre est sévèrement asséné de coups  par le maître du chien suite à une altercation verbale entre les deux. La victime prend les autres habitants du quartier à témoin. Ils essaient en vain, de persuader le maitre du chien à payer la chèvre. Comme si cela ne suffisait pas, le propriétaire de la chèvre devient l’objet de railleries de son bourreau.  Irrité et humilié, il décide, pour se venger de lui envoyer le tonnerre. Et comment ? Un jour, alors que le «bourreau» assistait à l’inauguration d’un bar, il s’est mis à pleuvoir. Un éclair a entaillé le ciel. Il s’est dirigé vers le bar et l’a foudroyé au milieu des invités.

L’autre version dit plutôt que ce monsieur était accusé de flirter avec la femme d’un voisin avec laquelle il vivait non loin du carrefour où le tonnerre l’avait foudroyé alors qu’il prenait un pot avec les amis. Bref, c’est en souvenir d’un de ces événements tragiques et mystérieux que les populations ont baptisé le lieu Carrefour Tonnerre.

Il y a des gens qui ne mettront jamais les pieds à Bépanda, encore moins au lieu dit Tonnerre, persuadés qu’ils sortiront détroussés de leurs biens les plus précieux.  Bépanda Tonnerre est né en 1975 à la suite d'une histoire invraisemblable qui coûta la vie à un homme, frappé, dit-on par un tonnerre. Une histoire cependant à plusieurs versions. La première fait part d'un habitant du lieu qui possédait une chèvre que le chien de son voisin avait mortellement mordu. Rendu chez ce dernier pour demander réparation, le propriétaire de la chèvre est sévèrement asséné de coups
Bépanda Tonnerre et son porc braisé.

Tonnerre, lieu de plaisir

Lieu de réjouissances, Bépanda Tonnerre l’est aussi. L’attraction exercée par l’existence de nombreuses agences de voyage en cet espace, naguère calme aux dires de nombreux riverains, a fait de cet endroit l’un des plus bruyants et le lieu de plaisir le plus fréquenté en soirée dans la ville de Douala.

Dans les snacks bars huppés, ceux où toutes les catégories sociales sont recensées, ou des bars réservés aux hommes du troisième âge, la bière coule à flot. Sous fond de décibels retentissants aux rythmes du pays et d’ailleurs, les voyageurs en attente de l’heure de départ tuent le temps en sirotant leurs boissons.

« Beau regard »

A Bépanda Tonnerre, la rue de la joie doit sa réputation aux belles de nuit, installées sous la pénombre. Une obscurité voulue par les prostituées, pour donner du courage aux clients hésitants.

L’autre particularité de Tonnerre, est à n’en point douter son porc braisé. Le fameux « Beau regard », comme on a coutume de le nommer, attire par les senteurs de ses grillades, les visiteurs de tous les horizons. Cette spécialité du coin, essentiellement des populations venues de la Ménoua, est devenue avec le temps un délice prisé par l’ensemble des communautés qui peuplent cette zone. Notamment les Baham, les Bandjounais, les Bafang, les Mbouda et les Dschang qui vivent en parfaite communion  et s’arrangent à se donner ensemble un cadre de vie paisible et agréable. Pour cela, des mesures collégiales sont mises en place, en occurrence, les barrières d’autodéfenses pour refouler les brigands tentés de s’infiltrer dans le quartier. «Nous nous connaissons tous. Les voleurs qui opèrent ici viennent plutôt d’ailleurs », affirment-ils. Des actions sont  aussi prises au niveau de la gare routière. « Les sacs des voyageurs égarés sont gardés et restitués aux propriétaires »,  indique Dieudonné Donfack, vigile  dans l’une des multiples agences de voyage présentes sur les lieux.

Sauf que, dans ce secteur, comme dans tous les quartiers de la ville de Douala où le taux d’insécurité est, aujourd’hui, grandissant, il n’est plus prudent de flâner à une heure indue de la nuit. Il est d’ailleurs conseillé aux voyageurs de rester en l’intérieur des agences ou dans leur car jusqu’au petit matin.

Félix EPEE

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