Au cours d’une exposition qui se tient en ce moment à l’Institut Français du Cameroun antenne de Douala, l’artiste plasticien et photographe Max Mbakop promène le visiteur dans le nationalisme historique, où l’hommage des mânes tutoie l’importance de faire un retour vers son essence.
Dans les sciences sociales, et précisément en psychologie, le vocable Réminiscence constitue un faisceau de signifiés. Dans le sens commun, c’est le retour à l’esprit d’un souvenir qui n’est pas reconnu comme tel. C’est sans doute de cette considération que le plasticien Max Mbakop, photographe à la base, s’inspire pour faire un retour aux sources et rendre hommage à ceux qui se sont battus pour que notre pays demeure libre, mais qui aujourd’hui ne sont plus.
A travers une exposition solo « Réminiscence » qui s’est ouverte à l’Ifc de Douala depuis le vendredi, 02 décembre 2022, le poète de la photographie et de la gravure Max Mbakop revient sur le combat de nos martyrs. De Rudolph Douala Manga-Bell à Alexandre Biyidi Awala dit Mongo Beti, en passant par Um Nyobè, Ernest Ouandié et autres, l’artiste rend hommage. Si à travers la gravure sur plexiglas l’artiste grave l’image de ces figures historiques, il veut surtout graver et planter définitivement dans la mémoire collective, le combat social et historique de ces personnes qui ont accepté que leur sang soit versé afin que nous puissions être indépendants. A travers ce travail l’artiste se dévoile comme un être spirituel, qui vit dans une perpétuelle introspection.
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«La démarche de mon travail revêt un caractère spirituel et une charge émotionnelle. Car pour moi, il était hyper important de les célébrer. Tout Africain à la recherche de ses traditions sait qu’en Afrique, lorsque nous perdons un être cher, nous devons lui rendre hommage. Mieux, lorsque celui-ci a posé des actes forts dans la société, nous devons fortement lui rendre hommage. Auquel cas, ce dernier va errer dans l’invisible firmament. Ce qui le rendra mécontent. Or, lorsque nous jetons un regard froid dans la situation de notre pays, nous constatons que tous ceux qui ont versé de leur sang pour l’amour de ce pays, ne sont pas contents. Et la conséquence est que nous passons par des situations compliquées.»
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Max Mbakop est avant tout un photographe. L’envie de rompre avec la monotonie et le goût du challenge l’ont conduit à une nouvelle technique. C’est alors qu’il découvre une voie qui lui servira de passerelle pour mieux communier avec le public. Le fait pour le public d’approcher le plexiglas avec le téléphone est déjà une interaction avec l’artiste et son œuvre. « Le plexiglas est une matière plus fragile que la pierre, imaginons tant soit peu la délicatesse que l’artiste a pris pour faire ce travail. » affirme Viviane Maguela, la Commissaire de l’exposition. Pour elle en effet, «le travail artistique de l’auteur amène le visiteur à aller chercher une chose qui n’est pas donnée à priori. En fin de compte, l’artiste nous convie à nous retrouver nous-mêmes. La vie est donc une interdépendance du passé, du présent et du futur. Et aucune de ces trois entités n’existe en dehors de l’autre. Elles forment un triptyque. Et toute société qui tient compte de ces réalités vie dans l’épanouissement.»
Malcolm Radykhal EPANDA