Faite de laine et de tissus exotiques peu utilisés dans la couture moderne, la nouvelle collection de vêtements de Tatiana Kona a été dévoilée le 10 février 2023 à l’occasion du ‘‘The Best Fashion show’’. L’évènement s’est tenu dans l’arrondissement de Douala 3ème, du 7 au 12 février. Dans cet entretien, Tatiana Kona parle de sa nouvelle collection, portée par son label Tak Design.
Lvdk : Voulez-vous nous parler de cette collection que vous présentez aujourd’hui à cet évènement de The Best Fashion show ?
La collection que je vais présenter aujourd’hui est effectivement nouvelle. Cette collection, je la prépare depuis très longtemps. J’y travaille depuis un moment. La particularité de cette collection est que j’ai joint les matières qu’on ne trouve pas régulièrement dans la mode. J’ai joint de la laine avec du tissu, du pagne. Je mixte tout cela ensemble avec des accessoires, des perles et c’est ce qui fait la différence de cette collection.
Lvdk : Quelle est la cible de cette collection ?
La cible c’est tout le monde. Parce que j’utilise des matières et des tissus de tous les jours. J’ai fait un tour ces derniers temps et j’ai redécouvert et apprécié le tissu d’iroko que nos grands-parents arboraient fièrement. Il y a longtemps que j’attendais parler d’Iroko avec ma grand-mère. Avant, c’était un tissu qui n’était pas très noble. Aujourd’hui, il est de plus en plus rare. C’est un tissu qui n’est vraiment pas cher. Ce qui fait qu’on ne le classe pas parmi les tissus de luxe. Moi, j’apporte ce côté chic. Aujourd’hui, qu’on le veuille ou pas, nous sommes des Africains modernes. Donc, j’ai modernisé ce tissu, j’ai apporté un côté chic à cette matière.
Lvdk : Combien de collections avez-vous déjà produit ?
Je fais des collections tous les jours. Je n’ai même pas encore exposé certaines. La collection que j’expose aujourd’hui est la quatrième. Mais, j’ai beaucoup de collections dans ma penderie.
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Lvdk : Comment se portent ces collections que vous mettez sur le marché de la mode ?
Je dirais que le marché ira bien, parce que de plus en plus, les Africains apprécient nos créations. Ils veulent s’habiller en africain. Ils apprécient de plus en plus les pagnes et les tissus africains. Il y a par exemple le ndop du Nord-Ouest, que beaucoup d’africains découvrent. Même pas seulement au Cameroun, mais partout en Afrique. Mais pour le moment, nous ne pouvons pas encore dire que nous avons un réel retour sur investissement. C’est peut-être dû au contexte économique. Face à cela, on est parfois obligé d’utiliser les matières abordables afin que tout le monde s’habille avec cette nouvelle tendance. Mais au-delà de tout, c’est un bel exercice, parce que j’apprends à sublimer ce qui est simple. Les tissus simples qu’on rencontre, je les sublime, je leur donne plus de beauté.
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Lvdk : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour présenter une collection comme celle-ci ?
Les gens ne mesurent pas le temps qu’une telle création implique. Une tenue peut te prendre toute une semaine, ça dépend de ce que tu veux faire. Quand le client vient acheter, si on lui dit le travail qu’on y a mis, le coût sera certainement plus élevé. On travaille dur pour gagner peu. C’est la principale difficulté que nous avons. Ce n’est pas du tout évident.
Entretien avec Blanchard BIHEL