Briser les barrières musicales, démonter les codes. Sol’E a prouvé au public de Douala que c’est possible. Son concert du vendredi 12 avril 2019 à l’Institut français a fait foule.
Sol’E en spectacle au Cameroun. L’évènement suscite plusieurs interrogations. Comment compte-t-il allier Jazz et Hip-Hop sur une même scène ? Y aura-t-il des spectateurs ?… Par curiosité, nous allons au rendez-vous. Surprise ! La salle est pleine. Des tout-petits aux personnes du troisième âge, le public est varié. Mais à lire sur les visages, beaucoup ne savent pas à quoi s’attendre. Ayriq Akam va vite donner le ton.
Sur une intro aux sons du piano, il déroule le fil de son amitié de dix ans d’âge avec Sol’E. Ce soir, il se veut «Jean Baptiste, le gars qui annonce Jésus. Pour moi c’est une responsabilité énorme de l’annoncer. Sol’E est un ami, un frère», slame-t-il. Le voilà ! L’enfant prodigue, parti pour se trouver est de retour. C’est son premier concert au bercail. Soli Ngosso, de son vrai nom, fait une montée tonitruante sur scène. Les projecteurs illuminent son visage d’enfant. Dans son ensemble noir semblable à un kimono, il est droit dans ses baskets. Le gars impose son flow sur un beat entraînant. Comme le dit son titre, Sol’E e wa (Sol’E est là, en langue duala). A la technique, ce n’est pas la platine, mais des musiciens qui assurent. Chanter du Hiphop sur de la musique Jazz. Il fallait y penser.
Le jazzy rapper savoure sa «chance de montrer au mboa, ce que je joue ailleurs. Le sentiment n’est pas identique.» Avec une plume affinée à la Youssoupha, un lâcher prise sur le podium, le public achète. L’amour. Sol’E fait de cette thématique la toile de ses chansons. Il parle aussi des problèmes du quotidien, les violences conjugales et les humiliations qui recouvrent la mère battue. Le duo avec Ayriq signe la fin d’ 1h30 de show.
Auteur, compositeur, parolier, Sol’E est lauréat de ‘‘The Akademia for Artist of Year’’ et ‘‘The Akademia executive Award’’ aux Etats-Unis.
Valgadine TONGA