Sur les planches de l’Ifc de Douala jeudi dernier, l’artiste et non moins ex membre du groupe Korongo Jam, a partagé près de deux heures de liesse et de pur bonheur avec son public.
En famille. Kareyce annonce les couleurs dès sa montée sur scène. ‘‘Loussi’’ (lève-toi en Ghomala) convie les spectateurs à un standing ovation. Ils ont fait salle comble ce jeudi 7 novembre 2019 à l’Ifc de Douala. On lui connait une dose de folie quand elle prend le pouvoir devant son public, mais quand elle se sent en famille, alors c’est un autre délire. Dans une joie de cour de récréation, elle lance des piques à ses musiciens, les choristes n’y échappent pas. On n’est pas à un concert classique. Comme le dit l’artiste, «quand je suis en concert à Mbeng je stresse jusqu’à, même quand je suis ici ? On est en famille, c’est la maison.»
Parce qu’on est entre nous, Kareyce propose au public une séance d’écoute de titres inédits, pouvant faire partir de son prochain album. Pour éviter que les experts en piraterie des œuvres de l’esprit n’en fassent un hold-up, tous les appareils sont sur pause. «En général, explique-t-elle, je viens avec des albums déjà fait que je propose au public. Cette fois, j’ai composé des titres et je veux que le public choisisse les chansons qu’il aimerait garder pour le prochain album. En fonction des réactions des gens, je peux déjà savoir quelle chanson on garde, quelle chanson je dois parfaire.»
Régal
C’est plus qu’évident que ‘‘Magic Woman’’ fera un tabac dans le prochain album. Les youyous, les vivats, la joie que cette chanson a reçue en guise d’acquiescement, en disent long sur son avenir. D’autres titres comme ‘‘Don’t Mixt’’ passent aussi au crible des juges. C’est validé. ‘‘Brisons le silence’’ inspiré d’une histoire réelle de viol qui s’est passée à Nkongsamba lui fait couler quelques larmes. Mais pas question de se quitter sur une note triste. Rejoint sur le podium par Sanzy Viany pour le titre ‘‘Azany’’, le public savoure ce régal qu’offrent ces deux charmantes voix doublé d’un show scénique décalé. On danse du Soukouss sur ‘‘Ndolo’’, et ça va très bien, tout comme le duo de Kareyce et Danielle Eyog sur ‘‘Goma’’. Treize titres au total sont servis sur des notes de Jazz, de Benskin, de Samali…de Bikutsi.
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Porté par l’ingénieux Michel Mbarga à la guitare, les musiciens se surpassent. Hervé Kuipo au piano, Frédéric Dipita à la basse, Stéphane Ndie aux percussions, Philippe Wandji à la batterie. «Aujourd’hui vous avez eu une cuvée du centre culturel La Case des Arts située à Essos. Il n’y avait que deux qui sont mes musiciens professionnels, le batteur et le guitariste. C’est une démarche normale parce qu’il est temps qu’on valorise ces jeunes», explique l’artiste. Toujours dans cette ambition de valorisation des jeunes talents, Kareyce offre sa première partie à la gracieuse pépite Share’On, en constante progression. Sur le titre ‘’Magic Woman’’, le public découvre quelques jeunes percussionnistes qui ont suivi les masters class de l’ingénieur de son de Kareyce, Ludovic Citerne, en provenance de Belgique.
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Après le spectacle décalé de jeudi, Kareyce enchaine vendredi dans la même salle, mais avec un autre répertoire. «Le spectacle a été divisé en deux soirées parce que la dernière fois que j’ai fait le concert à l’Institut français, la salle était tellement pleine qu’on a dû décentralisée au Castel Hall. J’ai voulu garder l’Institut français parce que c’est la première salle qui accueille mon spectacle de manière professionnelle il y a dix ans», explique-t-elle. Kareyce fait partie de ces artistes qui ont gardé leur âme d’enfant, et on adore ça.
Valgadine TONGA