Le seigneur des cabarets et grand interprète reconnu de Makossa a confirmé tout le bien qu’on pense de lui au cours de son spectacle du 24 mai dernier à l’Ifc à Douala.
Il était assez attendu. Pour son tout premier show grand public, Kaïsa Pakito est sorti de ses cabarets de la ville de Douala. Le public est présent. L’artiste n’en est aucunement intimidé. Il en a l’habitude. L’ancien sociétaire des Sans Visas est coutumier des foules aux côtés de Petit Pays et lors de ses prestations parcellaires pendant les grands évènements.
Il monte sur scène après un court speech en voix off de Martin Camus, journaliste et patron de Radio sport info (Rsi). En fond sonore, des extraits de Toto Guillaume, Nkotti François et Soul Makossa de Manu Dibango, suivi d’une intro en boucle instrumentale d’Eko Roosevelt. Kaïsa Pakito lance les hostilités avec «Mot’à mwenya», un titre emblématique de Ekambi Brillant. Il enchaîne avec «Nen lambo» de Bill Loko. La vraie histoire du Makossa se conte alors en chanson.
Celui qu’on présente à raison comme la discothèque du Makossa, revisite presque tous les grands classiques de ce rythme de la côte. Rythme qui, par sa force agissante, a traversé les frontières et dominé la musique camerounaise et africaine au début des années 80. «Dikossa la Kameroun» de Manu Dibango, Sallè John et Penda Dallè, est repris avec maestria. L’artiste a aussi puisé dans les répertoires d’Eboa Lottin, Tom Yoms, Ndedi Dibango, Guy Lobè, Petit Pays, Douleur, Richard Bona, Etienne Mbappè, Henri Dikonguè…
Sous un registre d’humoriste
Avec «Juventus», d’Axel Muna, c’est un hommage qui est rendu à tous les musiciens et chanteurs Camerounais disparus. Pakito se fait aussi découvrir sous un autre registre d’humoriste. Il singe tour à tour et autour de petites anecdotes Ben Decca, Belka Tobis, Guy Lobè Papillon et Petit Pays. De quoi arracher des fous rires dans le public. Avec le rappeur Roggy Stentor, son ami d’enfance, il interprète le titre «Ndengue», du chanteur Amio.
Charité bien ordonnée commençant par soi-même, l’artiste interprète trois de ses chansons dont la plus connue « Je suis occupé ». Le refrain est repris en chœur par le public. Pour boucler la boucle, Nono Flavy le rejoint sur la scène pour «La Bible du Makossa». Une compilation à succès qui reprend une bonne brochette des classiques de ce rythme. La réussite est totale sur le plan populaire. Beaucoup de personnes avaient émis des réserves au départ au regard du prix d’accès jugé assez élevé (20 000Fcfa). Par ailleurs, une soirée heureuse qui, hélas, est devenue lassant parce qu’elle n’en finissait pas. Débuté à 20h30, le show est allé au-delà de minuit.
Les spectateurs connaîtront une autre déception avec l’absence des guest-stars, Ben Decca et Ekambi Brillant, annoncées sur l’affiche du spectacle et pour lesquels beaucoup se sont déplacés. Un faux-bond que Pakito ne méritait pas, au vu de tout le travail qu’il abat pour ces aînés. Mais bien que déçu, l’artiste reste zen et égal à lui-même. Son talent comble ces absences, et il a le soutien du grand public, plus que jamais acquis à sa cause. Ce public attend vivement le prochain album de Pakito, déjà en gestation.
Félix EPEE