Le palais polyvalent des sports de Yaoundé est le théâtre de l’opérationnalisation de la 6ème édition du Sago 2017, dont les rencontres, conférences, expositions ont connu leur premier épisode ce 25 juillet 2017 dans la capitale métropolitaine. La thématique générique autour de laquelle s’articule la présente édition s’intitule: « Unité nationale, gestion de proximité et développement inter-régional équilibré du Cameroun ». Le Chef du projet Sago, Patrice Assiga Eyené, saisit, d’ailleurs, la balle au bond pour préciser, fort opportunément, que cette édition offre à tous les acteurs de s’approprier les problématiques contemporaines relatives à l’intégration nationale, à l’unité nationale, au vivre-ensemble » et j’ajouterais, modestement, à l’être-ensemble. L’enjeu étant, in fine, de fédérer le quadruple invariant de la socialité, de la sociabilité, de la solidarité et de l’interactivité entre les différentes catégories socioprofessionnelles issues des girons étatique, para-étatique et privé.
A la faveur de la focalisation sur le thème central du Sago 2017, la présente édition s’ouvre, sans coup férir, aux communes. Un forum des collectivités territoriales va, en effet, réunir 374 magistrats municipaux autour d’un village dédié et se déroule, comme c’était le cas ce jour, en simultané dans le village du Sago. Ce premier forum des collectivités territoriales décentralisées a pour dessein général, pour reprendre Emile Andzé Andzé, Président national des Communes et villes unies du Cameroun (Cvuc), de « mettre en scène la responsabilité des Ctd dans le processus de décentralisation au Cameroun et son incidence plurielle sur le développement local, 13 ans après la promulgation, par le Chef de l’Etat, des lois de la décentralisation de 2004« .
Le transfert des compétences
Visiblement, les objectifs spécifiques et opératoires se déclinent en six axes. Le Forum des collectivités territoriales décentralisées permet, de fil en aiguille, de : s’interroger sur les responsabilités réelles des Ctd et des autres acteurs, dont l’Etat pour la réussite du processus de décentralisation et du développement local au Cameroun; présenter et partager les savoirs-faire communaux et favorisant le partage d’expériences entre les Ctd sur des thématiques spécifiques en fonction des circonscriptions géographiques; favoriser la visibilité des Ctd dans leur diversité; impulser le développement des réseaux d’intercommunalité entre les Ctd locales; initier les actions de fund raising sur les grands projets des Ctd auprès des partenaires financier et technique; développer le « team corporate » entre les Ctd.
En surfant, dans la même veine, sur le curseur de la politique de la décentralisation, qui consacre, c’est une lapalissade, une nouvelle modalité de gestion de l’Etat à travers le transfert des compétences et des pouvoirs aux collectivités locales, Claude Bekono, Inspecteur général chargé de l’administration territoriale au Minatd (Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation), situe une finalité dualiste. D’un, le besoin de moderniser l’Etat. De deux, la quête de l’efficience et de l’efficacité de l’Etat. Prosaïquement, il s’agit, pour le représentant du Minatd, de deviser sur la socialisation des populations locales à ce que Jean-Marc Ela, de regrettée mémoire, appelle la « gouvernance par le bas« , laquelle réfère à une forme de gouvernance endogène. Ceci requiert la responsabilisation et l’autonomisation des catégories locales. Sur ces entrefaites, le gouvernement, à travers le process de la décentralisation, doit impérativement inciter les citoyens à prendre en main leur destin et à devenir des acteurs et les adjuvants du développement local. Le pôle de la gouvernance locale devient, pour ainsi dire, un objectif vital et idoine pour creuser le sillon sinueux de l’émergence, qui reste un idéal à atteindre dans les années subséquentes.
Un fossé dans la matérialisation
Mais pour l’instant, le Cameroun a opté, suivant la conceptualisation de la décentralisation technique, pour une approche pragmatique et progressive. Trois principes sous-tendent, en effet, le transfert par l’Etat des compétences aux Ctd. Il s’agit du principe de subsidiarité. A ce niveau, les compétences sont transférées et exercées au niveau de l’échelon territorial le plus approprié ou le plus proche des populations concernées. Aussi convient-il de distinguer les compétences dévolues aux régions de celles assignées aux communes sans oublier celles concernant l’Etat. Du principe de progressivité: qui veut que le transfert des compétences soit étalé dans le temps et s’effectue par paliers. Du principe de complémentarité: les compétences transférées par l’Etat n’excluant pas ce dernier de continuer à les exercer lui-même. En clair, les compétences sont exercées de façon concurrente par l’Etat, les régions et les communes.
Seulement, entre cette théorisation et la mise en route de la politique de la décentralisation, n’y a-t-il pas, 13 ans après, un fossé dans la matérialisation de ce processus dans les faits? A chacun(e) de répondre à cette question au cours des échanges qui auront lieu jusqu’au 30 juillet 2017 sur le site du Palais polyvalent des sports de Yaoundé.
Serge Aimé BIKOI