Des actions de sauvetage avaient, par le passé, été lancées dans l’optique de contribuer au règlement de certaines crises. La plus récente est celle de l’effort de guerre enclenchée au sommet de l’État, et dont le dessein est d’aider les forces de défense et les populations meurtries à cause des assauts de la secte islamiste et terroriste. Mais, il y a une action qui date, celle du coup de cœur initiée en 1994, dont la mallette s’est volatilisée entre Paris et New York.
«La mallette d’argent circule entre Paris et New-York». C’est la phrase inductrice qu’avait prononcée en 1994 Augustin Kontchou Kouomegni lors d’une conférence de presse qu’il avait donnée dans l’optique d’évaluer l’opération «Coup de cœur». Cette action avait consisté, en effet, à exprimer la solidarité et la générosité aux lions indomptables tant le Cameroun était confronté à une récession économique marquée, sur ces entrefaites, par la dévaluation du Franc Cfa et la restructuration des bureaucraties étatiques. Toute chose consécutive à l’imposition, par les institutions de Breton Woods, des Plans d’ajustement structurel au Cameroun en 1985. Plus de 200 millions de Fcfa avaient alors été collectés autant par les catégories du bas-peuples, des Camerounais moyens que par l’élite bureaucrativo-politique.

Dans une interview accordée au quotidien Cameroon tribune en 2012, onze ans après avoir gardé mutisme de 2001 à 2012, Augustin Kontchou Kouomegni avait réitéré qu’en partant du Cameroun comme envoyé spécial du chef de l’État dépêché à la rencontre des lions indomptables, ni lui, encore moins un quelconque membre de la délégation n’était porteur du moindre sous à destination de quiconque. L’ancien ministre d’État chargé de l’Information et de la Culture (Minfoc) avait expliqué: «Nous n’emportions donc ni valises, ni sacs d’argent susceptibles de disparaître ou non. Cette histoire de valises d’argent que j’aurais fait disparaître est, tout simplement, une élucubration mentale malveillante».
Quant à la déclaration à laquelle Kontchou Kouomegni avait faite allusion, le Politologue avait alors répondu à nos confrères du quotidien pro-gouvernemental que c’était une simple boutade ou une blague de sa part faite à des journalistes qui l’interrogeaient. «Je constate malheureusement que j’ai été pris au mot jusqu’aujourd’hui alors que je pensais honnêtement que les interlocuteurs saisissaient la nuance humoristique des valises d’argent voguant sans fin entre Paris et New York», avait conclu l’Agrégé de Sciences politiques.
L’effort de guerre contre Boko Haram
2,5 milliards de Fcfa, c’est le montant de l’enveloppe communiqué en avril 2015 par René Emmanuel Sadi, alors ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd). C’était dans le cadre de l’effort de guerre contre la secte islamiste et terroriste qui sévit dans la région de l’Extrême- Nord. L’ancien Minatd s’exprimait au terme d’une session du comité interministériel ad hoc de gestion des dons destinés aux populations et aux forces de défense et de sécurité. Le président du comité interministériel avait alors informé l’opinion publique nationale et internationale que le chef de l’État avait débloqué 160 millions de Fcfa. Dans cette enveloppe de 2,5 milliards de Fcfa, 1,5 milliards de Fcfa était destiné aux forces de défense et de sécurité alors qu’un milliard était consacré aux populations locales victimes des exactions du mouvement djihadiste.
En dehors de ce pactole, des Camerounais issus des catégories socioprofessionnelles hétérogènes avaient fait des tonnes de dons en nature à l’armée camerounaise et aux civils de cette partie du pays, dont l’acheminement aux destinataires, de l’aveu de R.E. Sadi, avait connu des problèmes de logistique. Rappelons que le comité interministériel ad hoc de gestion des dons destinés aux populations et aux forces de défense et de sécurité avait été mis sur pieds par Paul Biya en avril 2015 en vue de la supervision, de la collecte et de la centralisation des dons reçus des populations, des pays étrangers, ainsi que des organisations humanitaires du pays et d’ailleurs.
Serge Aimé BIKOI