Alors que le Cameroun était l’un des plus prospères d’Afrique en 1982, il est aujourd’hui pauvre et très endetté. Le président de la République, lui, continue de noyer les Camerounais dans des promesses sans lendemain.
Cavaye Yeguie Djibril a lui-même lâché le morceau. A l’ouverture de la cérémonie de prestation de serment de Paul Biya, le président de l’Assemblée nationale a, dans son discours de circonstance, indiqué que la prospérité économique tarde à venir. C’est la déclaration forte qu’on peut retenir et qui illustre de fort belle manière la situation économique du Cameroun. Et comme s’ils s’étaient passés le mot, Paul Biya qui inaugure un 7ème septennat de suite, a lui-même reconnu qu’« il faut avoir le courage de le reconnaître, les conditions de vie d’une partie de notre population sont très difficiles, particulièrement dans les zones rurales et à la périphérie des centres urbains. Ce sont pour la plupart des petits paysans, des chômeurs, des jeunes qui n’ont pu trouver d’emploi, des retraités ou des personnes âgées sans ressources.» Tableau sombre qui témoigne de la grande tâche qui attend Paul Biya sur le plan social. Ce secteur peut rapidement se muer en une bombe et les dirigeants, on se plaît à le penser, en sont très conscients.
Logements sociaux
La prospérité qui va avec le bien-être, une majorité des Camerounais n’en sait rien. Les grandes réalisations du septennat passé, les grandes ambitions qui ont précédées, si cela ne rejailli pas sur le niveau et la manière de vivre des citoyens, à quoi bon ? La relance de la croissance économique est la solution, telle que présentée par Paul Biya pour régler les différents problèmes sociaux. La question est de savoir quelles sont les différentes mesures sui seront mises en place dans un environnement où les Camerounais sont plus que jamais égoïstes, tournant le dos à l’intérêt général ? C’est la difficulté. Le candidat nouvellement élu a fait une incursion au niveau des logements sociaux en déclarant : « L’habitat demeure la priorité de notre action. Le programme de construction de 10.000 logements sociaux sera réactivé, en concertation avec le secteur privé et les autres partenaires nationaux et internationaux.» Le chiffre est intéressant mais le Cameroun a accumulé au cours des années du retard dans le secteur que cela ressemble à un grain de sable dans la mer.
Perturbations dans la zone anglophone
En rappel, l’économie camerounaise, la plus forte et la plus diversifiée de la Cemac, a longtemps été résiliente aux chocs, mais montre ses premiers signes de ralentissement. Malgré une conjoncture internationale peu favorable, la croissance de son Pib a été régulière depuis 2010, avec une moyenne de 5,8 % de 2013 à 2015, avant de chuter à 4,7 % en 2016. Les nouveaux investissements dans l’exploration ou la production de pétrole et de gaz sont reportés en raison de la faible remontée des cours, entraînant une contraction des activités extractives. Par ailleurs, la récession économique au Nigeria, la crise qui s’accentue dans la Cemac, et les perturbations dans la zone anglophone du pays ont eu un impact négatif sur la demande intérieure et extérieure.
Cette morosité devrait faire baisser le taux de croissance à 3,4 % en 2017. Les perspectives restent toutefois plutôt positives pour 2018 et 2019, avec des taux respectifs de 4,1 % et 4,8 %, causés par une augmentation des exportations vers l’Union européenne suite à l’Accord de partenariat économique (Ape) et de l’offre accrue d’énergie résultant de la mise en production de nouveaux barrages hydroélectriques. Le développement de la sylviculture et de chaînes de valeurs agro-industrielles ainsi que la réduction des importations au profit de la production locale devraient également dynamiser la croissance. Lire aussi :Paul Biya : « Je demande au peuple camerounais dont je connais le patriotisme, de m’aider à continuer dans la paix »
Daniel NDING