Le vaccin à l’école. Le gouvernement ne cesse de vanter les bienfaits de cette action depuis des années, et il ne se passe une année scolaire sans que les élèves des classes maternelles et primaires ne reçoivent des doses, parfois plus de trois fois dans la même année. Bien entendu cela est présenté comme les marques d’attention du gouvernement envers sa jeune population, ou un cadeau du renouveau pour les élèves qui constituent l’avenir de demain. Mais au fil des années, la fréquence de ces vaccins avaient déjà poussé certains parents à se poser la question de l’opportunité de ces substances médicales, au point de donner un interdit aux différents chefs d’établissements scolaires concernant leurs enfants.
Les parents fondaient leurs raisonnements sur le fait qu’un ensemble de vaccins est déjà exigé à l’inscription de l’enfant à l’école pour la première fois, et le coût de ces vaccins avoisinent parfois 50 000 francs cfa ou plus, payés par les géniteurs. Si tant est que l’Etat est soucieux de la santé des enfants en bas âge, ajouté au fait que leur scolarisation est supposée être obligatoire et gratuite, pourquoi ces premiers vaccins à l’entrée de l’école ne sont pas gratuits, pour soulager les parents de certaines charges ?
Suspicion renforcée
Ces questionnements et doutes n’ont pas encore été levés dans les têtes des parents, que la suspicion vient davantage d’être éveillée par une note de la délégation du Ministère de l’Education de base pour le Littoral signée le 20 mars 2019. Madame Kombou née Mpessa Yvette, délégué régionale de ce ministère pour le Littoral, informe tous les responsables de son ministère dans la région que le ministère de la Santé organise du 29 au 31 mars 2019 des journées nationales de vaccination. Elle invite ainsi les chefs d’établissements primaires publics et privés à prendre toute les dispositions utiles pour faciliter l’accès aux équipes médicales surtout le 29 mars date de départ en congés, afin « de vacciner effectivement et gratuitement tous les enfants âgés de 0 à 5 ans constituant la cible pour le vaccin polio oral .»
Madame Kombou née Mpessa Yvette précise surtout en nota bene aux responsables de l’Education de Base du Littoral: « Vous devrez éviter de requérir l’avis des parents pour ce faire », et demande aux Secrétaires à l’éducation et inspecteurs d’arrondissement de l’éducation de base d’intervenir en temps réel en cas de refus de vacciner dans les écoles de leurs organisations et circonscriptions pédagogiques respectives.
Déni du droit des parents et enfants
En noir et blanc, le délégué demande ainsi que l’on évite de demander l’avis des parents pour donner une substance qu’ils ne connaissent pas à leurs enfants. De gré ou de force le vaccin devra être administré. Une attitude qui peut être interprétée et comprise de trois manières au moins.
D’abord, que Madame la délégué régional de l’éducation de base sous-entend que les parents sont immatures, illettrés, incapables de comprendre le bien-fondé d’une vaccination, et donc dans ce cas, il ne sert à rien de requérir leur avis parce qu’il ne compte pas. Ensuite la note est en train de dire aux parents que l’Etat peut se passer d’eux et agir sur leurs progénitures, âgé de moins de 5 ans en plus. Pourtant, même à l’âge de 17 ans 11 mois, l’enfant reste sous la responsabilité de ses parents sur le plan pénal. Sur le plan civil également, si l’enfant veut se marier à cet âge il doit requérir l’avis de ses parents, et l’officier d’état civil ne peut légalement signer l’acte de mariage sans cet avis.
Au-delà des textes nationaux, les droits de l’enfant sont garantis par la Convention internationale relative aux droits de l’enfant adoptée en 1989 par l’Assemblée nationale des Nations Unis. L’article 3.2 de cette convention indique que les Etats parties s’engagent à assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être, compte tenu des droits et des devoirs de ses parents, de ses tuteurs ou des autres personnes légalement responsables de lui, et ils prennent à cette fin toutes les mesures législatives et administratives appropriées. L’article 24. C. engage également les Etats membres à « lutter contre la maladie et la malnutrition, y compris dans le cadre de soins de santé primaires, grâce notamment à l’utilisation de techniques aisément disponibles et à la fourniture d’aliments nutritifs et d’eau potable, compte tenu des dangers et des risques de pollution du milieu naturel. »
Construction officielle
L’explication officielle souvent avancée pour ce vaccin que l’Etat veut faire passer en force, au mépris de l’avis des parents, c’est qu’il devient de fois impératif de faire une ceinture sanitaire quand il y a risque de contamination venant d’une région donnée. Sauf que la poliomyélite est causée par le poliovirus sauvage (PVS) qui pénètre dans l’organisme par la bouche, à travers l’eau ou les aliments qui ont été contaminés par les matières fécales d’un sujet infecté. Le vaccin dans ce cas, quoique nécessaire est loin d’être une solution ultime, et d’après l’Organisation mondiale de la santé, seul la maîtrise de l’eau consommée par les populations permettra une véritable éradication de la polio. Le gouvernement devrait donc dans sa logique de prévention de cette maladie, songer à alimenter les populations en eau potable, même de force, au lieu de toujours apporter des solutions de surface, qui consistent à soigner les effets au lieu de s’attaquer à la cause.
Roland TSAPI